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C'était au repêchage de la Ligue nationale de hockey en 2017. Dans la foule, on aurait pu croire qu'Ash et Mandy Phillips étaient en fait Rino et Katja Hischier.
Lorsque le directeur général des Devils du New Jersey Ray Shero a annoncé que Nico Hischier devenait le tout premier choix, les caméras se sont tournées vers l'endroit dans les estrades du United Center où on pouvait entendre les plus fortes célébrations. Des célébrations si enjouées que la seule explication logique était qu'il s'agissait de la famille du jeune joueur originaire de la Suisse.
Pas tout à fait.

« On a bondi de nos sièges et on a explosé de joie, si bien que tout le monde pensait qu'on était ses parents, a expliqué Ash. Les caméras ont zoomé sur nous et nos cellulaires ne dérougissaient pas de gens qui nous écrivaient pour nous dire que nous étions à la télévision.
« On était tellement excités, s'est rappelé Mandy. Je ne contrôlais plus mes émotions et, même si ce n'était pas mon propre fils qui était repêché, je me suis mise à pleurer. Je n'imagine même pas comment a dû se sentir sa propre famille. »
La vraie famille - les parents Rino et Katja, sa sœur Nina et son frère Luca - était assise en coulisses avec Nico lorsque l'annonce a été effectuée.
Ash et Mandy n'ont pas de lien de parenté avec Hischier, mais on ne s'en douterait jamais lorsqu'on les voit ensemble. Pour Nico, les Phillips sont sa deuxième famille. Pendant 10 mois, Ash et Mandy, ainsi que leur fils Ethan et leur fille Megan, ont été la famille d'accueil de Hischier durant la saison 2016-2017 de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, sa première campagne en Amérique du Nord.
Étonnamment, il y a de fortes chances que les Phillips ressentent la même dose d'émotion cet été, lors du repêchage le 22 juin à Dallas, puisqu'ils sont maintenant la famille d'accueil d'un autre espoir qui pourrait être sélectionné parmi les cinq premiers joueurs, Filip Zadina.
En Amérique du Nord, les familles d'accueil offrent la pension aux joueurs qui laissent tout derrière pour évoluer parmi les meilleures équipes au pays, et dans le cas de Hischier, d'un autre continent.
« Ils ont toujours été là quand j'avais besoin de quelque chose, a indiqué le joueur de 19 ans. Ils sont des personnes extraordinaires. »
Ash et Mandy, qui sont mariés depuis 21 ans, ont offert la pension à des joueurs des Mooseheads d'Halifax depuis 2012-2013. Durant cette période, ils ont été en mesure d'encadrer quatre joueurs : Brian Lovell (Châteauguay, Québec); Philippe Gadoury (Greenfield Park, Québec); Hischier et finalement Zadina, la toute nouvelle vedette à Halifax. Il s'agit de la première saison en Amérique du Nord pour l'ailier tchèque.
Âgés de 48 et 49 ans respectivement, Mandy et Ash sont des partisans des Mooseheads depuis 20 ans et n'ont raté qu'une poignée de matchs depuis qu'ils ont déménagé de Calgary à la Nouvelle-Écosse il y a sept ans. Ash, de Dartmouth, Nouvelle-Écosse, travaille comme gestionnaire de portefeuille dans une entreprise d'immobilier industriel. Mandy, qui est née à Wales, travaille à temps partiel comme gardienne d'enfants dans un centre de mise en forme.
Ethan, 16 ans, réside pendant l'année scolaire dans le Connecticut, où il est inscrit à l'école South Kent. Il est l'un des meilleurs joueurs de l'équipe de hockey de l'institution et a accepté une offre de l'Université Quinnipac pour la saison 2020-2021. Meghan, 19 ans, est une étudiante de deuxième année à l'Université Acadia, située à Wolfville en Nouvelle-Écosse, où elle suit une formation en administration.
C'est afin de donner un bon modèle à Ethan, qui avait alors 10 ans et qui avait l'ambition d'aller loin dans le hockey, que les Phillips ont décidé de devenir une famille d'accueil. Le garçon ne se doutait pas alors qu'il échangerait un jour des textos avec deux des meilleurs espoirs de la LNH.
