Dave Schultz SDW

Dans le cadre des textes de la série « Tête-à-tête avec… », nous nous entretenons avec des acteurs du monde du hockey afin d'en apprendre plus sur leur vie sur la glace et à l'extérieur. Cette édition met en vedette l'ancien attaquant des Flyers de Philadelphie Dave « The Hammer » Schultz.

Près d'un demi-siècle depuis son dernier match dans les couleurs des Flyers, Dave Schultz demeure une des personnalités les plus aimées de l'histoire sportive de la ville de l'amour fraternel.

En compagnie des Bobby Clarke, Bernard Parent, Bill Barber et Rick MacLeish, The Hammer a été une des pièces importantes des conquêtes de la Coupe Stanley de 1974 et 1975 des Flyers. Les partisans lui demandent encore des photos et des autographes, en plus de le prier de raconter des histoires qui semblent directement sorties d'un roman de fiction.

Schultz, qui a été un choix de cinquième ronde (52e) lors du repêchage amateur de 1969, sera célébré en compagnie de ses anciens coéquipiers des Broad Street Bullies cette saison, alors qu'on fêtera à Philadelphie les 50 ans de la conquête de 1974, la première par une équipe née lors de l'expansion de 1967.

« On m'avait dit qu'après cinq ans à la retraite, plus personne n'allait se souvenir de moi », avait raconté Schultz au Daily News de Philadelphie en 1999. « Ce n'est pas le cas. Les gens de Philadelphie se souviendront toujours de ces conquêtes de la Coupe. »

Près de 50 ans plus tard, c'est toujours vrai, même si le passage de Schultz s'est terminé après la saison 1975-76. Entre 1972 et 1979, il a disputé 535 matchs dans la LNH avec les Flyers, les Kings de Los Angeles, les Penguins de Pittsburgh et les Sabres de Buffalo, terminant avec 200 points et 2292 minutes de punitions.

En 73 matchs éliminatoires, Schultz a enregistré 20 points et ajouté 412 minutes au cachot au compteur.

En 1999, le Daily News avait publié un dossier dans lequel les partisans avaient été sondés sur divers sujets, dont la meilleure édition des Flyers, les uniformes, les surnoms. Les Broad Street Bullies de 1973-74 et 1974-75 ainsi que The Hammer avaient tout balayé.

Ces Flyers n'étaient pas des enfants de chœur. Quand ils étaient à Los Angeles, les médias locaux n'hésitaient pas à les comparer à des gangsters.

La finesse, ce n'était pas leur force. En 1973-74, ils ont terminé au premier rang de la LNH avec 1750 minutes de pénalité, 603 de plus que les Blues de St. Louis, deuxièmes. L'année suivante, les Flyers ont atteint un nouveau sommet avec 1967 minutes au cachot, 692 de plus que les Blues.

Ils dérangeaient. Et ce n'est peut-être pas une coïncidence si le président de la LNH à l'époque, Clarence Campbell, n'avait pas le sourire aux lèvres lorsqu'il a remis la Coupe Stanley à Clarke, le capitaine des Flyers lors de ces deux saisons. Une scène qui fait encore rigoler Schultz.

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Est-ce difficile à croire que la première conquête de la Coupe Stanley des Flyers remonte à il y a un demi-siècle?

« Oui et non. Ça fait longtemps, mais mes souvenirs sont encore très présents. Je me sens chanceux d'avoir pu faire partie de cet excellent club de hockey et d'avoir gagné la Coupe Stanley. Deux fois! Lors de notre premier défilé de la Coupe Stanley, nous avons traversé la ville dans des décapotables, mais lors du deuxième, nous étions sur des camions plates-formes. Les partisans de Philadelphie sont très spéciaux. J'étais à un événement caritatif l'autre jour, et des gars qui avaient probablement 10 ans en 1974 m'ont raconté qu'ils n'étaient pas allés à l'école lors de cette journée afin d'assister au défilé. Ce dont ils se souvenaient le plus, c'est qu'il y avait eu des exhibitionnistes qui avaient couru. Ce défilé était unique pour tout le monde. Le journaliste du Philadelphia Bulletin Jack Chevalier avait trouvé le surnom de Hammer (marteau) pour moi et des Broad Street Bullies pour les Flyers. Il avait trouvé le mien après avoir écrit que j'avais martelé quelqu'un. Cinquante ans plus tard, il y a encore des gens qui m'appellent Hammer, pas Dave. »

Est-ce spécial de savoir que plusieurs partisans que tu rencontres aujourd'hui ne t'ont jamais vu jouer?

