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Dans le cadre du mois du Hockey pour vaincre le cancer, LNH.com vous présentera une série d'articles avec des personnalités et leur combat contre le cancer. Aujourd'hui, l'inspirant retour au jeu d'Oskar Lindblom après sa lutte contre un sarcome d'Ewing.
Pour Oskar Lindblom, son retour au jeu dans l'uniforme des Flyers de Philadelphie lors des séries éliminatoires de la Coupe Stanley marquait une étape importante dans sa bataille contre le cancer des os.

L'attaquant de 24 ans a vu son nom être ajouté à la formation de l'équipe pour le sixième match de la deuxième ronde de l'Association de l'Est contre les Islanders de New York, le 3 septembre. Neuf mois plus tôt, le 10 décembre 2019, il apprenait qu'il souffrait d'un sarcome d'Ewing.
Lindblom a souligné l'appui qu'il avait reçu de la part de ses coéquipiers et du monde du hockey dans sa lutte.
« Ça voulait tout dire, a-t-il indiqué. Ils continuaient de me parler comme si j'étais encore avec l'équipe même si je n'étais pas avec eux. Lors de ces difficiles semaines, quand je me sentais si mal et que je pensais à la vie, de recevoir leurs appels, leurs textos, ça me donnait de l'énergie. Ça m'a aidé à passer à travers. »
Lindblom a peut-être été inspiré par ses coéquipiers, mais pour eux, c'est lui qui était une inspiration. L'annonce de la maladie de l'attaquant, sa lutte contre le cancer et sa rémission a laissé sa marque sur ses coéquipiers, les entraîneurs, l'équipe médicale et même le monde des affaires.
Claude Giroux n'oubliera pas le moment, il y a 10 mois, où il a appris la nouvelle.
« Je m'en souviens comme si c'était hier, a dit le capitaine des Flyers. Nous étions dans le lobby de l'hôtel à Denver. Je discutais avec le (directeur du Service de santé) Jimmy McCrossin et il m'a appris la nouvelle. Je n'arrivais pas à y croire. C'est le genre de nouvelle que tu n'arrives pas à assimiler tout de suite. À ce moment-là, on ne savait pas encore à quel point c'était sérieux ou ce que c'était vraiment. Mais on savait que ce n'était pas de bonnes nouvelles. »
McCrossin a tenu une réunion avec l'équipe alors que Lindblom était sur la voie du retour vers Philadelphie.
« C'était le silence complet, s'est rappelé McCrossin. Puis, il y a eu des questions après deux ou trois minutes de silence. Quand les gens entendent le mot cancer, ils ne comprennent pas toujours quand on leur dit qu'on l'a diagnostiqué à temps et que ce ne sera pas mortel. Ils ne l'entendaient pas. Le mot en ''C'' est toujours synonyme pour les gens que la personne va mourir et ils demandent combien de temps il lui reste. C'était des questions du genre. Puis les choses finissent par se calmer et ils commencent à écouter, à comprendre la situation et comment ils doivent agir. »