« Pour moi, ils sont comme des fils, encore plus depuis qu'Ethan est parti aux États-Unis pour l'école », dit Mandy. « Peut-être qu'un jour Ethan sera lui aussi dans une famille de pension et j'espère qu'il sera aussi bien traité et intégré aux activités de la famille. Nous adorons ça. Ça ajoute un pan complet à notre vie et en les hébergeant, ça rend les matchs d'Halifax beaucoup plus excitants parce que nous avons l'impression que ce sont des membres de la famille qui sont sur la glace. »
« Ils feraient n'importe quoi pour moi. Ce sont les meilleurs », sourit Zadina.
Se retrouver dans la bonne famille d'accueil est une étape très importante pour un joueur européen qui désire amorcer sa carrière en Amérique du Nord. Ce processus s'est fait sans anicroche pour Hischier et Zadina grâce à Ash et Mandy. Mais les Phillips ne sont qu'une des 28 familles d'accueil chez les Mooseheads, incluant celles qui agiront en renfort si quelque chose ne fonctionnait pas dans une autre pension. Avec 60 équipes à travers la Ligue de hockey junior majeur du Québec, la Ligue de hockey de l'Ontario et la Ligue de hockey de l'Ouest, le nombre de familles d'accueil se compte en plusieurs centaines.
« Oui, tu as des amis dans l'équipe ainsi que les entraîneurs, mais quand tu retournes à la maison le soir, tu peux t'ennuyer de ta mère et de ton père. Une famille d'accueil, c'est ce qui peut le mieux les remplacer », croit le directeur général des Mooseheads, Cam Russell.
Hischier a tout de même pu compter sur la présence d'un membre de sa famille pour faciliter la transition lors de ses trois premiers mois à Halifax, sa sœur Nina. Si l'expérience permet aux joueurs de profiter d'un encadrement gagnant, un lien bien spécial se tisse entre les familles et leur nouveau locataire.

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Le processus
La première étape à réaliser lorsque les Phillips ont décidé d'accueillir un joueur pour la première fois a été de rencontrer le coordonnateur des familles de pension chez les Mooseheads, Stephen Syke. Ce policier à la retraite du Service régional d'Halifax occupe ce rôle depuis quatre ans.
D'ailleurs, la famille Sykes est elle-même une famille d'accueil pour 19 joueurs d'Halifax depuis 2000 et est restée en contact avec la plupart d'entre eux.
« Le coordonnateur vient te rencontrer à ton domicile afin d'avoir une discussion, indique Mandy. Il t'explique le processus et les besoins d'un joueur, ainsi que ce qui est attendu des membres de la famille d'accueil.
« Ce qu'on veut, c'est leur donner un endroit où ils sont en sécurité et où ils seront bien. Un endroit où ils vont pouvoir bien manger et dormir dans un lit chaud. »
Ces deux aspects sont parmi les choses les plus importantes pour Sykes lorsqu'il est le temps de recruter une nouvelle famille.
« Ce qu'on essaye de faire, c'est de s'assurer que tout ce qu'il est possible de faire le soit afin que le joueur soit en mesure de se concentrer sur ses responsabilités, affirme Sykes. Nous effectuons une vérification des antécédents criminels et nous assurons un suivi avec le joueur et les familles à travers la saison. Parfois, nous devons relocaliser un joueur pour différentes raisons. La plupart du temps, c'est parce qu'il y a une incompatibilité avec la famille. »
Voici les responsabilités et la marche à suivre pour les familles d'accueil à Halifax :
