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À l'approche de la date limite des transactions, le statut des Canadiens de Montréal se précise. Le directeur général Marc Bergevin sera, pour la première fois de son règne à la tête de l'organisation, du groupe des vendeurs. Reste à voir quelle route il prendra. Entre les jeunes qui montent, la possibilité d'un rang élevé au repêchage et la nécessité de relancer le club dès l'an prochain, les décisions s'annoncent intéressantes.

Un ménage nécessaire, une mauvaise habitude à éviter
Bergevin va certainement se débarrasser de certains vétérans en fin de contrat. Sans préjuger de la qualité de leur apport au club, le fait est que Tomas Fleischmann et Dale Weise seront plus utiles à des formations désireuses de prolonger leur saison printanière.
Parce qu'ils recueillent tous deux un salaire plus que raisonnable et que le trois quarts de celui-ci est déjà payé, on peut s'attendre à ce qu'ils contribuent à garnir la banque de choix du club.
Le marché montréalais est particulier. Manquer les séries est en soi un échec cuisant qui a, par le passé, signé l'arrêt de mort de nombreux DG. Bergevin, s'il jouit d'une certaine sécurité grâce à un contrat
le liant au club jusqu'en 2022
, ne peut regarder le train passer encore et encore. Vu les rentrées d'argent imposantes générées par une participation au tournoi printanier, il suffirait d'un autre rendez-vous manqué pour que son poste soit sérieusement en danger.
Outre le fait de garder son poste, un deuxième élément s'impose à Bergevin. Il est entendu que, dans la LNH actuelle, les joueurs connaissent généralement leurs meilleures saisons entre l'âge de 23 et 29 ans, la plupart connaissant par la suite un lent déclin. Cette réalité se reflète d'ailleurs dans la structure des contrats à long terme signés par les joueurs vedettes; c'est avant l'âge de 30 ans que les salaires annuels sont à leur maximum.
Max Pacioretty (27 ans), Carey Price (28 ans) et P.K. Subban (26 ans) sont tous dans la fleur de l'âge. Lorsqu'on entend Bergevin dire qu'il ne veut pas sacrifier l'avenir, on doit donc prendre la chose avec un grain de sel. Deux de ses trois joueurs d'élite vont bientôt amorcer un lent déclin. Ça ne veut pas dire que Pacioretty et Price deviendront inutiles ou même moyens du jour au lendemain, mais le temps passe.
Les deux prochaines saisons sont probablement les deux dernières au cours desquelles le club peut être bâti autour d'eux et Subban. Après, de nouveaux leaders devront émerger autour du défenseur étoile du club.
La question est donc de savoir : jusqu'où doit-on poursuivre le ménage?
Les deux noyaux
On lit ces jours-ci que
des joueurs comme Alex Galchenyuk et Lars Eller sont disponibles
, des rumeurs pour le moins surprenantes. Eller fait partie de ces joueurs de soutien de luxe qui compose tout bon club : capable de jouer au centre comme à l'aile, plus à l'aise au centre d'un troisième trio défensif, mais capable de tenir le coup sans problèmes dans le top-6, on n'a pas, présentement comme dans un avenir rapproché, de remplaçant sous la main.
Quant à Galchenyuk, lui aussi à l'aise à l'aile comme au centre, il est désormais bien installé dans le top-6 du club. Dans les deux cas, on parle de joueurs qui seront, pour l'an prochain du moins, dans le meilleur de leur carrière, avec des salaires plus que raisonnables.
Ce genre de joueur bouge si on peut gagner quelque chose d'utile pour le club. Surtout, ce genre de joueur bouge si on a, à l'interne, des solutions de rechange. Ça n'est pas le cas ici. Lorsqu'on lit ce genre de rumeurs, on doit garder à l'esprit que des concurrents, conscients de la crise que traverse Bergevin, cherchent à profiter d'un possible mouvement de panique.
Si, de l'extérieur, on cherche à comprendre ce qui se trame à l'intérieur, on doit assumer que Bergevin va chercher à renforcer un de ses deux noyaux de joueurs : soit son groupe de meneurs aujourd'hui dans la force de l'âge, soit celui de la prochaine génération, dont Galchenyuk et Gallagher sont les principaux représentants.
On en revient donc à nos vétérans qui peuvent être utiles à des clubs qui pensent pouvoir aller loin en séries. On a vu cette saison des joueurs pousser des mineures et s'installer dans le grand club : Mark Barberio, Sven Andrighetto et Daniel Carr sont les principaux exemples, mais on doit aussi souligner l'apport récent de Lucas Lessio et Jacob de la Rose.
Au jeu des spéculations, c'est, me semble-t-il, autour de ces cinq joueurs qu'on doit chercher les possibles qui s'offrent présentement à Marc Bergevin. Si le scénario le plus plausible reste le simple départ de Fleischmann et Weise, deux autres possibilités existent selon moi.
Premièrement, il est possible que ces joueurs en aient poussé d'autres vers la sortie. Je pense ici à Greg Pateryn et Devante Smith-Pelly, deux jeunes qui ont peine à obtenir du temps de glace. Je pense aussi à des vétérans comme Torrey Mitchell et Brian Flynn, extrêmement utiles, mais qui approchent ou dépassent le cap de la trentaine. On parlerait alors d'échanges mineurs, susceptibles de rajeunir le club en apportant quelques choix de plus à la banque du club, qui donneraient surtout toute la place à cette nouvelle génération de joueurs.
Ou, inversement, vu le rôle somme toute marginal des joueurs cités, peut-être Bergevin va-t-il décider d'utiliser ces jeunes qui percent pour aller chercher un joueur plus établi, plus performant, mais aussi plus coûteux. Si le DG arrache un bon ailier dans la force de l'âge à un club en reconstruction, il est peu probable qu'il y arrive sans se départir de jeunes comme Andrighetto ou Carr.
On va aussi lire des rumeurs concernant des vétérans plus établis, aux contrats coûteux et à long terme. Je pense à Tomas Plekanec, David Desharnais, Andrei Markov ou encore Alexei Emelin. Je suppose que tout est possible, mais vu les salaires impliqués, la possibilité bien réelle d'un plafond salarial stagnant rend tout ça bien difficile en saison. Ajoutons que, de ce groupe vieillissant, seul Desharnais (sur la touche pour cause de fracture au pied) ne possède pas une quelconque forme de clause de non-échange.
On a fait, au fil des ans, de la date limite des transactions un événement hautement suivi. Marc Bergevin, lorsqu'il était des acheteurs, a connu sa part de transactions spectaculaires à cette période de l'année. Mais cette saison, il semble plutôt que les Canadiens sont appelés à jouer un rôle bien plus effacé.