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NEW YORK – Parlez de Devon Toews dans le vestiaire de l’Avalanche du Colorado et ils seront plusieurs à vous dresser une comparaison très flatteuse.

« Il est en quelque sorte notre Nicklas Lidstrom, a indiqué l’attaquant vedette Nathan MacKinnon. Son style et son intelligence sont hors normes. »

Lidstrom a remporté sept fois le trophée Norris lors de sa carrière avec les Red Wings de Detroit qui l’a mené au Temple de la renommée. Il a également remporté quatre fois la Coupe Stanley et une fois l’or olympique.

Toews a soulevé une fois la Coupe Stanley et l’an prochain, il aura peut-être la chance de mettre la main sur l’or olympique. Toutefois, il ne touchera peut-être jamais au Norris, honneur décerné annuellement au meilleur défenseur de la LNH. Après tout, il joue aux côtés d’une très grande compétition à cet égard en Cale Makar, qui pourrait obtenir le trophée pour la deuxième fois de sa carrière en juin.

Mais selon Makar lui-même, « à toute autre époque, Devon est l’équivalent d’un Nicklas Lidstrom. »

Lidstrom a été le meilleur défenseur de sa génération. Makar est possiblement le meilleur de la sienne.

Mais l’apport de Toews dans le succès de Makar, de l’Avalanche et éventuellement d’Équipe Canada ne peut être sous-estimé.

On peut arguer que Toews et Makar forment le meilleur duo de défenseurs de la LNH depuis quatre ans. Ils feront partie d’un duel au sommet contre Connor McDavid et les Oilers d’Edmonton vendredi (21 h HE; TVAS, SNW, ALT, KUSA), cinq jours avant de faire équipe avec la grande vedette des Oilers d’Edmonton à la Confrontation des 4 nations, qui s’amorce au Centre Bell le 12 février avec un duel entre le Canada et la Suède (20 h HE; MAX, truTV, TNT, SN, TVAS).

Toews a récolté 24 points en 51 matchs cette saison. Il présente un différentiel de +15. Il joue en moyenne 20:01 par match, contre les meilleurs éléments adverses. Makar utilise les mots « sans forcer », « fluidité » et « ne jamais surréfléchir » lorsqu’il parle de son acolyte.

Des mots qui collent également à la manière dont Lidstrom jouait.

« Lorsque tu regardes chacun jouer, tu vois à quel point ils sont très, très bons, a élaboré Makar. Tazer (Toews) est toujours parfaitement bien positionné. Et lorsqu’on observe la manière dont il bouge le bâton et dont il harponne la rondelle… Lorsque des joueurs tentent de le déjouer à 1-contre-1, Devon a toujours le dessus. C’était, en quelque sorte, la marque de commerce de Lidstrom. Lorsque ceux qui ont joué contre Lidstrom parlent de lui, ils parlent notamment de la facilité avec laquelle il tenait bon devant ses adversaires à 1-contre-1. À cet égard, Devon est très ‘’Lidstrom-esque’’. Il rend ma vie facile, je n’ai pas à aller dans le coin de la patinoire pour récupérer le disque. »

NYR@COL: Toews donne la victoire à l'Avalanche

La Confrontation des 4 nations est la deuxième occasion pour Toews de représenter le Canada dans un tournoi international. La première fois, c’était dans un tournoi Junior A. Nul besoin d’en dire plus pour comprendre comment il est arrivé de loin afin d’atteindre son niveau de jeu actuel – et d’entendre son nom dans la même phrase que Lidstrom.

Toews a 30 ans. Il y a une quinzaine d’années, il passait sous le radar dans l’Ouest canadien.

« À mon année de repêchage au niveau bantam, je crois que je mesurais 5 pieds 2 pouces et pesais 102 livres, a-t-il affirmé. Je marquais environ un point par match avec mon équipe bantam, mais personne ne croyait que j’allais être capable de défendre au prochain niveau. »

Le Britanno-Colombien a vu plusieurs de ses amis être choisis au repêchage de la Ligue junior de l’Ouest (WHL). Il n’a jamais eu ce privilège.

Au lieu d’évoluer avec les meilleurs de son groupe d’âge à 17 ans, Toews a joué pour les Eagles de Surrey dans la Ligue de hockey de la Colombie-Britannique pendant deux saisons.

