FEATURE DESHARNAIS PK BADGE LEPAGE

DALLAS, Texas – Très rares sont les fois où les mots « infériorité numérique » et « showtime » ont été utilisés dans la même phrase. On pourrait qualifier cet aspect d’un match de hockey d’utile et de nécessaire, mais ce n’est pas exactement ce qui fait vendre des billets aux partisans avides de sensations fortes.

Mais pour Vincent Desharnais, chaque fois que son équipe est punie, c’est le moment de briller. C’est showtime.

« C’est une mission, on s’en va à la guerre, a-t-il raconté en entrevue avec LNH.com à l’hôtel des Oilers d’Edmonton, vendredi. Quand Connor (McDavid) a eu sa punition de quatre minutes, hier, on s’est tous regardés et on s’est dit que c’était showtime. »

Et ce le fut. Le capitaine des Oilers a été envoyé au cachot pendant de longues minutes au tout début de la première période de prolongation dans le premier match de cette finale de l’Ouest face aux Stars de Dallas. Ces derniers auraient pu se sauver avec la victoire, mais Desharnais et sa bande ont résisté.

Ils ont écoulé ce long désavantage numérique pour prolonger à 19 leur séquence parfaite avec un joueur en moins, qui s’est amorcée au dernier tour contre les Canucks de Vancouver. Ils affichent une étincelante efficacité de 92,5 pour cent (37-en-40) au cours de ces séries – le meilleur rendement dans la Ligue.

En partie grâce à eux, et au but gagnant de McDavid, les Oilers l’ont éventuellement emporté 3-2 au début de la deuxième prolongation.

« C’est la confiance, a expliqué l’arrière québécois. La confiance en soi, mais aussi les uns envers les autres. On sait que chacun va effectuer son travail, alors je n’ai pas besoin de me soucier d’eux. On est très structurés, mais on utilise aussi notre instinct et je pense que ça fait une grosse différence. »

Depuis le début du tournoi printanier, Desharnais est le joueur des Oilers qui passe en moyenne le plus de temps sur la glace en infériorité numérique (3:01), devant son compagnon Mattias Ekholm. Il passe généralement un peu plus de la moitié de la mission sur la patinoire.

Lors du premier match face aux Stars, il a joué 5:09 de ses 23:08 d’utilisation en désavantage numérique. C’est-à-dire qu’il a passé tout ce temps à bloquer des tirs (6), à couper des lignes de passe et à dégager le devant du filet avec brio – on vous avait prévenu que ça n’avait rien de spectaculaire.

« Ce qui distingue Vincent en désavantage numérique, c’est son engagement à bloquer des lancers et à se mettre dans les lignes de tir, a fait valoir l’entraîneur Kris Knoblauch. Il y a aussi tout l’espace qu’il peut couvrir avec sa longue portée. Il est capable de briser des jeux avec son sens de l’anticipation.

« Il est toujours conscient de ce qui se passe autour de lui et des dangers qui nous guettent. Il a été très bon pour nous, pas juste en séries. On s’est beaucoup fiés sur lui en saison également. »

C’est en quelque sorte devenu sa marque de commerce, et c’est ce qui lui a permis de se faire une niche à Edmonton depuis ses premiers pas dans la grande ligue, l’an dernier.

« Quand on est punis ou qu’on mène par un but en fin de match, je veux être sur la glace, a-t-il lancé. C’est mon pain et mon beurre. Je pars en mission, autant que Connor et Leon (Draisaitl) partent en mission pour un but quand on tire de l’arrière. J’en retire de la fierté et ça me donne une belle confiance. »

Reconnaissance

Le travail du Québécois et de ses comparses ne passe assurément pas inaperçu aux yeux de ses coéquipiers. McDavid est toujours l’un des premiers à les encourager lorsqu’ils se sacrifient devant des lancers, et il n’a pas manqué de souligner le travail de l’infériorité après avoir tranché le débat, jeudi.

« Après le match, même les gars qui ne jouaient pas et les entraîneurs sont venus nous voir pour nous féliciter de notre solide travail, a dit Desharnais. C’est un job qui ne reçoit pas beaucoup de mérite, mais qui est tellement important en séries éliminatoires. Tout sera à recommencer au prochain match. »

Parce qu’il ne fait aucun doute que les Stars tenteront d’apporter les ajustements nécessaires pour trouver la faille dans la stratégie des Oilers. C’est le propre du hockey des séries. Les deux équipes finissent par se connaître par cœur et ce sont des détails qui font la différence.

Des détails aussi peu spectaculaires, mais ô combien utiles, qu’une infériorité numérique imbattable.

« En séries, tu peux gagner énormément de momentum en écoulant une punition, a conclu le natif de Laval. Quand tu y parviens, tout le banc le ressent et ça nous donne du jus pour les présences suivantes. Chaque fois, c’est une mission pour donner une chance à notre équipe. »

La tasse de café, le balado de LNH.com

Les Panthers dans le siège du conducteur en finale

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