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ST. LOUIS - Pat Maroon a baissé les yeux vers la rondelle qui se trouvait à quelques pouces de la ligne des buts. C'est tout ce qui le séparait de la réalisation de son rêve d'enfance. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de terminer le travail et profiter d'un moment qui se préparait depuis toujours.

En un instant, une pensée a envahi son esprit.
« Assure-toi d'envoyer cette satanée] rondelle dans le but, a raconté l'ailier des Blues de St. Louis. Si je rate ce tir, je me retrouve dans le rôle inverse. Je suis la cible des huées plutôt que d'être le héros. »
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Il a envoyé la rondelle dans le filet et est devenu un héros. Pour sa famille. Pour les Blues. Pour la ville où il a grandi.
« Je le voulais tellement ce but, a admis Maroon. C'est le but le plus important de ma vie. »

DAL@STL, #7: Maroon joue les héros pour les Blues

Ce but de Maroon à 5:50 de la deuxième période de prolongation a mis un terme à la série, et à un gain de 2-1 contre les Stars de Dallas dans le match no 7 de la deuxième ronde de l'Association de l'Ouest au Enterprise Center mardi. Les Blues avancent ainsi en finale de l'Ouest, où ils vont se frotter au gagnant de la série entre les Sharks de San Jose et l'Avalanche du Colorado, qui est égale 3-3.
Que les Blues aient atteint le carré d'as de la LNH représente une histoire remarquable, eux qui occupaient le 31e et dernier rang de la ligue le 3 janvier. Leur retour en force s'est poursuivi de plus belle grâce à une soirée mémorable que les partisans de l'équipe n'oublieront pas de sitôt.
Ça n'a toutefois pas été facile.
Les Blues ont dominé la majorité de la rencontre, sans pouvoir s'imposer sur la feuille de pointage. Le défenseur de St. Louis Vince Dunn et l'ailier de Dallas Mats Zuccarello ont marqué en première période pour provoquer une égalité de 1-1 après 20 minutes de jeu.
C'est alors que les Blues sont passés en deuxième vitesse.
St. Louis a eu le dessus sur Dallas 31-4 dans la colonne des lancers au cours des deux périodes suivantes, mais les joueurs des Blues ont vu le gardien des Stars Ben Bishop repousser toutes les rondelles qu'ils ont envoyées en sa direction. Les Blues détenaient un avantage de 52-27 au chapitre des tirs après la première période de prolongation, mais le match demeurait néanmoins égal 1-1.

DAL@STL, #7: Bishop vole Edmundson en prolongation

Maroon avait déjà été témoin de performances spectaculaires de la sorte de la part de Bishop auparavant. Bishop, comme Maroon, a grandi dans la région de St. Louis. Ils jouent au golf ensemble pendant l'été.
« Il a été leur meilleur joueur, a reconnu Maroon. C'est pourquoi il est finaliste pour le trophée Vézina, et pourquoi il fait partie de l'élite des gardiens de cette ligue. Il va simplement continuer à dominer de la sorte. »
Mais ce soir-là, Maroon a eu le dessus sur son ami.
Le centre des Blues Tyler Bozak a remporté une mise en jeu en territoire des Stars tôt en deuxième période de prolongation. La rondelle s'est retrouvée sur le bâton de l'attaquant Robert Thomas, qui a effectué une belle manœuvre avant de décocher un tir qui a abouti sur le poteau, et le disque a touché l'arrière de la tête de Bishop avant de retomber dans son demi-cercle.
Maroon, qui fonçait au filet, a atteint la rondelle le premier. Fin de la partie. Fin de la série.
Alors que la foule réunie au Enterprise Center a rugi et que ses coéquipiers se sont précipités vers lui, Maroon a regardé vers les estrades afin de tenter d'y repérer son fils de 10 ans, Anthony.
« Il pleurait, a indiqué Maroon. Je l'ai vu, et j'ai pointé vers lui.
« Je suis fier. Je suis fier d'être de St. Louis et je suis fier de porter ce chandail chaque soir, tout comme je suis fier de travailler fort devant ces partisans et ces coéquipiers qui méritent d'être ici, qui évoluent ici depuis longtemps et qui ne veulent rien de plus que de gagner.
« Nous venons de franchir la deuxième ronde, et nous nous dirigeons vers la troisième. Nous devrons jouer de la même manière, c'est-à-dire sans donner le temps à nos adversaires le temps de souffler, jouer du hockey physique, ne jamais abandonner et continuer de la sorte. Si nous faisons ça, nous connaîtrons du succès. »
Alors que Maroon revenait sur son moment de gloire dans un vestiaire où les joueurs célébraient leur triomphe, Anthony est arrivé en courant et a serré son père dans ses bras. Ils ont tous deux laissé couler quelques larmes.

« Je lui ai enseigné une chose ou deux, a affirmé Anthony. Je suis tellement fier de lui. »

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Il n'était pas le seul. Dans la salle réservée aux familles, la mère de Pat, Patti pleurait.
« Je n'ai pas vu la rondelle pénétrer dans le filet, a-t-elle expliqué. Les gens me disaient : "Ton fils a marqué, ton fils a marqué". »
Patti a sorti une carte de prière pour Saint-Antoine.
« C'est mon porte-bonheur, a-t-elle dit. Je l'avais glissé dans mon chandail pendant une partie de la soirée. Et ç'a fonctionné.

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« J'ai choisi le nom de Patrick en fonction du mien. Il a toujours rêvé de cette journée lorsqu'il était enfant. Et aujourd'hui, il vit ce rêve. »
Maroon a affirmé que cette soirée allait demeurer à jamais un chapitre surréel de sa vie.
« Ça signifie tellement pour moi, a admis Maroon. Quand nous sommes enfants, nous jouons au hockey dans la rue et dans le sous-sol avec nos frères en rêvant de moments comme ceux-là. De marquer un but comme celui-là, c'est quelque chose que je n'oublierai jamais. Ma fiancée, mon fils, mes parents, mon frère, ma sœur, mon oncle, mes cousins, tout le monde, ils ne vont jamais oublier ce moment, et moi non plus. »
Ce sera aussi le cas de tous les habitants de sa ville natale.