« Ils m'ont vu en vidéo. L'Internet a tout changé. Les partisans peuvent voir mes combats sur leur cellulaire ou encore m'entendre chanter 'The Penalty Box' (une chanson humoristique enregistrée en 1975). Je n'aurais jamais pensé que les gens me reconnaîtraient encore. Je reste à Somers Point, au New Jersey. Ocean City est juste en face, Atlantic City est à 20 minutes. J'ai pris une marche sur la plage hier avant d'aller dans un restaurant. […] Les gens me saluent encore et me demandent comment je vais. Ça fait si longtemps. C'est plutôt difficile à croire. »

Tu as écopé de 134 pénalités majeures pour t'être battu, 28 de plus en séries éliminatoires. Quelle est ta relation avec tes partenaires de danse depuis la fin de ta carrière.

« Pierre Bouchard des Canadiens était un de mes plus redoutables adversaires. C'est un bon gars. J'ai pu rencontrer plusieurs des gars une fois que nos carrières ont été terminées. Je suis devenu un bon ami de feu Keith Magnuson de Chicago. Terry O'Reilly (Boston) et moi, nous nous sommes battus neuf fois, et lors des 10 premières années après nos retraites, nous n'étions pas très sympathiques l'un envers l'autre. Mais nous nous sommes finalement rencontrés à un tournoi de golf. Je voulais qu'il me signe quelques autographes, dont sur une photo de lui et moi en train de nous battre. Pouvez-vous y croire? Il m'a demandé de la voir, et il m'a dit : 'Ah! On dirait bien que je suis en train de perdre'. Je lui ai dit que non, c'était une nulle. Nous sommes devenus amis et nous avons participé à des séances d'autographes depuis. Je ne l'ai pas vu depuis quelques années, mais nous sommes amis. Quand ils ont démoli le Boston Garden (en 1998), les Bruins ont donné le banc des punitions à Terry. Je voulais celui du Spectrum de Philadelphie quand il a été démoli (en 2010-11), mais je ne l'ai pas eu. »

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Tes 472 minutes de pénalité en 1973-74 représentent un record de la LNH qui risque de ne jamais être battu. Mais tu détiens une autre marque plutôt intéressante dans ta ville natale de Waldheim, en Saskatchewan. Une autre marque qui elle aussi ne sera jamais effacée.

« Je suis le premier bébé né à l'hôpital de Waldheim (14 octobre 1949, deux semaines après l'ouverture). Nous sommes déménagés dans une ferme, où j'ai vécu pendant les huit années suivantes, avant de retourner à Waldheim quand j'étais en troisième année. C'est à ce moment que j'ai commencé à jouer du hockey organisé. À notre retour, l'hôpital avait déjà fermé ses portes et nous vivions dans le sous-sol du bâtiment. Mon défunt frère, Ray, et moi jouions au hockey dans les longs corridors qui menaient à la chaudière. Quelques années plus tard, ils ont détruit l'endroit. J'ai déménagé à Rosetown (à environ 160 kilomètres au sud-ouest). Il y a longtemps que je ne suis pas retourné à Waldheim. »

Puisque la Saskatchewan est au cœur de notre discussion, terminons en parlant d'une autre légende de la province : Gordie Howe. Serais-tu surpris d'apprendre que dans ta carrière, tu ne comptes que trois tours du chapeau à la Gordie Howe, qui consiste à inscrire un but, une passe et livrer un combat dans le même match?

« (Rires) Je n'y avais jamais pensé. Je ne m'en doutais pas. Gordie était un homme merveilleux. J'ai participé à plusieurs événements caritatifs et des tournois de golf avec lui. Je l'adorais. »