NIAGARA FALLS – Gavin McKenna voit et entend tout ce qui se dit à son sujet depuis le début de la saison, les quelques bons commentaires comme les nombreuses critiques.
Plusieurs observateurs commencent à remettre en question son ardeur au travail, son niveau d’engagement, son jeu sans la rondelle et sa production offensive plus faible qu’anticipée avec l’Université Penn State – il a récolté quatre buts et 18 points à ses 16 premiers matchs dans la NCAA.
Son statut de premier de classe au prochain repêchage, autrefois coulé dans le béton, est aussi remis en doute par certains. Pendant ce temps, le jeune homme prend des notes.
« Tout ce qui se dit sur moi m’allume », a lancé l’attaquant de 17 ans, samedi, au terme de la première séance du camp d’entraînement de la formation canadienne en vue du Championnat mondial junior.
« Je suis confiant à l’approche du tournoi. Je sais qu’il y a plusieurs opinions sur mon année, mais je poursuis ma progression en jouant contre de la compétition plus relevée. J’aurais pu rester dans la Ligue de l’Ouest (WHL) et amasser des points à la pelletée, mais j’ai voulu me mettre au défi, et c’est ce qui se produit. »
Après une récolte de 41 buts et 129 points en 56 matchs, un championnat de la WHL et une participation au tournoi de la Coupe Memorial avec les Tigers de Medecine Hat, l’an dernier, il n’avait plus rien à gagner.
Maintenant, c’est comme s’il avait tout à perdre.
McKenna pourrait toutefois renverser la vapeur en dominant le Mondial junior, à sa deuxième participation. Il voudra d’abord aider l’unifolié à racheter son élimination en quarts de finale, l’an dernier, et ensuite remettre les pendules à l’heure en menant cette équipe canadienne au chapitre offensif.
« J’ai de grandes attentes à mon endroit, a-t-il assuré. Je veux être l’un des meilleurs joueurs. Je veux guider cette équipe, je veux être un leader et montrer aux gars ce que ça prend pour gagner. J’espère pouvoir nous mener vers l’or.
« Le tournoi ne s’est pas terminé de la bonne façon lors des deux dernières années. Le Canada ne devrait jamais terminer au cinquième rang. Cette année, tout le monde veut nous voir connaître du succès, et c’est notre motivation. On veut gagner pour le pays. On l’a laissé tomber quelques fois, alors nous le lui devons. »
Avec ce que l’on a pu voir, samedi, il aura la chance de s’imposer comme le fer de lance offensif de la troupe dirigée par Dale Hunter. McKenna se retrouvait à la gauche du premier trio, complété par Porter Martone et Cole Beaudoin – on suppose que ce dernier cédera sa place à Michael Misa quand il sera en santé.
« On peut tous voir ses habiletés et sa vision élite, a souligné Alan Millar, le directeur général du programme d’excellence de Hockey Canada. Il sera un catalyseur offensif pour notre équipe. Nous n’aurons pas de plus hautes attentes envers lui que celles que Gavin aura pour lui-même.
« Si nous voulons connaître du succès, il faudra tous être bons collectivement. Mais en même temps, je ne serais pas surpris si Gavin est l’un des meilleurs joueurs de ce tournoi. »
Dans le contexte des récents ennuis du Canada à ce tournoi, des attentes de la direction à son endroit et d’une année de repêchage en deçà des attentes, McKenna jouera gros dans les prochaines semaines. Tous les yeux seront une fois de plus tournés vers lui – un phénomène auquel il commence à être habitué.
« Oui, bien sûr qu’il y a de la pression, mais j’ai dû la gérer tout au long de ma vie, a-t-il répondu. Ce n’est rien de nouveau pour moi. J’y ai aussi goûté un peu l’an dernier. J’y suis bien préparé et je m’y attends. »
Une vraie chance
Une chose est sûre, c’est qu’il aura la chance de se faire valoir dans ses forces, cette année. McKenna avait été limité à un but en cinq matchs à sa première présence au CMJ, en grande partie parce qu’on ne lui a jamais véritablement confié un rôle à la hauteur de son talent.
On ne l’avait surtout jamais jumelé à Martone au sein du même trio, alors que les deux ont fait la pluie et le beau temps quand ils ont joué ensemble au Championnat mondial des moins de 18 ans au printemps 2024.
« On a un très bon fabricant de jeu et un très bon marqueur, c’est la situation idéale, a tout simplement résumé Hunter. Ils aiment jouer l’un avec l’autre et ils se complémentent bien. C’est une bonne combinaison. »
Martone, un espoir des Flyers de Philadelphie, assure quant à lui que son jeune complice n’a rien perdu de sa superbe. Ayant lui-même fait le saut de la Ligue canadienne (LCH) à la NCAA cette saison, il sait très bien que la transition d’une ligue à l’autre peut être plus compliquée à un jeune âge.
La sienne s’est en tout cas bien passée puisqu’il mène les Spartans de Michigan State au chapitre des buts (11) et des points (20) après ses 16 premières rencontres dans les rangs universitaires américains.
« Je pense que plusieurs personnes oublient à quel point le niveau de jeu est difficile, a-t-il défendu. Il est encore jeune, et je crois qu’il s’est ajusté de façon formidable. J’ai joué deux matchs contre lui et il a été incroyable. C’est un style de hockey différent et ça prend du temps.
« Il a bien amorcé son adaptation et il continuera de s’améliorer. Je suis certain que le hockey universitaire l’aura aidé, et qu’on verra les résultats pendant le tournoi. »


















