BROSSARD – Il y a maintenant un jeune loup de plus dans la bergerie. Mais ce jeune loup n’arrive pas dans l’environnement de Montréal en portant une cape de sauveur. Martin St-Louis l’a dit à deux reprises avant le départ de l’équipe pour Pittsburgh.
Le jeune loup a 21 ans. Il porte le nom de Jacob Fowler, un joyau de l’organisation.
Il y a quelques mois, on croyait que Fowler passerait sagement une saison avec le Rocket, loin des projecteurs et de la marmite montréalaise. Mais le plan ou la présomption vient de basculer.
Peu de temps après le revers de 6-1 contre le Lightning de Tampa Bay mardi au Centre Bell, Kent Hughes et Jeff Gorton ont rappelé trois joueurs du Rocket de Laval : Fowler, Adam Engstrom et Owen Beck.
Des trois, Fowler est celui qui a généré la plus grosse vague médiatique. Et de loin.
Encerclé par une dizaine de micros dans l’antichambre du vestiaire après l’entraînement de l’équipe mercredi à Brossard, St-Louis a refusé de décrire le SOS lancé à l’Américain comme un message fort de l’organisation.
« Je ne dis pas que c’est un message du DG, a répliqué l’entraîneur en chef. C’est une décision qu’on prend comme organisation. Ce n’est pas Kent qui arrive et qui fait tout ça. C’est une décision d’organisation. On a beaucoup de bons jeunes joueurs en bas. Il y a quelques semaines, on avait rappelé Adam Engstrom. Je trouvais qu’il le méritait. Nous voulions voir sa progression. »
« C’est un horaire chargé, a-t-il poursuivi. Nous savions qu’à un moment, nous étions pour voir Fowler afin de connaître où il en est dans son développement. Il sera du voyage. Nous verrons s’il jouera. Je ne vois pas ça comme on envoie un message. Je vois plus ça comme une organisation qui a plusieurs bons jeunes joueurs. Nous essayons de voir où ils en sont. Nous continuons dans notre processus de bâtir une équipe de championnat. Ça fait partie d’une étape. C’est un peu de ça. »
Relancé en anglais sur cette décision d’ajouter un gardien au moment où Jakub Dobes et Samuel Montembeault ont une confiance des plus fragile, St-Louis a rejeté l’hypothèse d’une décision désespérée de l’organisation.
« On ne fait rien par désespoir, a-t-il affirmé. Quelqu’un de désespéré, c’est une personne qui n’est pas calculée et qui n’a pas de plan. »
Le rappel de Fowler s’inscrit donc dans un plan plus large. C’est du moins la version véhiculée par l’équipe.
St-Louis a joué la carte du développement pour justifier cette décision d’ajouter du renfort à cette position clé. Devant les micros, il a logiquement voulu s’éloigner de la thématique du sauveur, un concept fort chez les partisans du CH.
« On ne joue pas d’une façon assez constante en avant de nos gardiens, a mentionné l’entraîneur. On a de bons moments, mais la constance manque d’un match à l’autre et à l’intérieur d’un match. Il faut aller chercher ça pour nos gardiens. Fowler n’arrive pas comme un sauveur. Notre game collective devant nos gardiens devrait nous placer dans de bien meilleures situations que récemment. Des fois, c’est trois ou quatre minutes (mauvaises minutes). Des fois, c’est 35 secondes. C’est une ligne fine entre gagner et perdre dans la LNH. »
Dobes (,887) et Montembeault (,857) viennent aux 39e et 52e rangs pour le taux d’efficacité parmi les 53 gardiens qui ont participé à 10 matchs ou plus cette saison dans la LNH. Avec de telles statistiques, on peut comprendre la décision des dirigeants de l’équipe d’offrir une chance à un autre gardien.
Brendan Gallagher a assez d’expérience pour savoir que la route à suivre pour atteindre les sommets à la position de gardien restera toujours longue. Il n’a qu’à tracer un parallèle avec son ancien coéquipier, Carey Price.
« Une chose que je tiens à rappeler aux partisans, qui se souviennent à quel point Carey Price a été bon, et bon pendant longtemps, c'est de ne pas oublier à quel point ç'a été difficile pour lui au départ, a dit Gallagher. C'est un marché où il n'est pas facile de jouer, et c'est une position difficile. Vous ne devenez pas un joueur de ce calibre en une journée.
« Jacob a beaucoup de talent. Il travaille fort. Peut-être qu'il s'établira rapidement ou peut-être pas. La patience est importante avec les jeunes joueurs et nous allons nous assurer qu'il en est aussi conscient. »
Un premier entraînement
Fowler n’a pas rencontré les médias à sa sortie de son premier entraînement. L’équipe des communications du CH, de concert avec les dirigeants, a choisi de l’abstenir de cette responsabilité. Le choix de troisième tour au repêchage de 2023 parlera après son premier départ dans la LNH, s’il obtient la chance de jouer à Pittsburgh ou à New York.
Mais en théorie, le Tricolore n’a pas rappelé un jeune gardien prometteur juste pour lui permettre de visiter la ville de l’acier ou la Grosse Pomme.
« Il gagnera de l’expérience, a noté St-Louis. Il aura la chance de voir la rapidité du jeu, même juste dans les pratiques avec des tirs de la LNH. Tu ne peux pas acheter l’expérience. »
« Il a déjà du vécu dans sa jeune carrière, il a joué sur de grandes scènes, a-t-il poursuivi. Et il joue bien cette année (avec le Rocket). »
Avant de prendre la route de Montréal, Fowler avait de très bons chiffres avec le Rocket dans la Ligue américaine. Il a un dossier de 10-5-0 avec une moyenne de 2,09 et un taux d’efficacité de ,919. Il a également obtenu trois blanchissages.
Il n’y a aucun hasard dans la vie, comme dans le sport. Fowler s’invite dans un carrousel à trois gardiens alors que les deux autres traversent des moments sombres. Mais aux yeux de St-Louis, l’arrivée d’un autre homme masqué n’est pas uniquement liée aux déboires de Montembeault et de Dobes.
« Tu regardes la cédule et nos gardiens pourraient être extraordinaires et il y aurait quand même des 'poches' dans la cédule pour donner un départ à Fowler afin de voir où il en est dans son développement, a-t-il expliqué. Ça arrive à un moment où tu peux regarder ça et tu penses que nos gardiens ont de la misère. Mais je pense qu’en général, c’est plus le manque de constance devant nos gardiens. Fowler n’arrive pas ici comme un sauveur. S’il joue, il fera de son mieux. Nous verrons où il en est dans son développement. »
Sans Evans contre les Penguins
Absent à l’entraînement pour des raisons personnelles, Jake Evans ne jouera pas contre les Penguins. Owen Beck prendre sa place au centre d’un trio composé par Alexandre Texier et Josh Anderson.
« Je ne m’attendais pas à recevoir un rappel, tu ne peux jamais prédire ça, a dit Beck. Mais je suis vraiment excité d’obtenir une autre chance. »
Evans retrouvera ses coéquipiers à New York dans l’espoir de jouer contre les Rangers samedi.
À l’entraînement, Juraj Slafkovsky a renoué avec Olivier Kapanen et Ivan Demidov, alors que Zachary Bolduc était à l’aile droite avec Nick Suzuki et Cole Caufield.