Après une excellente deuxième saison à Surrey, ponctuée par une récolte de 47 points (10 buts, 37 aides) en 48 matchs, Toews a reçu une bourse pour aller jouer et étudier à l’Université Quinnipiac, au Connecticut.

« J’étais en extase face à l’idée d’aller jouer dans une université américaine, s’est-il remémoré. Je voulais obtenir un diplôme universitaire, et si j’avais l’occasion d’aller jouer chez les professionnels, ce serait tant mieux. Mais en toute lucidité, j’allais surtout là-bas pour obtenir un diplôme. »

L’entraîneur-chef des Bobcats de Quinnipiac, Rand Pecknold, se souvient que Toews mesurait 6 pieds, mais ne pesait que 152 livres à ses 19 ans, lorsqu’il est arrivé à l’université.

« Physiquement, il était loin derrière. »

Il ignorait par ailleurs comment défendre. Son bâton était souvent mal placé.

« Aucun entraîneur ne lui avait réellement enseigné comment faire ou ne l’avait tenu responsable de ses erreurs, a ajouté Pecknold. Nous enseignons beaucoup de détails ici, à Quinnipiac. Nous n’avons pas les choix de premier ou deuxième tours qu’ont l’Université du Minnesota, du Michigan ou Boston College, mais nous retirons une fierté d’avoir des joueurs qui ont un bâton actif lorsqu’ils défendent. Devon a appris très vite. »

Le hockey changeait déjà à l’époque. La vitesse du jeu était en constante augmentation. Les défenseurs n’avaient plus forcément à être costauds et teigneux pour jouer dans la LNH. L’intelligence et l’agilité permettaient maintenant à des défenseurs de plus petit gabarit d’avoir du succès. C’était de bon augure pour Toews, qui rêvait encore à la grande ligue.

« Il était déjà très intelligent dès son arrivée. Chez nous, il a pris de la maturité, a soutenu Pecknold. À sa troisième année au sein de notre équipe, nous n’avons perdu que quatre matchs et il jouait de 26 à 27 minutes par match. Il était très bon. »

Pecknold s’est mis à croire que son protégé allait devenir un bon joueur de la LNH. Il était même surpris lorsqu’il a vu que les Islanders, qui l’avaient repêché au quatrième tour en 2014, l’ont laissé plus de deux saisons à Bridgeport, dans la Ligue américaine (LAH), avant de le promouvoir.

« On est à quelques minutes de voiture de Bridgeport, a précisé Pecknold. Je suis allé voir quelques-uns de ses matchs et il était des milles devant tout le monde sur la patinoire. J’étais peut-être biaisé, mais je le sentais réellement 12 coches au-dessus tout le monde dans la LAH. »

Toews a finalement obtenu une chance dans la LNH à mi-chemin de la saison 2018-19. Diplomate, il a tenu à remercier, cette semaine, le directeur général Lou Lamoriello et l’entraîneur-chef de l’époque, Barry Trotz, d’avoir cru en lui.

« Je me sentais déjà prêt à jouer avec les Islanders depuis quelque temps et ils me disaient plutôt de continuer à polir mon jeu dans la Ligue américaine, a-t-il mentionné. Donc, quand on m’a donné ma première chance, j’étais plus que prêt. Je me sentais incroyablement bien à propos de mon jeu. Tu veux toujours faire le saut dans la LNH le plus rapidement possible, mais avec le recul, ils m’ont fait une faveur en me faisant attendre. J’ai appris à être un vrai pro et à maîtriser toutes les nuances du jeu. »

Toews a récolté 46 points en 116 matchs de saison et en a ajouté 15 en 30 rencontres de séries éliminatoires avec les Islanders. Malgré son bon travail, il a été échangé à l’Avalanche contre deux choix de second tour le 12 octobre 2020.

Tout le monde connaît la suite. Le défenseur est devenu le principal complice de Makar, atteignant régulièrement la barre des 50 points et des 25 minutes de jeu en moyenne en saison. Il a mérité une place au sein de l’équipe canadienne pour la Confrontation des 4 nations. Prochainement, il pourrait faire de même pour les Jeux de Milan-Cortina.

« On dit souvent : "prouve aux autres qu’ils ont tort". Mais pour ma part, je voulais plutôt prouver à moi-même que j’avais raison. »