Lapointe main art

MONTRÉAL - Guy Lapointe aurait adoré pouvoir célébrer son 72e anniversaire attablé devant un bon steak, mercredi. Mais l'ancien défenseur, qui a été admis au Temple de la renommée du hockey, affirme qu'il serait heureux de se contenter d'un bol de soupe.

Il y a 18 jours, Lapointe a terminé un traitement intensif de cinq semaines pour un cancer situé sous sa langue, qui a été diagnostiqué à la mi-décembre. Pendant sept semaines à compter de la mi-janvier, il a effectué 35 séances de radiothérapie avec trois séances de chimiothérapie réparties au début, au milieu et à la fin des séances de radiothérapie.
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« J'ai perdu 30 livres, je suis descendu à environ 225 livres. J'avais besoin de perdre du poids, mais je trouve qu'il y a des façons plus faciles de le faire », a lancé Lapointe, mercredi, conservant son légendaire sens de l'humour intact, même si son rire n'était pas aussi fort qu'à l'habitude.
« Pointu » était un membre du célèbre Big Three des Canadiens durant les années 70 avec Serge Savard et Larry Robinson. Lapointe était un pilier à la ligne bleue, un bon porteur de rondelle avec de si bonnes mains que l'entraîneur Scotty Bowman le déployait parfois comme attaquant sur le jeu de puissance de Montréal.

lapointe savard robinson

Lapointe a gagné la Coupe Stanley six fois avec Montréal et il s'est retrouvé à six reprises dans le top-5 du scrutin pour l'obtention du trophée Norris, remis au meilleur défenseur de la LNH. Il était deuxième derrière le légendaire Bobby Orr, des Bruins de Boston, en 1972-73.
Sa carrière de 884 matchs de saison régulière et 123 rencontres des séries éliminatoires de la Coupe Stanley s'est étendue de 1968-69 à 1983-84, alors qu'il a joué ses 777 premières parties de saison régulière et ses 112 premiers matchs de séries avec les Canadiens. Il a conclu sa carrière en jouant avec les Blues de St. Louis (62 matchs) et les Bruins de Boston (45). Son numéro 5 a été retiré par les Canadiens, le 8 novembre 2014, rejoignant le numéro 18 de Savard et le 19 de Robinson.
Il a également été un pilier à la ligne bleue du Canada lors de la Série du siècle 1972, une série de huit rencontres entre une équipe d'étoiles de la LNH et les meilleurs joueurs de l'Union soviétique.
Lapointe a versé quelques larmes au Centre Bell lorsque l'on a retiré son chandail en 2014 et il a fait de même lors des dernières semaines. Il était accompagné de son épouse, Louise, lorsque les Canadiens l'ont honoré, et celle-ci était toujours à son chevet lors de ses traitements pour le cancer.
« Louise est une femme formidable, a-t-il dit. J'ai été frustré par ce cancer parce que je n'étais pas capable de faire ce que je voulais, mais elle a été très patiente. Elle est extraordinaire. Quand nous en aurons terminé, Louise pourra dire qu'elle est une infirmière sans même avoir un diplôme. »

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Lapointe a expliqué s'être souvent senti comme s'il se gargarisait avec des lames de rasoir, « et même quand j'avale, c'est comme s'il y avait des couteaux dans ma gorge. C'est ce qui a été le plus difficile, mais ça s'améliore tranquillement. »
Il dit avoir mangé son dernier repas solide il y a environ cinq semaines. Il est nourri à l'aide d'un tube, mais il dit pouvoir boire de l'eau, « ce qui est positif.
« Je n'ai aucune idée quand je pourrai recommencer à manger, a-t-il indiqué. Tout le monde est différent. Ce serait plaisant de manger de la soupe pour ma fête. Je verrai si je peux l'avaler. L'autre jour, j'ai essayé de manger de la soupe poulet et nouilles, mais deux petites nouilles sont restées prises dans ma gorge pendant environ trois heures.
« Vous ne pouvez pas savoir à quel point un steak me ferait du bien », a-t-il ajouté, riant de nouveau, salivant presque à l'idée de ce repas. « Mais je pense que je suis encore loin de ça. J'ai hâte de pouvoir manger à nouveau, histoire de prendre un peu de poids et de force. »
Pour le moment, il doit composer avec les effets secondaires de la chimiothérapie et de la radiothérapie.
« Parfois, j'ai des nausées, je me sens malade et je ne parle pas autant que je le voudrais parce que ma voix est trop enrouée, a-t-il raconté. J'ai des cloques sur ma langue, et quand je parle, ça fait mal parce que ça frotte contre ma joue. »

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Avec un système immunitaire faible et la menace bien réelle de contracter le coronavirus, Lapointe dit sortir de la maison juste assez longtemps pour faire le tour de son terrain et prendre un peu d'air frais. Il a un rendez-vous de suivi avec un médecin prévu vendredi, mais il pense que ça pourrait être reporté en raison de la COVID-19 et de sa santé fragile.
L'un des plus grands joueurs de tours dans l'histoire de la LNH, Lapointe n'a pas voulu dire s'il prévoit quelque chose pour ses médecins lorsqu'il aura repris toute sa vigueur. Pour le moment, comme toujours, il voit le verre à moitié plein.
« J'ai parfois l'impression que je suis dans un combat de poids lourds, mais qu'ils sont trois contre moi, a imagé Lapointe. Ce n'est pas juste, mais je peux vous dire ceci : je ne vais pas me laisser battre. »