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C'est une équipe épuisée mentalement qui est revenue à Philadelphie six jours plus tard après avoir perdu les trois matchs de son voyage sur la route suivant l'annonce.
Les joueurs se sont présentés au Wells Fargo Center pour l'entraînement matinal avant un match contre les Ducks d'Anaheim, le 17 décembre. Une gigantesque surprise les attendait. C'est Lindblom qui les a accueillis.
Les Flyers se sont levés et ont signé un gain de 4-1 ce soir-là.
Chaque fois que Lindblom a rendu visite à ses coéquipiers pour assister à un match, l'équipe a été inspirée, peu importe ce qui se passait à ce moment.
« Gagner ou non le match n'était pas important, a mentionné Giroux. Oskar était là et ça nous rendait heureux. C'est un gars très joyeux qui donne le sourire à tout le monde. Il est toujours souriant. Quand tu as un gars comme ça autour de toi, ça se transmet au reste de groupe. »
Motivés par la présence de Lindblom et son combat, les Flyers ont terminé au quatrième rang de l'Association de l'Est, obtenant ainsi leur laissez-passer pour la première ronde des séries éliminatoires. L'autre bonne nouvelle a été annoncée avant le début des séries, lorsqu'a été dévoilée la formation de 31 joueurs qui se rendraient dans la bulle de Toronto pour la ronde de qualification de la Coupe Stanley.
Le nom de Lindblom y était.
« Je sais à quel point c'était génial pour lui d'être avec nous dans la bulle, a souligné Giroux. Mais avec ce qu'il venait de vivre, est-ce que ce serait possible pour lui de jouer? Il allait devoir travailler extrêmement fort. Il n'y a pas beaucoup de gens qui auraient été en mesure de se remettre en forme. »
Mais pour lui permettre de reprendre la forme, les Flyers allaient devoir jouer assez longtemps. Encore une fois, la présence de Lindlbom a été une motivation pour ses coéquipiers, particulièrement lorsqu'il a été inséré dans la formation lors des deux derniers matchs de la deuxième ronde.
Les Flyers se sont inclinés en sept parties contre les Islanders, mettant ainsi terme trop rapidement à un scénario digne d'Hollywood. Mais le fait d'avoir Lindblom sur la glace avec eux est un moment que les joueurs garderont en mémoire longtemps.
« Avoir Oskar nous a rapprochés, a affirmé Giroux. On jouait beaucoup plus en équipe, jouer pour l'autre. C'était un sentiment différent. »
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C'est dans la chambre d'hôtel d'Alain Vigneault à Denver que McCrossin a annoncé à Lindblom son diagnostic de cancer en ce jour de décembre. L'entraîneur des Flyers a également eu à jouer le rôle de présence rassurante pour ses joueurs chaque jour qui a suivi.
Il s'agit d'un rôle très différent de celui auquel sont habitués les entraîneurs de ce niveau, loin de leur routine qui consiste à expliquer des stratégies sur un tableau.
« Il n'existe pas de livre de jeux pour ce genre de situation », a reconnu Vigneault.
Il a pu se tourner vers son adjoint Michel Therrien pour obtenir des conseils. Alors qu'il dirigeait les Canadiens de Montréal en 2001-02, Therrien était aux premières loges de la bataille qu'a livré Saku Koivu contre un lymphome de Burkitt, et de son rétablissement qui a suivi.
Mais Vigneault affirme que la plus grande aide est venue de Lindblom lui-même
« C'est Oskar qui a fait en sorte que la situation soit tolérable, a expliqué le pilote. Il n'a pas changé d'attitude, il ne s'est jamais plaint. C'est pourquoi la situation a été bien gérée par notre groupe. C'est parce qu'il avait ce sourire aux lèvres et que nous savions qu'il allait s'en sortir. »
Les Flyers ont amorcé leur camp d'entraînement le 13 juillet, 11 jours après la fin du traitement contre le cancer de Lindblom, ce qu'il a célébré en faisant tinter la cloche protocolaire du Abramson Cancer Center de l'Hôpital de Pennsylvanie.

« J'ai discuté de la situation avec Oskar devant le reste de l'équipe dès notre première réunion lorsque nous avons été réunis, a raconté Vigneault. Je me souviens avoir dit à Oskar que les médecins m'avaient indiqué qu'il n'allait pas être en mesure de jouer cette saison. Je lui ai toutefois dit que si nous atteignions la finale d'association, qui aurait commencé le 6 septembre à Edmonton, alors il pourrait peut-être jouer puisque les médecins m'avaient aussi assuré qu'il devrait être remis pour le début du camp d'entraînement.
La motivation que Vigneault a donnée à Lindblom a aussi servi de carburant pour ses autres joueurs - plus ils allaient loin en séries, meilleures étaient les chances que Lindblom puisse jouer.
Ça a fonctionné jusqu'à un certain point, puisque les Flyers ont remporté une première série depuis 2012, éliminant les Canadiens en six matchs au premier tour, avant de baisser pavillon en sept parties contre les Islanders en deuxième ronde.
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La docteure Kristy Weber, la directrice du programme de sarcome à Abramson, a fait partie de l'équipe qui a traité Lindblom.
« Lorsque nous soignons des enfants ou des adultes atteints de ce type de sarcomes... la chimiothérapie en elle-même ne suffit pas, elle ne guérit pas les gens, a-t-elle expliqué. Nous devons attaquer la tumeur là où elle a pris naissance. Avec un sarcome d'Ewing, il peut s'agir d'une chirurgie ou d'une radiothérapie. Il y a des avantages et des inconvénients avec ces deux approches. »
Peu de décisions prises pendant le traitement d'un cancer sont faciles à prendre ou ne sont pas émotives. Mais Weber, une oncologiste orthopédique qui travaillait à l'Hôpital de la Pennsylvanie depuis sept ans et demi, a mentionné avoir été frappée par le calme de Lindblom lorsqu'il a choisi d'y aller avec la chirurgie, ainsi que pendant le reste du traitement.
« La chose qui m'a le plus marquée est qu'il était tellement calme, a-t-elle raconté. Lorsque je l'ai rencontré, il avait déjà reçu son diagnostic et il avait amorcé son traitement. Il n'y a pas eu d'éclats, pas de déni parce qu'il était un athlète, pas d'arrogance. Il voulait simplement aller mieux afin de pouvoir renouer avec le sport et les gens qu'il aimait. C'était tout. Il y avait moins de drame, alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que ce soit le contraire avec un athlète professionnel. Il a été très calme, très respectueux, très gentil. Ce fut un plaisir de le rencontrer. »
Le docteur Lee Hartner, qui a été l'oncologiste qui a supervisé le traitement de chimiothérapie, a aussi été frappé par le calme de Lindblom tout au long des sept mois qu'ont duré ses traitements.
« Ce qu'il a traversé est assurément l'une des choses les plus difficiles que nous pouvons demander aux gens de faire, avec la chimiothérapie, l'opération et la durée de tout ça, a expliqué Hartner. Habituellement, la première rencontre, celle où nous donnons toute l'information, est très bouleversante. C'est vrai pour tout le monde. Je dirais qu'il a approché cette situation comme j'imagine qu'il approche n'importe quelle situation dans sa vie. Il s'est dit, voilà ce que j'ai à faire, et ce que nous devons faire pour y arriver, et nous allons réussir. Je dirais qu'il a fait une forte impression sur chacun de nous. »
Cet impact a été mis en évidence le 2 juillet lorsque Lindblom a fait retentir la cloche protocolaire afin de souligner la fin de son traitement, et qu'il a été accueilli par plus d'une douzaine de médecins et d'infirmières qui avaient pris soin de lui. La plupart d'entre eux portaient des chandails où était écrit « Oskar Strong ».

