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KANATA, Ontario – Debout devant son casier, Linus Ullmark a poussé un long soupir avant de répondre à la première question de son point de presse.

Le gardien des Sénateurs d’Ottawa venait à lui seul de voler deux points aux Red Wings de Detroit en repoussant 48 lancers, dont 27 en deuxième période seulement, dans une courte victoire de 2-1. Il aurait donc été tout à fait normal qu’il tente de retrouver ses esprits.

C’était peut-être ça, mais au fil de la conversation, on a pu déduire qu’il s’agissait d’un soupir de mécontentement. Ou plutôt d’insatisfaction.

« C’est difficile de décrire ce qui vient de se passer, à part pour le fait que c’était une victoire excitante », a laissé tomber le portier suédois. Il venait d’être acclamé par une salle comble de 18 561 personnes, qui avaient fait la route jusqu’au Centre Canadian Tire pour ce duel aux allures de séries.

Ullmark avait pourtant toutes les raisons de sourire. Grâce à sa prestation, les Sénateurs se sont hissés en première place de quatrième as avec une priorité de trois points et un match de plus à disputer que les Rangers de New York, la première équipe exclue du portrait.

« C’était un match chaotique, a-t-il poursuivi. Je suis pas mal certain que nous devons nous regarder dans le miroir et réaliser que ce n’était pas assez bon. Nous devons être honnêtes. Ce n’est pas une façon de jouer qui pourra durer dans le temps. Si on veut continuer de gagner, il faut être honnête.

« En même temps, le groupe a trouvé un moyen de gagner. Le résultat est très positif. »

DET@OTT: Ullmark frustre les Red Wings coup sur coup

Sans ses petits miracles, jamais la formation ottavienne n’aurait pu aspirer à la victoire. Les locaux ont accordé 27 tirs en deuxième, un sommet en une période cette saison dans la LNH, à six tirs du record absolu (33) établi par le Lightning de Tampa Bay face aux Blackhawks de Chicago, en 2018.

Les Red Wings ont même eu des séquences de 12, et de 11 lancers sans riposte pendant cet engagement. Selon le site NaturalStatTrick, ils ont obtenu 10 chances dangereuses dans ces 20 minutes – deux de moins que le total des Sénateurs dans toute la rencontre.

« Je crois que c’est lui qui a trouvé le moyen de gagner pour nous, et non l’inverse, a ironisé David Perron, auteur du premier but du match. Nous n’avons jamais réussi à prendre notre rythme, mais il a fermé la porte pour nous. Il semblait avoir du plaisir. Il avait l’air en confiance, et il est resté calme. »

Une petite frousse

Ullmark a finalement cédé sur le 39e tir dirigé vers lui, celui de Dylan Larkin en début de troisième période. Il a ensuite tenu le fort jusqu’à ce que Dylan Cozens, son premier avec les Sens, dénoue l’impasse en avantage numérique avec 5:04 à écouler au cadran.

« Il a été incroyable, a vanté Cozens, qui en était à son deuxième match dans l’uniforme noir et rouge. J’admirais simplement ce qu’il était en train de faire. C’est arrivé assez souvent que j’ai cru que c’était un but certain, mais il sortait la jambière ou la mitaine au dernier moment. »

Les Red Wings croyaient bien l’avoir déjoué pour une deuxième fois, à ce qui aurait été leur 50e tentative, mais le but a été marqué alors qu’il n’y avait déjà plus de temps au cadran. Les intenses célébrations des visiteurs ont donc été de très courte durée.

« On dirait que les trois dernières secondes en ont duré huit, s’est exclamé Ullmark. C’était interminable. Puis, le tir m’a frappé à un endroit plutôt sensible, alors je ne me sentais pas très bien à ce point-là. »

C’était tout l’inverse pour ses coéquipiers. Ils l’ont entouré dès que l’arbitre a confirmé que le but était refusé, probablement conscients qu’ils lui en doivent maintenant une. Ou deux.

« À ce stade de la saison, et en séries parfois, il y aura des matchs où une équipe sera largement dominée par l’adversaire, a conclu l’entraîneur Travis Green. Quand ça arrive, il faut que ton gardien vole le match. Et c’est ce qu’il a fait ce soir. »