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MONTRÉAL - Claude Julien n'est pas devin. L'entraîneur des Canadiens de Montréal ne peut pas prédire à quel moment on reprendra les activités dans la LNH, ou si même on pourra les reprendre cette saison. Mais de façon réaliste, il ne s'attend pas à ce qu'on recommence à jouer de « vrais matchs » avant deux mois.

Dans l'intervalle, Julien dit voir à demeurer à jour dans ses tâches afin d'être prêt à reprendre du service.
« Ce n'est pas 12 heures par jour, mais je travaille un peu tous les jours », a-t-il expliqué au cours d'une conférence téléphonique organisée par les Canadiens, mardi. « La situation est semblable au dernier lock-out en 2013. C'est important de rester à l'affût. Je passe du temps à visionner des vidéos afin de trouver les moindres détails que nous pouvons améliorer. Nous n'avons pas tout le temps de faire ça en pleine saison. »
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Il a indiqué qu'il demeure en lien avec ses adjoints et les dirigeants ainsi que quelques-uns des joueurs, avec lesquels il parle sur une base individuelle.
Il a également fait part qu'une fois par semaine, il échange par vidéoconférence avec des membres de la confrérie dans la LNH, comme Barry Trotz des Islanders de New York, Jon Cooper du Lightning de Tampa, Peter DeBoer des Golden Knights de Vegas et même Mike Babcock qui est sans emploi, pour ne nommer que ceux-là.
« Nous avons l'habitude de nous rencontrer pour discuter, souvent à l'occasion du repêchage l'été. Mais comme nous avons du temps en masse maintenant, nous tenons des vidéoconférences, a confié Julien. Nous sommes plusieurs à y prendre part, en alternance. Nous n'échangeons pas au sujet du style de jeu de nos équipes parce qu'aucune équipe n'a de secret pour personne. Nous parlons plutôt de situations particulières que chacun d'entre nous avons pu vivre, de choses qui se produisent dans l'entourage de nos équipes et de la profession en général, sans verser dans les indiscrétions. »
Julien a en tout cas amplement le temps de réfléchir à ce qui n'a pas fonctionné pour le CH cette saison ainsi qu'à des pistes de solution. Il a beau retourner ça dans tous les sens, il arrive à la conclusion que les blessures ont été un grand facteur et que la malchance a également fait son œuvre.
« Je ne donnerai certainement pas la malchance comme excuse, mais il reste que nous en avons eu, a-t-il commencé par dire. Au Centre Bell, nous avons perdu plusieurs matchs par un but. Peut-être que les gars essaient de trop en faire. Nous étions justement à leur donner des outils pour qu'ils se détendent et les inciter à adopter la même attitude à domicile qu'à l'étranger. On ne peut pas dire que nous offrions de mauvaises performances à la maison. C'est le manque de résultats qui faisait mal parce que si nous avions obtenu de meilleurs résultats, nous serions possiblement dans le groupe des 16 premières équipes dans la LNH », a-t-il estimé.
Tatar et Mete rétablis
Au rayon des nouvelles, Julien a mentionné que les Canadiens afficheraient complet, advenant qu'on reprenne les activités dans quelques mois.
L'attaquant Tomas Tatar (épaule) et le défenseur Victor Mete (cheville) sont rétablis des blessures qui les affligeaient. Jonathan Drouin, qui était quasiment prêt à revenir au jeu, le sera assurément.

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L'entraîneur a même laissé entendre que le jeune Jesperi Kotkaniemi, dont la saison devait être terminée en raison d'une blessure à la rate, pourrait reprendre du collier. Il a indiqué que Kotkaniemi récupère chez lui, en Finlande.
Julien a dit qu'il verrait d'un bon œil le scénario de reprise avec 12 équipes de chacune des associations prenant part aux séries parce que les Canadiens en feraient partie.
« Le plus important au retour, c'est qu'on puisse bien gérer le virus afin d'assurer la sécurité de tout le monde, a-t-il avancé. Je me rallierai à la solution que la Ligue privilégiera. La date d'un éventuel retour dictera de la marche à suivre. C'est difficile de répondre à la question parce qu'on nage dans l'inconnu. »
Julien était l'entraîneur des Bulldogs de Hamilton au moment des attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis et il était à la barre des Bruins de Boston lors des attentats au marathon de Boston en 2013. Autant ces événements ont été tragiques, il a allégué que la crise actuelle n'est pas comparable.
« Sans minimiser l'importance des deux premiers événements, qui ont bouleversé le monde, mais il s'agit ici d'un virus qui se propage. Ce n'est pas un événement précis dans le temps. Il y a beaucoup d'incertitude, de questions.
« Au retour, quelle sera la réaction des amateurs? Accepteront-ils de s'asseoir les uns à côté des autres dans les gradins? Je ne vois pas ça arriver jusqu'à ce que la situation soit totalement sous contrôle.
« Cela dit, les gens ont besoin de divertissement. Ils veulent voir du sport, que ce soit du hockey, baseball, basketball, football, ou peu importe. Si ça doit être par le truchement de la télé initialement, eh bien il faudra voir. Il y a beaucoup d'incertitude. De ce temps-ci, on change notre opinion tous les jours parce que la situation évolue quotidiennement. »
Retour aux bonnes valeurs
Julien vit en confinement avec sa femme et ses deux enfants au domicile estival familial en Ontario, à quelques heures de Montréal.
« L'aspect positif dans tout ça, c'est le temps qu'on passe en famille. Je ne me souviens pas d'avoir passé autant de temps de qualité avec mon monde. C'est un retour aux valeurs traditionnelles. C'est comme si on avait reculé de 40 ans dans le temps. »
Julien a dit suivre avec beaucoup d'intérêt l'évolution de la pandémie de coronavirus qui est venue mettre un frein à la saison de hockey ainsi qu'à toutes activités non essentielles.
Lui qui se retrouve sous les projecteurs tous les jours ou presque pendant la saison, il est à même d'apprécier le travail du premier ministre du Canada Justin Trudeau et des premiers ministres provinciaux, comme François Legault, du Québec, et Doug Ford, de l'Ontario, dans les conférences de presse quotidiennes qu'ils tiennent depuis le début de la crise.
« Je m'intéresse à la façon qu'ils s'adressent à la population, a-t-il avoué. Je veux apprendre d'eux. Ils parlent de vie et de mort, moi c'est juste du sport. Je respecte le défi auquel ils sont confrontés et le sang-froid qu'ils montrent dans les circonstances. C'est important de projeter cette image quand tu es le chef. Ils font de l'excellent travail et ils donnent l'heure juste. »