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LOS ANGELES – Au 34e étage d’un chic hôtel du centre-ville à quelques jets de pierre du Peacock Theater et du Crypto.com Arena, le domicile des Kings, la maman de Bill Zonnon prend un grand respire et elle devient émotive dès qu’on évoque la notion du repêchage de la LNH.

Mathilde imagine déjà l’instant où une équipe prononcera le nom de son fils: Bill Zonnon.

« Je repenserai au jeune Bill. J’aurai dans ma tête le jour où nous lui avions acheté son premier équipement de hockey. À sa sortie du magasin, il avait dit : "maman, c’est le plus beau jour de ma vie". Il avait cinq ans et demi, presque six ans. Pour moi, ça n’avait pas de signification. Mais aujourd’hui, ça prend une symbolique tellement différente. »

Pratiquement 13 ans plus tard, Zonnon vivra une autre grande journée dans sa vie. Du jeune gamin qui tombait en amour avec le hockey, il deviendra un jeune adulte qui cognera à la porte de la meilleure ligue au monde. Il ouvrira une première porte en devenant un choix de premier ou de deuxième tour au repêchage.

« Ça va être fou, a dit Zonnon. On n’aurait probablement jamais pensé à un tel scénario. Il y a plusieurs autres espoirs qui ont suivi les traces de leur père, d’anciens joueurs de la LNH. Ce n’est pas mon cas. Mes parents ne pouvaient pas imaginer ça. Aujourd’hui, on est à Los Angeles pour le repêchage de la LNH. Je veux remercier mes parents. Nous l’avons fait ensemble ce chemin. J’ai toujours voulu rendre mes parents fiers. »

Le hockey a fait son entrée au sein de la famille Zonnon par l’entremise de Bill. Né à Montréal en 2006, le jeune garçon de parents (Augustin et Mathilde) originaires du Togo a converti tout le monde à son sport. Sa jeune sœur de 16 ans (Keshia) joue comme défenseuse au Collège Stanstead et elle se fait courtiser par des universités de première division dans la NCAA.

Cet amour pour le hockey, il la doit aux Canadiens et à un ancien défenseur.

« P.K. a eu une influence marquante dans mon cheminement comme joueur de hockey, a raconté l’attaquant de 6 pi 2 po et 187 lb. Mes plus vieux souvenirs reliés au hockey sont ceux où je regardais les Canadiens. Je portais un chandail de P.K. Subban quand je jouais au mini-hockey chez moi. Quand tu es jeune, tu vois la vie différemment. Un héros ou un modèle peut changer ton chemin. Je voulais l’imiter.

« Il me permettait de rêver, a-t-il poursuivi. Mais peu importe la couleur de sa peau, P.K. était un joueur électrisant avec une belle personnalité. Je le trouvais beau à voir. Je parle de P.K. Subban souvent, mais je restais marqué par toute l’équipe des Canadiens. Il y avait Carey Price, Max Pacioretty et Tomas Plekanec. J’aimais les regarder jouer. »

Subban a d’ailleurs communiqué avec Zonnon au cours des derniers mois.

« J’ai reçu des messages textes à quelques reprises de P.K. au cours de l’année, a-t-il précisé. On s’est parlé rapidement avant le Combine (Séance d'évaluation des espoirs de la LNH) à Buffalo. Il avait vu un article à mon sujet sur le site de RDS au mois de février et il m’a écrit. Je trouvais ça spécial de recevoir un texto de sa part. Le jeune Bill aurait trouvé ça complètement fou. »

Un joueur polyvalent

Selon un agent de la LNH, Zonnon devrait connaître son sort entre les 25e et 45e rangs lors du repêchage. Le Montréalais est répertorié comme le 31e espoir de la liste des patineurs nord-américains du Bureau central de dépistage (BCD) de la LNH.

Échangé à l’Armada de Blainville-Boisbriand le 5 juin dernier, Zonnon a amassé 83 points (28 buts, 55 passes) en 64 matchs à sa troisième saison avec les Huskies de Rouyn-Noranda.

« Je dirais que ma polyvalence est ma grande force, a noté Zonnon qui a joué au centre cette saison avec les Huskies. Je suis bon dans les deux sens du jeu, je peux jouer à l’aile et au centre et je peux jouer en supériorité numérique et en infériorité numérique. Je peux tout faire sur une patinoire. Au sein d’une formation de la LNH, je pourrais me retrouver autant au sein de l’un des deux premiers trios qu’au sein de l’un des deux derniers. »

À 24 heures du repêchage, le Québécois restait calme.

« Honnêtement, il n’y a rien de trop spécial qui se passe dans ma tête, a-t-il affirmé. Oui, le niveau de nervosité augmente un peu. Mais ce n’est rien de trop fou. Quand je commencerai à m’habiller demain avant le repêchage, ça risque de me frapper un peu plus. Pour l’instant, je veux en profiter. Je me retrouve à Los Angeles dans une belle ville. »

Comme tous les espoirs présents en Californie, Zonnon aimerait connaître sa prochaine équipe dès le premier jour du repêchage.

« Je dirais que c’est un objectif, mais ce n’est pas si important. Quand j’ai commencé ma saison, je voulais me retrouver ici au repêchage. J’aimerais devenir un choix de premier tour. Mais je reste réaliste, il y a aussi des chances que je glisse au deuxième tour. Je vis bien avec ça. Je ne veux pas me faire une idée trop précise. Il y a un paquet de trucs qui peuvent survenir lors d’une soirée de repêchage. »

Après deux années sans aucun joueur à sortir au premier tour, la LHJMQ freinera sa léthargie avec trois sérieux candidats pour la soirée du vendredi soir : Caleb Desnoyers, Justin Carbonneau et Bill Zonnon.

Si Desnoyers et Carbonneau se font tirer l’oreille pour l’aventure de la NCAA la saison prochaine, Zonnon n’a aucun doute sur son choix. Il poursuivra sa route avec l’Armada.

« C’est très excitant pour moi, a souligné l’attaquant. L’Armada veut bâtir une équipe gagnante. J’aime aussi la philosophie d’Alexandre Jacques, leur nouvel entraîneur. Je viens de Montréal, alors je jouerai pour l’équipe la plus proche de chez moi. J’ai hâte au camp pour rencontrer mes nouveaux coéquipiers. »

Parmi les nouveaux coéquipiers avec l’Armada, la présence de Justin Carbonneau demeure incertaine.

« Je partageais une chambre avec Justin à Buffalo pour le Combine. Nous en avons parlé de la possibilité de jouer ensemble pour l’Armada. Je n’ai toutefois pas à le convaincre. Ça reste son choix. J’aimerais jouer avec un joueur comme lui, mais je respecterai sa décision. »