1. Une chambre privée. On doit y retrouver un lit double ou plus large, préférablement un lit queen.
Chez les Phillips, Ash explique que « les joueurs ont le sous-sol pour eux ainsi qu'une chambre privée avec un lit queen. Ils ont accès à une salle de bain privée avec un plancher chauffant et une grande douche. Derrière le gigantesque miroir de la salle de bain, on retrouve un sauna qui peut accueillir quatre personnes. On retrouve une télévision de 10 pieds dans le sous-sol ainsi qu'une table de ping-pong qui permet de travailler les réflexes entre amis. Il y a eu des matchs pas mal compétitifs, mais surtout, beaucoup de plaisir. »
2. De la nourriture familiale. « Nous devons les nourrir, mais les gars sont responsables de leur déjeuner et de leur dîner, note Mandy. Je vais faire un repas d'avant-match et un autre d'après-match. Lors des journées de match, après la sieste de l'après-midi, je vais préparer ce qu'ils désirent. Ça peut être du poulet, du riz, des légumes ou des pâtes. Et lorsqu'il n'y a pas de partie, on va s'assoir à la table vers 17 h 30 ou 18 h et souper ensemble.
« Le repas préféré de Nico a toujours été des patates douces avec du poulet, mais Filip n'a pas de mets favori. Il adore tout ce que je fais. »
3. Support, communication et compréhension. « Ce n'est pas notre rôle d'être leur entraîneur, rappelle Ash. Ce que je leur ai parfois dit, c'est qu'il y a plusieurs jeunes garçons qui aimeraient être à leur place et c'est pourquoi ils doivent avoir plus de plaisir que n'importe qui sur la glace et adorer ce jeu, parce qu'ils sont chanceux d'y jouer chaque jour. »
« On peut habituellement savoir juste avec le langage non verbal si le match a bien été ou non, lance Mandy. Nous n'en parlons pas, sauf s'ils veulent en discuter. Quand ils arrivent à la maison, ils mangent au comptoir et j'en profite pour leur donner une petite tape dans le dos et leur dire : ''difficile défaite, mais ne t'en fais pas''. »
4. Couvre-feu. Ce sont les entraîneurs qui décident l'heure à laquelle un joueur doit se coucher, habituellement entre 22 h et 23 h. Tout joueur qui rate le couvre-feu doit être dénoncé au coordonnateur des familles d'accueil. Des vérifications aléatoires sont aussi effectuées durant la saison.
5. Transport. Le transport est fourni pour tout ce qui touche l'école et le hockey, mais les familles d'accueil peuvent devoir assurer ce rôle en cas de situation urgente.
6. Aide à l'école. C'est le conseiller pédagogique de l'équipe qui s'occupe de ce rôle. Les joueurs font leurs travaux scolaires à l'école, à l'université ou encore en ligne.
« Parfois, les gens oublient que ces joueurs ont entre 15 et 21 ans et qu'ils ont besoin d'encadrement et d'être encouragés comme s'il s'agissait de ton propre enfant », rappelle Sykes.

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Donner un coup de main
C'est Ash qui a enseigné à Nico Hischier à conduire.
« Il a obtenu son permis de conduire de la Nouvelle-Écosse (en octobre 2016) et pour un jeune homme qui comprenait à peine l'anglais, c'est une belle réussite », sourit Ash.
En Nouvelle-Écosse, il est permis à un conducteur de 17 ans d'être accompagné par un passager, qui agit comme un professeur.
« J'ai bien fait, sauf qu'avec la barrière de la langue, c'était difficile. Mais je n'ai fait que deux erreurs lors de mon examen écrit », précise Hischier.
« Ce qui était drôle, c'est que j'avais pris l'habitude de prendre mes clés et de les faire sonner comme une cloche en disant : '' Nico, est-ce que tu veux aller te promener?'', rigole Ash. On pratiquait quatre ou cinq soirs par semaine et il est devenu un très bon conducteur. Plus tard dans la saison, il a pris l'habitude d'aller au service à l'auto chez Tim Hortons pour commander nos cafés. Il connaissait tout le termes de l'endroit. »
Hischier a finalement obtenu son permis de conduire en Suisse l'été dernier.
« C'était important d'avoir de bonnes personnes pour ma pension puisque c'était la première fois que je me retrouvais hors de la Suisse. Ils sont devenus comme une deuxième famille et nous sommes maintenant très proches. J'aime leur chien, Rue, et leur chat, Kermit. Ils avaient des abonnements de saison et ils étaient à tous les matchs », souligne Hischier.
La relation spéciale vécue entre Hischier et les Phillips s'est rapidement créée, selon Mandy.
