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TORONTO - Guy Carbonneau a eu une pensée pour un de ses anciens entraîneurs en recevant la bague commémorative de son intronisation au Temple de la renommée du hockey, vendredi.

« Pat Burns n'a pas eu la même chance que moi, a relevé Carbonneau. J'ai dû patienter plus longtemps que je l'aurais souhaité, mais je suis content d'être en santé pour pouvoir en profiter et de vivre l'événement en famille. »
Burns, qui a dirigé Carbonneau et les Canadiens de Montréal pendant quatre saisons sur les 14 saisons au total lors desquelles il a été entraîneur dans la LNH, n'a pas eu la chance de savourer la fin de semaine de son intronisation en 2014. Il est décédé des suites d'une longue maladie quatre ans plus tôt, en novembre 2010.
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S'il affirme avoir de la difficulté à se voir comme un immortel du hockey, Carbonneau se dit prêt à vivre des moments hautement émotifs, qui atteindront leur paroxysme au cours de la cérémonie d'intronisation, lundi soir. Il redoute particulièrement que les émotions l'étreignent au moment où il livrera le discours qu'il peaufine depuis environ un mois.
« Ce sera une fin de semaine très plaisante, mais stressante. J'appréhende la journée de lundi plus qu'un septième match de la Coupe Stanley, a-t-il lancé. Les gens qui me connaissent savent que je suis émotif. Ils m'ont déjà vu pleurer, alors je ne serai pas gêné de me laisser aller à mes émotions. Je suis prêt à tout. »
La cérémonie de remise des bagues commémoratives a été une bonne mise en bouche, vendredi. Carbonneau a été le premier à l'enfiler au doigt, avant Vaclav Nedoamsnky, Jim Ruttherford, Hayley Wickenheiser et Sergei Zubov. Jerry York, un entraîneur universitaire aux États-Unis, était absent parce que son équipe jouait en soirée.
« Je pense être le 59e membre de l'organisation des Canadiens à être admis au Temple, a relevé Carbonneau avec justesse. Je suis né dans les années 1960 et mes idoles ont été les Jean Béliveau, Henri Richard, Yvan Cournoyer et Guy Lafleur. Je n'ai aucun souvenir de Maurice Richard comme joueur. C'est encore surréaliste pour moi de penser que je fais maintenant partie du même groupe qu'eux. Ça va me prendre du temps avant de le réaliser pleinement. »

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Carbonneau a connu une carrière de 18 saisons, incluant 13 dans l'uniforme du Tricolore, qui a été jalonnée de trois conquêtes de la Coupe Stanley (1986, 1993 et 1999) et de l'obtention du trophée Frank Selke, à titre d'attaquant à caractère défensif par excellence, à trois reprises (1988, 1989 et 1992).
« C'est un incroyable honneur qu'on me rend, a-t-il poursuivi. Comme tous les jeunes joueurs de hockey du Québec, je rêvais de jouer dans la Ligue nationale. Quand j'ai réalisé mon rêve, je ne pensais pas à être admis au Temple de la renommée. J'abordais chacune des saisons en voulant faire de mon mieux afin d'aider mon équipe à gagner la Coupe Stanley. »
L'influence de Lemaire
Tôt, on lui a fait comprendre que les missions en défense étaient ce qu'il pouvait faire de mieux.
« Peu de temps après mon arrivée, les Canadiens venaient de gagner la Coupe quatre fois de suite. C'était difficile de mériter un poste avec l'équipe. Jacques Lemaire était le nouvel entraîneur à ma deuxième saison et il a voulu former un trio à caractère défensif. Il m'a utilisé avec Bob Gainey et Chris Nilan et, au lieu de jouer seulement quatre minutes par match, j'en jouais une vingtaine. La transition a été facile à faire. »
Carbonneau a dit que ses qualités de fin observateur, à une époque où la vidéo n'était pas au service des équipes, représentent en grande partie l'explication des succès qu'il a connus.
« J'observais les tendances des joueurs et j'essayais de les identifier afin de les empêcher de les accomplir contre moi. Je fonctionnais beaucoup par essai-erreur. Je possédais des aptitudes à reconnaître des situations. »
Carbonneau a fait damner plusieurs grands joueurs, à commencer par Peter Stastny des Nordiques de Québec.
« Nous avons eu de belles batailles ensemble, comme j'en ai eu avec Ken Linseman quand il jouait avec les Bruins de Boston et Joe Sakic des Nordiques parce que nous les affrontions plus souvent. »
« 'Coach', donnez-moi Gretzky »
En 1993, il a joué un rôle important face à Wayne Gretzky des Kings de Los Angeles en Finale de la Coupe Stanley.
Après le premier match remporté 4-1 par les Kings, au cours duquel Gretzky a réussi un but en plus d'amasser trois passes, Carbonneau est allé voir l'entraîneur Jacques Demers afin de lui demander de surveiller le célèbre no 99.
« C'est ce que je faisais depuis le début de ma carrière, a-t-il expliqué. J'estimais que ça permettrait à mes coéquipiers Kirk Muller et Vincent Damphousse de se concentrer sur leur contribution à l'attaque. »
Demers a accédé à sa demande et le reste est de l'histoire ancienne. Gretzky a été limité à trois points dans les quatre matchs suivants que les Canadiens ont gagnés, en route vers leur 24e conquête de la Coupe Stanley.
« Jacques s'est montré ouvert à ma suggestion et la situation a bien tourné pour nous. Si Gretzky avait connu un deuxième match de deux buts et trois passes, on ne parlerait pas de ça aujourd'hui. »
Une mise au jeu marquante
À un marqueur qui est admis au Temple de la renommée, on lui demande quel a été le plus important - ou le plus beau -- but qu'il a réussi. À un spécialiste du marquage, doit-on lui demander quel est le plus important but qu'il a empêché? La question a fait s'esclaffer Carbonneau.
« Depuis l'annonce de mon admission au Temple, j'ai reçu plusieurs beaux appels et des courriels de personnes qui me remémorent des exploits du passé », a-t-il commencé par dire.
« Mais parfois, ce sont plus des erreurs dont se souvient, a-t-il repris. On me demande souvent pourquoi j'étais si bon sur les mises au jeu. L'explication est dans la mise au jeu que j'ai perdue contre Peter Stastny au Forum dans le match no 7 d'une série contre les Nordiques (en 1985). Les Nordiques avaient marqué sur la séquence. Je m'en souviens encore. C'est la raison pour laquelle je suis devenu meilleur dans les mises au jeu. Tu n'oublies pas ces choses-là. »