« Mon frère et ma sœur »
Pour Ethan et Megan Phillips, la présence d'Hischier et de Zadina est une belle expérience, bien qu'Ethan ait côtoyé plus longtemps Loell et Gadoury, puisqu'il était à la maison plus souvent.
« Megan se fiche complètement du hockey, révèle Mandy. Pour elle, Nico, c'est tout simplement le gars qui vivait dans la maison. Mais ils sont devenus de bons amis. »
« C'est une fille qui est calme, mais très gentille. Elle et Ethan m'ont permis de découvrir le coin. Je les vois vraiment comme mon frère et ma sœur », dit Hischier.
De son côté, Ethan n'oubliera pas les confrontations qu'il a eues avec les deux joueurs dans le garage, où son père a bâti une patinoire équipée de bandes, mais aussi d'un plancher en époxy qui permettait de prendre des lancers. Ethan y a passé plusieurs heures avec Hischier et Zadina, les trois pratiquant leur lancer.
« Il m'a battu quelques fois dans nos compétitions de lancers », rigole Hischier.
« Je suis un droitier, il est gaucher, alors nous échangions nos bâtons et on essayait de toucher les quatre coins du filet. Nico pouvait le faire en 10 tirs, moi en 15 ou 20. Pour moi, ces gars sont des modèles, particulièrement quand j'étais plus jeune, parce que je voulais jouer au hockey junior. C'était donc cool d'avoir des joueurs de cette qualité à la maison. »
Ethan est resté en contact avec les deux joueurs et a même eu droit à quelques conseils d'Hischier par la magie du vidéo afin de l'aider à améliorer son jeu.
« J'ai beaucoup parlé à Nico quand j'étais en congé d'école, indique Ethan. Il m'a envoyé une vidéo pour m'aider à améliorer mon jeu dans les deux sens de la patinoire. Il répète toujours à quel point c'est important d'être efficace défensivement et c'est ce sur quoi je me concentre cette année à South Kent. Mon entraîneur m'a d'ailleurs muté de l'aile au centre parce que je faisais bien dans ma propre zone. »
À 5 pieds 9 pouces, Ethan sera éligible au repêchage de la LNH de 2019. Il a amassé 68 points (31 buts, 37 aides) en 45 matchs cette saison.
« Je n'oublierai jamais le fait qu'ils voulaient passer du temps avec moi, ajoute Ethan. Au niveau des habiletés, Nico est un excellent tireur avec de bonnes mains, mais le lancer de Filip est incroyable. Un soir, on prenait des tirs et le sien a plié le poteau du filet, qui est tombé au sol. »
Selon Ethan, ce qui fait d'Ash et Mandy une bonne famille d'accueil est leur compréhension des besoins d'un hockeyeur.
« Comme ils étaient souvent à l'aréna pour moi, ils ont été en mesure de constater comment un parent pouvait aider son enfant afin qu'il soit dans un bon état d'esprit. Pour les familles de pension qui n'ont pas d'enfant qui a joué au hockey ou qui n'ont pas passé beaucoup de temps à l'aréna, c'est plus difficile à comprendre. »
« Mon père et ma mère comprennent quand un joueur a besoin d'être dans sa bulle. Et s'il a besoin d'un peu d'encouragement, ils vont le motiver. »
Nous sommes une famille
La présence des Phillips au sein du programme de familles d'accueil à Halifax, tout comme celle de plusieurs autres familles, réjouit le directeur général Cam Russell.
« Comme famille d'accueil, on sent qu'on peut contribuer au développement d'un jeune homme, dit Ash. Quand je les vois avoir du succès, mon appréciation est bien différente du partisan normal. Quand on les voit se blesser ou connaître des difficultés, ça fait mal. Ce ne sont pas les buts et les passes qui sont signe de succès. Moi, je veux voir comment ces adolescents vont un jour devenir des pères, des maris, des coéquipiers et des gens impliqués dans leur communauté. »
C'est d'ailleurs pourquoi Ash tente de partager ces valeurs avec les joueurs qui ont logé sous son toit.
« Je les traite comme je traite mon fils. Je leur dis que leurs souliers doivent être cirés, de tenir la porte à une femme, de toujours se lever lorsque vient le temps de serrer une main et de regarder la personne dans les yeux. Un autre de nos règlements est qu'on ne porte pas de casquette à la table lorsqu'on mange. C'est mon père qui avait ce règlement et en signe de respect pour lui, c'est la même chose chez moi. Ces jeunes hommes ont beaucoup de succès dans leur carrière de hockey, mais je veux leur montrer l'important du respect et de la discipline dans la vie de tous les jours. »
Ash et Mandy se disent impressionnés de voir que chaque année, les Mooseheads sont en mesure de mettre la main sur des joueurs talentueux, mais aussi respectueux.
« Cam Russell est un directeur général phénoménal, estime Ash. Bobby Smith est propriétaire de l'équipe et montre l'exemple quand on pense à un propriétaire qui agit avec classe. Nous sommes très excités de pouvoir encourager une telle concession. »
Le clan Phillips n'a pas hébergé que des joueurs dans les dernières années, mais aussi des membres de la famille de ces hockeyeurs. Ils se font d'ailleurs un devoir de discuter avec la famille de leur locataire une fois par semaine.
« Quand Andrea Zadina est venue ici en novembre, son anglais n'était pas très bon. Nous avons utilisé Google Translate pour communiquer et nous avons parlé dans un téléphone qui traduisait ce que nous disions. Même le parrain d'Hischier, Kudi, est venu nous voir à notre maison. On voit Nico et Filip davantage comme des personnes que des hockeyeurs », soutient Ash.
Mais lorsque vient le temps de se séparer d'un joueur, parti pour une autre équipe, est-il difficile pour les Phillips de tout recommencer à zéro ?
« Bien que nous devenions proches, nous réalisons aussi que nous ne sommes qu'une petite partie de leur carrière de hockeyeur. On reste en contact et on espère rester amis dans le futur. Un nouveau joueur, c'est une nouvelle histoire qui nait, avec une personne qui a un vécu différent, et ça aussi c'est plaisant. »
Afin de suivre leurs hockeyeurs préférés, Hischier au New Jersey, Zadina lors des matchs sur la route et Ethan, dont les parties sont webdiffusées, Ash se tourne vers tous les écrans possibles.
« Je taquine Mandy qu'il faudra installer une troisième télévision parce que présentement, on utilise une télé, un portable et une tablette pour tout voir.
« Je suis très fier de chacun, de la manière dont ils vivent leur vie et de la façon dont ils tentent de s'accomplir sur la glace. Ils sont importants pour nous, tout comme leur famille. Qu'ils deviennent des joueurs de la LNH ou non, ce n'est pas ce qui est important, c'est qu'ils grandissent pour devenir des hommes dont on peut être fier hors de la glace. »