« Lorsqu'il est arrivé, il y avait des mots et des phrases qu'il n'était pas en mesure de comprendre. Nous avons réussi à communiquer et après quelques mois, son anglais était devenu très bon. Nico est un des jeunes hommes les plus gentils que j'ai rencontrés. Il est très poli, on voit qu'il a été élevé dans une bonne famille.
À son arrivée, Hischier n'avait pas de complet. C'est Ash qui lui a permis de choisir un morceau dans sa garde-robe pour se rendre à l'aréna. Il lui a aussi enseigné comment attacher une cravate. Mandy a finalement amené le jeune homme magasiner afin qu'il fasse l'achat de son premier complet.
Voilà pourquoi les Hischier n'ont pas hésité à inviter les Phillips au repêchage de 2017. À vrai dire, ils ont été invités à tous les événements importants touchant la recrue des Devils.
« Je me souviens, nous étions allés acheter un chandail commémoratif du repêchage, mais Nina nous écrivait plusieurs messages textes pour nous demander où nous étions, parce qu'on devait rencontrer le personnel des Devils du New Jersey avec sa famille. On ne savait même pas qu'ils nous avaient inclus », raconte Ash.
Les bas de Gretzky
La journée du repêchage, Ash avait pris la peine d'enfiler une paire de bas de la collection No. 99 de Wayne Gretzky. Il espérait qu'ils portent chance à Hischier afin qu'il devienne le premier choix de l'encan annuel.
« Gretzky, il est pour moi le meilleur joueur de l'histoire du hockey, lance Ash. Quand j'ai mis les bas, j'ai envoyé une photo à Nico en lui disant qu'il aurait la chance de son côté. »
La tradition s'est poursuivie lors du premier match d'Hischier dans la LNH. Les Phillips lui avaient fait parvenir une nouvelle paire de bas de la même collection et le jeune homme les avait aux pieds lors de la victoire des Devils 4-1 face à l'Avalanche du Colorado, le 7 octobre dernier.

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Zadina heureux d'y être
C'est maintenant au tour de Zadina de vivre avec les Phillips. Il est actuellement classé deuxième par le Bureau central de dépistage de la LNH chez les patineurs nord-américains, en plus d'avoir terminé au septième rang des pointeurs de la LHJMQ avec 82 points. Celui dont les séries éliminatoires se sont amorcées vendredi a aussi amassé 44 buts cette saison à Halifax, bon pour le troisième rang à égalité.
Bien au fait de l'expérience positive vécue par Hischier chez les Phillips, la décision d'envoyer Zadina chez la même famille était des plus logiques pour les Mooseheads.
« Deux semaines avec que je quitte la République tchèque pour Halifax, ils m'ont dit que je serais en pension avec la même famille que Hischier. J'étais excité », raconte Zadina, qui ne connaît pas le Suisse. « Il joue maintenant dans la LNH et il est l'un des meilleurs espoirs de la ligue, donc je veux suivre ses traces. »
« On regarde toujours les matchs de Nico à la télévision depuis qu'il est avec les Devils », ajoute l'ailier de 18 ans.
La mère de Zadina, Andrea, a passé une dizaine de jours avec son fils en novembre chez les Phillips.
« On peut apprendre beaucoup en voyant un fils parler à sa mère et Filip la respecte beaucoup, dit Mandy. Chaque fois que je reviens à la maison avec l'épicerie, Filip est là pour m'aider si j'en ai besoin. Il est très attentionné. »
Vivre en Amérique du Nord, c'est aussi découvrir de nouvelles traditions. Mandy s'est assuré qu'ils vivent des fêtes telles que l'Action de grâce ou encore Noël, en allant abattre le sapin de la famille ou encore en ayant un bas de Noël bien rempli.
« On veut vraiment qu'ils sentent qu'ils font partie de la famille », martèle Ash.
Le permis de conduire attendra pour Zadina, qui ne sembler pas intéressé pour l'instant.
« On ne lui met pas de pression à ce sujet. C'est son choix et nous sommes là pour lui », note le père de famille.
