TAMPA – Brandon Hagel a une expression parfaitement imagée pour décrire son parcours vers les plus hauts sommets.
« J’aime dire que je me suis fait frapper en plein visage une centaine de fois avant d’atteindre la LNH », a lancé Hagel lors d’une entrevue avec LNH.com au camp d’orientation de l’équipe canadienne au mois d’août à Calgary.
« J’ai toujours eu à me battre pour créer mon propre chemin. J’ai appris tellement de leçons des obstacles rencontrés sur mon chemin. J’ai traversé des hauts et des bas. Je me suis fait retrancher par des équipes. Les Sabres m’ont repêché en 2016 (6e tour), mais ils ne m’ont jamais offert un contrat. J’ai participé à des camps de recrues sans convaincre une équipe de m’offrir une chance. J’étais un joueur parmi tant d’autres. »
Aujourd’hui, Hagel n’est plus un joueur parmi tant d’autres. Le Saskatchewanais de 27 ans appartient maintenant à la rare catégorie de l’élite de la LNH.
Auteur d’une première saison de 90 points (35 buts, 55 passes) en 82 matchs l’an dernier avec le Lightning de Tampa Bay, Hagel se destine vers une autre campagne de près d’un point par match. Avant de se blesser le 15 décembre dernier, il avait déjà amassé 31 points (18 buts, 13 passes) en 32 matchs.
À l’infirmerie pour les quatre derniers matchs des siens, il représentera un cas douteux pour la visite des Canadiens de Montréal dimanche en fin d’après-midi à Tampa. Mais peu importe sa présence au sein de la formation, l’ailier a déjà offert de bons arguments pour gagner un poste au sein de l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques de Milano Cortina 2026.
« Quand tu portes le chandail du Canada, tu ressens un immense sentiment de fierté, a mentionné Hagel. J’ai eu cette chance pour la Confrontation des 4 nations et j’aimerais revivre cette expérience pour les Jeux olympiques. Je ne savais pas à quoi m’attendre des 4 nations. Mais au premier match, le Centre Bell était rempli pendant la période d’échauffement. J’en avais des frissons en regardant la foule. »
« Pour moi, c’était aussi une victoire, a-t-il continué. Si tu m’avais dit il y a trois ou quatre ans que j’étais pour me retrouver sur le radar de l’équipe nationale, je vous aurais répondu que vous êtes fou. Je ne croyais pas plus parapher un contrat à long terme avec un bon salaire (8 ans, 6,5 millions $ par année). Mais je m’améliore et je joue du bon hockey. »
À la Confrontation des 4 nations, Hagel a fait honneur à son propre mantra de recevoir des coups dans le visage. Pour le classique match contre les États-Unis du 15 février au Centre Bell, le fougueux ailier a livré un combat contre Matthew Tkachuk.
« Je ne réalisais pas ce qui se passait sur la glace pour les premières secondes du match, a-t-il expliqué avec le sourire. Je me retrouvais sur la patinoire pour la mise en jeu initiale et Tkachuk m’a lancé l’invitation pour un combat. Je ne pouvais pas reculer. Je ne suis pas un bagarreur, mais je devais y aller. À ma sortie du banc des punitions, (Connor) McDavid a marqué son but sur une échappée. Je n’oublierai jamais ce moment et le bruit de la foule. C’était un but formidable et un moment magique. C’était tellement cool. »
Le Canada avait perdu 3-1 ce match endiablé contre les États-Unis. Mais les Canadiens avaient savouré une douce revanche en l’emportant 3-2 en prolongation face aux Américains quelques jours plus tard au TD Garden de Boston.
Un essai avec le Tricolore
Dans un passé pas si lointain, Hagel cherchait juste à recevoir une seule petite chance. C’était dans cet état d’esprit qu’il avait participé au camp de développement et au camp des recrues avec les Canadiens de Montréal en 2018. Mais cette expérience s’est finalement avérée une déception de plus dans son cheminement.
« J’avais 20 ans à mon camp des recrues à Montréal, s’est-il remémoré lors du camp d’orientation de l’équipe canadienne à Calgary. J’étais probablement juste un numéro sur la liste des Canadiens. Je me doutais que je ne cadrais pas avec l’équipe. J’avais eu peu de conversations avec les dirigeants. En n’ayant pas de contrat avec une équipe de la LNH, je n’ai pas eu le choix de retourner à Red Deer pour ma saison de 20 ans dans la WHL. Brent Sutter avait été génial avec moi. Il m’avait dit qu’il ferait tout pour m’aider si je parvenais à l’aider en retour. Durant la saison, les Blackhawks m’ont approché. Je n’y croyais pas trop au départ, mais une semaine plus tard, je signais un premier contrat.
« Je suis probablement un joueur différent aujourd’hui en raison de mon parcours, a-t-il poursuivi. Je n’ai jamais reçu de cadeau. J’ai souvent patiné à l’aile d’un quatrième trio avant de grimper dans la hiérarchie de l’équipe. Je ne changerais rien dans mon chemin. J’ai plus de caractère grâce aux embûches. Je suis probablement devenu plus fort mentalement. »
Hagel, qui a joué une saison complète avec les IceHogs de Rockford dans la Ligue américaine en 2019-2020, a gagné un poste avec les Blackhawks dès la saison suivante. À sa deuxième année à Chicago, Julien BriseBois a conclu une transaction importante pour obtenir ses services. Le Lightning a échangé Tyler Raddysh, Boris Katchouk, un choix de premier tour en 2023 et un choix de première ronde en 2024 contre Hagel et un choix de quatrième tour en 2022.
Au moment de l’échange (18 mars 2022), Hagel avait obtenu 37 points (21 buts, 16 passes) en 55 matchs avec les Hawks. Il avait aussi l’avantage de toucher un salaire plus que raisonnable à 1,5 million $ pour le reste de la saison 2021-2022 et l’année suivante.
« Oui, cet échange a changé ma carrière, a reconnu Hagel. Quand j’ai vu ce que Julien et le Lightning avaient donné pour faire mon acquisition, j’ai ressenti un bon sentiment. Je trouvais ça cool de constater le prix qu’ils ont payé. Je réalisais qu’ils devaient m’aimer et qu’ils étaient pour m’offrir de grandes responsabilités. »
À son arrivée avec le Lightning, Hagel a atteint la finale, mais l’Avalanche du Colorado avait brisé son rêve de remporter la Coupe Stanley au mois de juin 2022. Tampa Bay, qui occupe la deuxième place de la section Atlantique avec une fiche de 21-13-3, sera de nouveau dans la course cette année.
« À Tampa, il y a un seul objectif et c’est de gagner, a souligné Hagel. Julien fait tout pour y arriver comme DG. À l’approche de la date limite des transactions, tu sais qu’il bougera pour améliorer l’équipe. Tu ne peux demander mieux comme joueur. »


















