PELLETIER BADGE LEPAGE

MONTRÉAL – Jakob Pelletier a esquissé un grand sourire quand il s’est mis à penser aux émotions qu’il vivra, en soirée, quand il disputera le tout premier match de sa carrière au Centre Bell.

« Ça va être malade, pour vrai, a lancé l’attaquant québécois des Flyers de Philadelphie samedi matin. Les Canadiens sont dans le portrait des séries en plus, la foule va être complètement folle. Pour moi, c’est un rêve de jouer ici. »

Le natif de Québec sait bien qu’il pourra toujours compter sur le soutien inconditionnel de sa famille et de ses amis, dont plusieurs seront dans les gradins, mais il a aussi reçu quelques avertissements de la part de certains membres de son entourage, à quelques heures de ce grand moment.

« C’est drôle, j’ai cinq de mes chums qui viennent de Québec et qui sont des partisans des Canadiens, a raconté le jeune homme de 24 ans. Ils me disaient hier qu’ils n’étaient pas certains de vouloir que je gagne ce match. Ce n’est pas que je veux jouer les trouble-fêtes, mais un peu! »

Les Canadiens occupent la deuxième place de quatrième as dans l’Est, et n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre d’ici la fin de la saison s’ils veulent accéder aux séries. Les Flyers, eux, auraient besoin d’un miracle pour s’y frayer un chemin – une défaite contre le Tricolore les éliminerait d’ailleurs de la course.

Il ne leur reste donc plus que la motivation de casser le party, et de mettre la table de la bonne façon pour la saison prochaine. Et ils prennent ça au sérieux. Depuis le congédiement de John Tortorella, les Flyers ont signé trois victoires de suite, dont une de 6-4 contre le Tricolore jeudi dernier.

On a un peu l’impression qu’ils ont vécu leur propre version du « Jour de la libération ».

« C’est sûr que l’environnement est un peu plus positif, un peu plus libre, a souligné le capitaine Sean Couturier. Les gars ont un peu moins peur de faire des jeux. C’est important d’apprendre de nos erreurs sans avoir peur d’en faire. Pour une jeune équipe, ça fait partie des apprentissages. »

Cette approche encouragée par Brad Shaw, l’entraîneur par intérim, semble porter ses fruits. En trois matchs, Matvei Michkov a explosé avec quatre buts et sept points – le plus haut total chez les siens. L’attaquant recrue avait subi les foudres de Tortorella à quelques occasions en début de campagne.

« Il n’a jamais vraiment eu peur d’essayer des jeux, même avec Torts, a relativisé Couturier. Il avait peut-être plus de conséquences quand il commettait des erreurs. Il se retrouvait plus assis au bout du banc. Il a l’air plus libre, plus à l’aise de jouer sa game. »

Sans attribuer son lent départ avec les Flyers à son ancien entraîneur, le même phénomène semble se produire avec Pelletier. Acquis à la fin janvier, il a inscrit son premier but dans son nouvel uniforme, il y a une semaine, et obtient en moyenne 2:14 de temps de jeu supplémentaire que sous le règne de Tortorella.

BUF@PHI: Pelletier complète le jeu de Tippett

Il n’évolue plus sur le quatrième trio, et se retrouve à l’aile de Ryan Poehling et d’Owen Tippett, où il gagne en confiance en trouvant enfin ses repères offensifs.

« C’est dur de t’adapter quand tu changes de club, a argué Pelletier. Il fallait m’habituer à un nouveau système aussi. Ça m’a pris du temps. Quand je joue plus, j’ai l’impression de pouvoir être un joueur d’impact.

« Le mot d’ordre depuis une dizaine de matchs est d’avoir du plaisir en jouant. Il en reste six à notre saison. Le coach veut qu’on travaille fort, mais qu’on ait du fun à jouer. Je pense qu’on avait perdu ça un peu dernièrement. Les vibes sont bonnes en ce moment. »

Il y a fort à parier que les amis de Pelletier souhaitent aussi qu’il s’amuse d’ici la fin de la campagne – seulement pas trop contre les Canadiens, samedi.

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