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Fred Sasakamoose, l'un des premiers joueurs autochtones de la LNH, est décédé mardi. L'ancien attaquant des Black Hawks de Chicago était âgé de 86 ans et avait été hospitalisé après avoir contracté la COVID-19.

Sasakamoose, qui demeurait dans la réserve de la nation crie Ahathkakoop, en Saskatchewan, avait effectué un test de dépistage de la COVID-19 le 19 novembre, test qui s'est révélé positif deux jours plus tard, selon ce qu'a expliqué son fils Neil.
Il a reçu des antibiotiques par intraveineuse et a été placé sous respirateur, mais le virus avait fait trop de dommages à ses poumons, a précisé son fils.
« Ce virus, la COVID, a trop affaibli ses poumons, et ils ne pouvaient plus répondre, son corps ne pouvait plus suivre », a-t-il précisé par vidéo sur Facebook. « Quand je lui ai parlé, je lui ai demandé comment il se sentait, s'il avait peur. Il m'a dit : ''je n'ai pas peur, je suis prêt à partir. Si je dois partir, je vais partir''. Je lui ai dit que s'il était fatigué, il pouvait partir. Il pouvait partir et il n'avait pas à s'inquiéter pour nous ici. »

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L'ainé de la famille Sasakamoose a disputé 11 matchs avec les Black Hawks en 1953-54. Il n'a pas réussi à amasser de point.
« Il n'y avait que 125 joueurs et six équipes, et j'en faisais partie », avait-il rappelé lors d'une entrevue avec le réseau Global en 2018.
Sa carrière dans la LNH a peut-être été brève, mais elle a ouvert la porte à plusieurs joueurs et entraîneurs avec des origines autochtones, dont Carey Price, Jordin Tootoo, Bryan Trottier, Reggie Leach, George Armstrong, Ted Nolan, Craig Berube, Sheldon Souray, Gino Odjick et Theo Fleury.
« Il a été un pionnier, quelqu'un que tu regardes et qui a brisé des barrières en tant que membre des Premières Nations, a souligné Trottier. Il ne réalisait pas à quel point il a été une inspiration parce qu'il était un homme humble, au même titre, à mon avis, que Jean Béliveau, Gordie Howe et toutes ces personnes qu'on regarde avec admiration. »
Sasakamoose avait appris lors de son dernier match avec Moose Jaw, dans la Western Canadian Junior Hockey League, que les Black Hawks voulaient qu'il se présente à Toronto pour disputer un match contre les Maple Leafs le 27 février 1954.
« J'ai sauté dans le train le soir même », a-t-il raconté au Edmonton Sun en mars 2014. « Je m'en allais à Toronto. J'allais jouer. Trois jours sur le train. Je ne sais pas comment ça s'est su aussi rapidement qu'un Indien allait jouer.
« Je faisais mon réchauffement sur la glace. Quelqu'un a patiné à mes côtés et m'a dit ''il y a quelqu'un qui veut te parler là-bas''. Je n'avais jamais vu le (commentateur) Foster Hewitt de ma vie, puisqu'il décrivait à la radio. Il m'a demandé comment on prononçait mon nom. C'était une grosse nouvelle, très importante. J'étais un Indien qui allait jouer avec un Indien sur mon chandail. »

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Sasakamoose a participé au camp d'entraînement des Black Hawks à l'automne 1954, mais il a été cédé dans les Mineures, terminant la saison avec les Saguenéens de Chicoutimi de la Ligue de hockey senior du Québec. Il a joué dans des ligues mineures et senior jusqu'à sa retraite en 1960.
Après avoir accroché ses patins, Sasakamoose est revenu à son domicile de la nation Ahathkakoop dans le but d'offrir à d'autres jeunes les opportunités qu'il avait reçues. Il a aidé à la mise en place d'un programme de hockey mineur, mais aussi à la pratique d'autres sports, dans la communauté. Grâce à son initiative, de nombreux tournois et plusieurs ligues ont vu le jour, dont les Jeux autochtones d'été et d'hiver de la Saskatchwan. Sasakamoose a aussi été impliqué au sein du Groupe de travail pour la diversité de la LNH et la Fondation autochtone de guérison.
Sasakamoose a eu un parcours long et difficile pour atteindre la LNH. Il a notamment dû quitter le domicile de sa famille pour rejoindre l'école amérindienne St. Michael's à Duck Lake, en Saskatchewan. L'école faisait partie d'un système d'éducation religieuse soutenu par le gouvernement dans le but d'assimiler les enfants autochtones du pays. Ces écoles ont ouvert leurs portes dans les années 1880 et ont fermé en 1996. Les sévices y étaient répandus.
Mais Sasakamoose n'a jamais délaissé sa langue et sa culture. Il a témoigné devant la Commission de vérité et réconciliation du Canada en 2012 au sujet des expériences qu'il a vécues au pensionnat.
Il a été intronisé au Temple de la renommée du sport de la Saskatchewan en 2007. Les Blackhawks l'ont honoré en novembre 2002, et les Oilers d'Edmonton ont fait la même chose en 2014, dans le cadre de leurs célébrations des Premières Nations. Sasakamoose avait effectué la mise en jeu protocolaire avant une partie contre les Rangers de New York.
En 2017, Sasakamoose a reçu l'Ordre du Canada, un honneur soulignant des réalisations exceptionnelles de citoyens canadiens, leur dévouement remarquable envers la communauté ou une contribution extraordinaire à la nation.

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