Lindblom a aussi fait de ses médecins des partisans de hockey. Weber, native de St. Louis, a indiqué que le seul match de hockey qu'elle avait regardé récemment était celui où les Blues de St. Louis avaient remporté la Coupe Stanley en 2019. Elle se trouvait toutefois devant son téléviseur lorsque que Lindblom a effectué son retour.
« J'envoyais des messages textes ou j'appelais des gens, je leur disais qu'il était sur la glace », s'est remémorée Weber, qui a procédé à la chirurgie visant à enlever les côtes de Lindblom où la tumeur était située et à les remplacer par un tissu à mailles en Kevlar. « Je le regardais avec une certaine appréhension. C'est un sport physique. Je lui ai envoyé un courriel par la suite, et je lui ai dit à quel point j'étais fière de lui, et je lui ai avoué que j'étais un peu nerveuse. Il m'a affirmé qu'il n'y avait même pas pensé. Il n'a pas songé qu'il pouvait être écrasé contre la rampe. Il était tellement heureux d'être sur la glace. »

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Kim Parent et Jodi Smith ont créé Biscuit Tees, une entreprise de vêtements sportifs en ligne à Philadelphie, à l'été 2018.
La majeure partie de leurs articles sont liés aux Flyers, en partie parce que Parent est la fille de la légende des Flyers Bernard Parent. Mais ce lien a également poussé Parent et Smith à vouloir faire quelque chose pour Lindblom au cours des jours qui ont suivi son diagnostic de cancer.
Un chandail a été conçu et publié sur le compte Instagram de l'entreprise le 16 décembre.
« Dès que nous avons publié la photo de ce chandail, tout a changé, a noté Parent. Nous n'avions pas une tonne d'abonnés sur les réseaux sociaux, alors les images ont été partagées à plusieurs reprises… Nous avons immédiatement reçu des commandes, et ça ne s'arrêtait pas. »
L'objectif initial était d'amasser 5000 $ pour « Le hockey pour vaincre le cancer ». Ce chiffre a atteint 50 000 $ en moins d'une semaine.
Des joueurs provenant d'autres équipes de la LNH ont porté leurs chandails en signe de soutien, dont Sidney Crosby des Penguins de Pittsburgh, Nicklas Backstrom des Capitals de Washington et P.K. Subban des Devils de New Jersey.

Tweet from @NJDevils: The #NJDevils and the hockey world are behind you, @oskarlindblom!#OskarStrong | @NHLFlyers pic.twitter.com/4G3cA61bZQ
« Nous avons trouvé ces gestes tellement beaux, a reconnu Parent. Ils ont rapproché tous les joueurs de la Ligue, alors que nous sommes habitués aux rivalités. Ces rivalités ont été mises de côté pendant un certain temps. »
Les ventes de chandails « Oskar Strong » ont permis d'amasser plus de 200 000 $ pour « Le hockey pour vaincre le cancer ». Depuis sa fondation, Biscuit Tees a remis 10 pour cent des ventes de tous ses articles à différentes œuvres caritatives, mais Parent affirme que son entreprise travaillait désormais de manière plus étroite avec « Le hockey pour vaincre le cancer » afin de rendre hommage à Lindblom d'une autre manière.
« Le simple fait qu'autant de gens soient touchés par le cancer, et que ça ne se limite pas aux gens autour de nous, c'est quelque chose qui se passe à l'échelle du pays et nous pouvons aider en amassant des fonds pour cette cause, a mentionné Parent. Notre entreprise a assurément pris ce virage après ce qui est arrivé à Oskar. Ça s'est surtout produit en raison d'Oskar, et des gens qui ont communiqué avec nous sur une base quotidienne et qui sont touchés par le cancer. »