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Martin Bernard avait un plan bien précis en tête pour assurer le développement de Nathan Légaré. Exactement la même recette que l'entraîneur-chef du Drakkar de Baie-Comeau de la Ligue de hockey junior majeur du Québec avait utilisée avec l'attaquant Anthony Beauvillier et avec le défenseur Samuel Girard à l'époque où il dirigeait les Cataractes de Shawinigan.

En quelques mots, ce plan peut être résumé ainsi : il allait lui donner l'occasion de se faire valoir à outrance si, et seulement si, l'attaquant livrait la marchandise en retour.
« L'idée c'était de lui offrir des chances de jouer dans ses forces, a expliqué le pilote. Nous avons abordé les choses une étape à la fois question de bien bâtir sa confiance. Et toutes les fois que je lui ai présenté des occasions, il les a saisis.
« Quand tu vois que le jeune répond bien, après ça, c'est plus facile de faire augmenter son volume d'occasions et de le mettre dans une chaise dans laquelle il est capable d'exceller. »
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Cette chaise se situait à la droite d'Ivan Chekhovich et de Gabriel Fortier sur le premier trio de la formation. Elle ne lui était toutefois pas réservée. Légaré a obtenu la chance de s'en emparer dès le deuxième match de la saison quand Bernard a jonglé avec ses trios. Il ne l'a pas gaspillée.
Il a terminé la rencontre avec deux buts - le dernier sur des aides de Chekhovich et de Fortier - et une aide dans un gain de 6-4 face aux Saguenéens de Chicoutimi
« Je voulais les retrouver parce que j'avais fini la dernière saison avec eux, a expliqué le natif de Saint-Eustache de 18 ans. Après ce match, on a pas mal toujours joué ensemble. J'ai pris les bouchées doubles parce que je voulais mériter mon temps de glace et pour montrer à Martin ce que je pouvais apporter.
« Notre trio se complète bien. Fortier amène beaucoup de vitesse, Chekhovich est tout un fabricant de jeu et je suis un bon tireur. Ç'a vraiment été un plus pour moi de jouer avec eux. »
C'est en leur compagnie que Légaré a amassé la grande majorité de ses 87 points, dont 45 buts, en 68 matchs et qu'il a contribué à faire de ce trio non seulement l'un des meilleurs de la LHJMQ, mais de la Ligue canadienne en entier.
C'est certain que de connaître autant de succès offensif à son année de repêchage peut aider à ne pas trop serrer le bâton et c'est probablement ce qui lui a permis d'afficher une constance digne de celle d'un vétéran. Sa plus longue « disette » de la saison a duré quatre matchs. Rien de trop inquiétant.
« Je suis assez fier de ça, a commenté le patineur de 6 pieds et 196 livres. Je suis arrivé au camp avec une bonne confiance et j'étais motivé par le fait d'avoir été retranché par Équipe Canada en vue de la Coupe Hlinka-Gretzky au mois d'août.
« Je ne m'attendais pas à récolter autant de points, mais plus l'année avançait et plus j'avais confiance dans les jeux que je faisais. Plus l'année avançait, plus j'y croyais. »
Distractions
Légaré produisait à un point tel que l'attention des observateurs et des médias s'est portée sur lui quand le Bureau central de dépistage de la LNH l'a classé au 64e rang des patineurs nord-américains. Ça semblait un peu bas puisqu'il maintenait à ce moment un rythme qui lui permettait d'espérer atteindre le plateau des 50 buts.
C'est la seule fois de l'année que la pression a réussi à avoir le dessus sur lui. Pour un temps seulement.
« Plusieurs personnes croyaient qu'il aurait dû être mieux classé, a relaté Bernard. Ensuite, on a avancé qu'il pourrait être le premier joueur de 17 ans à atteindre le plateau des 50 buts depuis Sidney Crosby. Ç'a amené beaucoup de pression sur lui et il a commencé à forcer les jeux un peu plus.
« Mais Nathan est un jeune homme très intelligent avec lequel on peut discuter. Je pense qu'il a compris l'essence de ce qu'il devait faire comme joueur et il est revenu rapidement à ce qu'il faisait si bien avant cet épisode au niveau de son approche mentale. »
Grâce à cette impressionnante saison et au repêchage de la LNH qui approche à grands pas, Légaré se fait de moins en moins aborder pour parler de son ancien compagnon de trio dans le midget AAA - un certain Alexis Lafrenière.
Pas qu'il n'aime pas parler de son bon ami, mais le fait qu'il ait réussi à finalement attirer les projecteurs sur lui est assurément un bon signe.
« Ça ne me dérangeait pas, mais ce n'était pas la même approche que maintenant, a-t-il dit. Alexis est un joueur exceptionnel, j'ai une bonne relation avec lui et il n'y a aucune jalousie à ce niveau, mais le fait qu'on me parle maintenant plus de moi, ça prouve que j'ai travaillé fort et que je reçois un peu plus de mérite. »