Le temps d'un match
« Ash et trois de ses amis ont pris le chemin du New Jersey pour assister au match des Devils face aux Hurricanes le 15 février.
Hischier y a récolté un but et deux passes, ainsi que la première étoile, dans une victoire de 5-2.
« Je suis tellement fier de Nico », sourit Ash à propos de la recrue qui a récolté 48 points (17 buts, 31 aides) en 74 matchs cette saison, avant la rencontre de samedi contre le Lightning de Tampa Bay. « C'est un jeune homme fantastique hors de la glace, un bon coéquipier et une étoile sur la patinoire. C'était fantastique de le voir jouer sur la glace du Prudential Center, en plus de voir tous les chandails avec son nom dans la foule. »
« Je pense qu'il était très excité de venir au match et j'avais hâte de le revoir. Je suis heureux d'avoir été capable de rendre le match un peu plus spécial », ajoute Hischier.
Après le match, Ash a envoyé un message texte à Zadina, qui devait disputer un match à domicile contre l'Océanic de Rimouski le soir suivant.
« J'ai écrit que Nico venait d'obtenir trois points et je lui ai dit à la blague qu'il était mieux d'en obtenir autant contre Rimouski. »
Zadina a finalement obtenu quatre points (deux buts et deux passes) dans la victoire de 12-5 contre l'Océanic, en plus d'obtenir la troisième étoile.

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« Mon frère et ma sœur »
Pour Ethan et Megan Phillips, la présence d'Hischier et de Zadina est une belle expérience, bien qu'Ethan ait côtoyé plus longtemps Loell et Gadoury, puisqu'il était à la maison plus souvent.
« Megan se fiche complètement du hockey, révèle Mandy. Pour elle, Nico, c'est tout simplement le gars qui vivait dans la maison. Mais ils sont devenus de bons amis. »
« C'est une fille qui est calme, mais très gentille. Elle et Ethan m'ont permis de découvrir le coin. Je les vois vraiment comme mon frère et ma sœur », dit Hischier.
De son côté, Ethan n'oubliera pas les confrontations qu'il a eues avec les deux joueurs dans le garage, où son père a bâti une patinoire équipée de bandes, mais aussi d'un plancher en époxy qui permettait de prendre des lancers. Ethan y a passé plusieurs heures avec Hischier et Zadina, les trois pratiquant leur lancer.
« Il m'a battu quelques fois dans nos compétitions de lancers », rigole Hischier.
« Je suis un droitier, il est gaucher, alors nous échangions nos bâtons et on essayait de toucher les quatre coins du filet. Nico pouvait le faire en 10 tirs, moi en 15 ou 20. Pour moi, ces gars sont des modèles, particulièrement quand j'étais plus jeune, parce que je voulais jouer au hockey junior. C'était donc cool d'avoir des joueurs de cette qualité à la maison. »
Ethan est resté en contact avec les deux joueurs et a même eu droit à quelques conseils d'Hischier par la magie du vidéo afin de l'aider à améliorer son jeu.
« J'ai beaucoup parlé à Nico quand j'étais en congé d'école, indique Ethan. Il m'a envoyé une vidéo pour m'aider à améliorer mon jeu dans les deux sens de la patinoire. Il répète toujours à quel point c'est important d'être efficace défensivement et c'est ce sur quoi je me concentre cette année à South Kent. Mon entraîneur m'a d'ailleurs muté de l'aile au centre parce que je faisais bien dans ma propre zone. »
À 5 pieds 9 pouces, Ethan sera éligible au repêchage de la LNH de 2019. Il a amassé 68 points (31 buts, 37 aides) en 45 matchs cette saison.
« Je n'oublierai jamais le fait qu'ils voulaient passer du temps avec moi, ajoute Ethan. Au niveau des habiletés, Nico est un excellent tireur avec de bonnes mains, mais le lancer de Filip est incroyable. Un soir, on prenait des tirs et le sien a plié le poteau du filet, qui est tombé au sol. »
Selon Ethan, ce qui fait d'Ash et Mandy une bonne famille d'accueil est leur compréhension des besoins d'un hockeyeur.
