TORONTO — Craig Berube n’a pas mâché ses mots.
Il n’était simplement pas prêt à révéler publiquement quels mots précis il a utilisés pour passer un savon à ses troupiers, après ce qui a peut-être été les pires 40 premières minutes d’un match de hockey livrées par les Maple Leafs de Toronto depuis belle lurette.
Disons simplement que ses commentaires adressés aux joueurs pendant le deuxième entracte n’étaient pas destinés à toutes les oreilles.
« Oui, Chief est entré dans le vestiaire et il a dit quelques mots », a confirmé le gardien Anthony Stolarz après l’improbable remontée victorieuse des Maple Leafs, qui ont vaincu les Penguins de Pittsburgh 4-3 lundi. « Vous pouvez utiliser votre imagination pour essayer de deviner. »
À cet égard, il est facile de comprendre la réaction de l’entraîneur, qui était furieux. Il avait toutes les raisons de l’être.
Certes, les Maple Leafs ont arraché une victoire aux Penguins, comblant un retard de trois buts en enfilant quatre filets en l’espace de 10:12 en troisième période, de quoi donner de l’énergie à une foule du Scotiabank Arena qui s’était faite bien discrète lors des deux premiers engagements.
Mais même la satisfaction d’être parvenu à glaner deux points dans un tel match n’a pas fait diminuer la déception de Berube.
Il n’arrivait pas à cacher sa frustration en point de presse après le match. Alors que les médias avaient cessé de lui poser des questions et que la conférence se terminait, Berube a livré une dernière observation avant de quitter la pièce.
« Il faut que ce soit mieux, a-t-il lancé. C’est aussi simple que ça. »
Il n’a pas tort.
Berube sait trop bien qu’après 13 parties de cette jeune saison, son équipe n’a pas encore joué 60 bonnes minutes de hockey. Cela dit, la fiche de 7-5-1 des Maple Leafs et leurs 15 points ne sont pas vilains dans les circonstances. Mais on ne peut que constater que cette équipe manque cruellement de constance.
Le match de lundi était un exemple parfait.
Après un gain de 5-2 contre les Flyers à Philadelphie samedi, Berube s’attendait à ce que les Maple Leafs quittent les blocs de départ en force et surfent sur le momentum de l’une de leurs meilleures performances de la saison.
Ç’a été tout sauf ça.
Au premier entracte, les Maple Leafs tiraient de l’arrière 2-0 sur la feuille de pointage et 8-5 au chapitre des tirs.
Le pire était toutefois à venir.
Au deuxième tiers, les Penguins ont pris une avance de 3-0 et ils ont dominé les Maple Leafs 17-3 dans la colonne des lancers. Les partisans n’ont même pas hué leurs favoris au son de la sirène, probablement encore sous le choc de ce à quoi ils venaient d’assister.
Les joueurs l’étaient aussi. Demandez-le au défenseur de Toronto Morgan Rielly, qui était d’accord pour dire qu’il s’agissait de la pire période jouée par cette équipe depuis longtemps.
« Oui, je pense que ce l’était, en termes de gestion de la rondelle, d’exécution, de créer des jeux et de jouer avec vitesse », a-t-il mentionné à LNH.com. « Il n’y avait rien de tout ça. »
Ses coéquipiers abondaient dans le même sens.
L’attaquant William Nylander a qualifié les deux premières périodes « d’épouvantables » et « inacceptables. » Le capitaine Auston Matthews a affirmé que l’exécution « n’était tout simplement pas bonne. » Stolarz a souligné que « ce n’était pas à la hauteur de nos standards. »
Qu’est-ce qui a changé au début de la troisième période, dans un match où l’équipe locale n’avait que huit lancers après 40 minutes de jeu?
« Nous devions nous réveiller et mettre la pédale au plancher au troisième engagement, a dit Stolarz. Et nous l’avons fait. »
Au chapitre tactique, les Maple Leafs sont revenus à ce que Berube prône depuis plus d’un an : un style de jeu nord-sud robuste avec un échec-avant soutenu, plutôt que de faire dans la dentelle.
« Nous avions eu de la difficulté à trouver notre identité au cours des cinq ou six matchs avant celui de Philadelphie, a noté Rielly. Nous devions nous mettre au travail. Et nous l’avons fait en troisième période.
« Cela dit, il faut quand même garder en tête la façon dont nous nous sommes placés dans cette situation. »
En effet, tirer de l’arrière par trois buts n’est habituellement pas une recette gagnante.
Mais cette remontée était tout sauf habituelle.
Matthews a lancé le bal en marquant à 3:31 de la troisième période pour démarrer une séquence de trois buts en 3:21 lors de laquelle Nylander a réussi un doublé.
L’ailier Bobby McMann a ensuite fait la différence en marquant le filet vainqueur avec 6:17 à jouer.
Dans ces circonstances, on aurait pu s’attendre à ce que l’entraîneur souligne les 20 dernières minutes intenses de son équipe pour s’assurer de la victoire. Mais Berube ne pouvait que hausser les épaules quand on lui a demandé pourquoi ses troupiers avaient été incapables de fournir un effort de 60 minutes.
« Je n’en ai aucune espèce d’idée, a dit Berube. Je n’ai aucune réponse à cette question en ce moment. »
À eux seuls, ces mots en disent long sur ce que l’entraîneur pense de l'état de son équipe.




