« Comme ils étaient souvent à l'aréna pour moi, ils ont été en mesure de constater comment un parent pouvait aider son enfant afin qu'il soit dans un bon état d'esprit. Pour les familles de pension qui n'ont pas d'enfant qui a joué au hockey ou qui n'ont pas passé beaucoup de temps à l'aréna, c'est plus difficile à comprendre. »
« Mon père et ma mère comprennent quand un joueur a besoin d'être dans sa bulle. Et s'il a besoin d'un peu d'encouragement, ils vont le motiver. »
Nous sommes une famille
La présence des Phillips au sein du programme de familles d'accueil à Halifax, tout comme celle de plusieurs autres familles, réjouit le directeur général Cam Russell.
« Comme famille d'accueil, on sent qu'on peut contribuer au développement d'un jeune homme, dit Ash. Quand je les vois avoir du succès, mon appréciation est bien différente du partisan normal. Quand on les voit se blesser ou connaître des difficultés, ça fait mal. Ce ne sont pas les buts et les passes qui sont signe de succès. Moi, je veux voir comment ces adolescents vont un jour devenir des pères, des maris, des coéquipiers et des gens impliqués dans leur communauté. »
C'est d'ailleurs pourquoi Ash tente de partager ces valeurs avec les joueurs qui ont logé sous son toit.
« Je les traite comme je traite mon fils. Je leur dis que leurs souliers doivent être cirés, de tenir la porte à une femme, de toujours se lever lorsque vient le temps de serrer une main et de regarder la personne dans les yeux. Un autre de nos règlements est qu'on ne porte pas de casquette à la table lorsqu'on mange. C'est mon père qui avait ce règlement et en signe de respect pour lui, c'est la même chose chez moi. Ces jeunes hommes ont beaucoup de succès dans leur carrière de hockey, mais je veux leur montrer l'important du respect et de la discipline dans la vie de tous les jours. »
Ash et Mandy se disent impressionnés de voir que chaque année, les Mooseheads sont en mesure de mettre la main sur des joueurs talentueux, mais aussi respectueux.
« Cam Russell est un directeur général phénoménal, estime Ash. Bobby Smith est propriétaire de l'équipe et montre l'exemple quand on pense à un propriétaire qui agit avec classe. Nous sommes très excités de pouvoir encourager une telle concession. »
Le clan Phillips n'a pas hébergé que des joueurs dans les dernières années, mais aussi des membres de la famille de ces hockeyeurs. Ils se font d'ailleurs un devoir de discuter avec la famille de leur locataire une fois par semaine.
« Quand Andrea Zadina est venue ici en novembre, son anglais n'était pas très bon. Nous avons utilisé Google Translate pour communiquer et nous avons parlé dans un téléphone qui traduisait ce que nous disions. Même le parrain d'Hischier, Kudi, est venu nous voir à notre maison. On voit Nico et Filip davantage comme des personnes que des hockeyeurs », soutient Ash.
Mais lorsque vient le temps de se séparer d'un joueur, parti pour une autre équipe, est-il difficile pour les Phillips de tout recommencer à zéro ?
« Bien que nous devenions proches, nous réalisons aussi que nous ne sommes qu'une petite partie de leur carrière de hockeyeur. On reste en contact et on espère rester amis dans le futur. Un nouveau joueur, c'est une nouvelle histoire qui nait, avec une personne qui a un vécu différent, et ça aussi c'est plaisant. »
Afin de suivre leurs hockeyeurs préférés, Hischier au New Jersey, Zadina lors des matchs sur la route et Ethan, dont les parties sont webdiffusées, Ash se tourne vers tous les écrans possibles.
« Je taquine Mandy qu'il faudra installer une troisième télévision parce que présentement, on utilise une télé, un portable et une tablette pour tout voir.
« Je suis très fier de chacun, de la manière dont ils vivent leur vie et de la façon dont ils tentent de s'accomplir sur la glace. Ils sont importants pour nous, tout comme leur famille. Qu'ils deviennent des joueurs de la LNH ou non, ce n'est pas ce qui est important, c'est qu'ils grandissent pour devenir des hommes dont on peut être fier hors de la glace. »