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MONTRÉAL – Il y a Frédérick Gaudreau, le centre du Wild du Minnesota. Mais il y a surtout Frédérick Gaudreau, le mari, le père de Félix, un petit garçon de moins d’un an, et aussi le parrain de Noah, une boule d’énergie de 8 ans.

Noah est le fils de sa sœur, Carolanne. Atteint de la trisomie 21, Noah a changé bien des perspectives dans la vie de ceux qui l’entourent.

Le 9 mars dernier, le Wild a organisé son événement annuel: le Whiskey and Wine. Cette soirée caritative qui se déroulait à St. Paul servait à amasser des fonds pour deux causes : la Fondation du Wild du Minnesota, mais aussi pour une autre fondation au choix du joueur.

Gaudreau et sa femme Kjersten ont servi d’hôtes pour l’événement. Ils ont recueilli des dons pour l’association de la trisomie 21 du Minnesota (Down Syndrome Association of Minnesota). Ils n’ont jamais hésité dans le choix de leur cause.

En cette journée de congé du mercredi 26 mars chez le Wild, Gaudreau a pris de son temps pour parler Noah qu’il considère comme un guide dans sa vie.

« Quand Noah est né, nous étions un peu perdus, comme toutes les familles qui font face à l’inconnu, a-t-il expliqué en entrevue à LNH.com. Ma sœur donnait naissance à un premier enfant. Nous ne connaissions pas bien la trisomie. Il s’agissait d’un choc. Mais nous l’avons accepté et nous voulions découvrir cette différence. »

« Nous avons rapidement compris que Noah représentait un cadeau du ciel, a-t-il poursuivi. Il sert de guide pour moi, mais aussi pour toute notre famille. Les gens qui vivent avec la trisomie ont cette capacité pratiquement surhumaine d’apporter du bonheur. Ils ont des cœurs immenses. Ils dégagent de la joie et ils ne vivent pas au rythme de notre société effrénée. On oublie souvent la beauté du moment présent. Il nous ramène à cette réalité. Avec Noah, c’est juste de la pureté et du plaisir. Il me garde les deux pieds sur terre. »

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Gaudreau avait partagé à la mi-mars l’histoire de son neveu pour une première fois au journaliste du site The Athletic au Minnesota, Joe Smith. Il tenait à en parler à nouveau afin de conscientiser le plus de gens possible aux différences dans la vie de tous les jours.

« Lors de la soirée Whiskey and Wine, je devais livrer un discours, a-t-il mentionné. Le message que je désirais lancer tournait autour de l’inclusion. L’inclusion a plusieurs formes. Il faut faire réaliser aux gens l’importance d’ouvrir son cœur et de rester curieux face à la diversité. On doit avoir des conversations avec tout le monde. On apprend toujours. Chaque humain a un aspect unique. »

Dans la vie de tous les jours, comme au hockey, Gaudreau a retenu plusieurs leçons de son jeune neveu.

« Je pense souvent à Noah. Il m’apporte des perspectives tellement plus larges. Je regarde plus le moment présent à la place du rythme fou des résultats et de la pression. Dans notre société, nous avons toujours la pédale au plancher.

« Noah me donne une tonne d’énergie. Il me fait aussi réaliser encore plus que je joue au hockey pour suivre ma passion. Oui, c’est un boulot. Mais je le fais par amour pour mon sport. J’ai toujours tripé sur le hockey. J’embarque dans la pureté du moment. J’aime dire qu’il est un guide pour moi. »

Comme son parrain, Noah a maintenant le bonheur de jouer au hockey.

« Il joue depuis cette année dans une ligue adaptée à Granby, a précisé Gaudreau. Il commence à jouer et il apprend. Je suis tellement fier de lui. J’ai le sentiment de partager ma passion avec lui. Il joue le dimanche, une fois par semaine. Je lui téléphone après ses entraînements et je reçois des vidéos de son père ou de ma sœur. Je trouve ça cute. Il s’améliore, il devient tranquillement un meilleur patineur. Mais surtout, il aime ça. Pour moi, ça vaut tout l’or du monde. Je le vois dans un équipement de hockey et en sueur après ses entraînements dans le vestiaire! Ça me rappelle aussi des souvenirs d’enfance. »

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Le sport fait partie de la vie de Noah.

« Noah ne s’est jamais placé de frontières, a affirmé le numéro 89 du Wild. Et c’est la même chose pour ses parents (Marc-Antoine et Carolanne). Il est un très bon athlète. Il court en montagne avec son père. Mon beau-frère est un ultra-marathonien. J’aime aussi me lancer à la balle avec Noah l’été. Il a un bon bras et il me lance dans la mitaine. Il a une facilité avec les sports malgré sa différence. Il a beaucoup d’énergie. Il ne s’est jamais senti dévalorisé dans la vie. Il aime les sports et il ne se pose pas de questions. »

Le bonheur de la paternité

À son dernier match avec le Wild, Gaudreau a marqué deux buts dans un gain de 4-2 contre Alex Ovechkin et les Capitals de Washington. Il s’agissait de ses 17e et 18e buts de la saison. En uniforme pour les 73 matchs de son équipe cette saison, le centre de 31 ans a déjà 34 points (18 buts, 16 passes) à sa fiche.

Sur le strict plan des chiffres, il a doublé sa production de l’an dernier (15 points en 67 matchs).

« Oui, je suis heureux de ma saison, a-t-il dit. Mais tout le monde regarde en direction des points. Il n’y a pas juste ça au hockey. L’an dernier, j’ai traversé de l’adversité. Je ne vais pas énumérer tous les enjeux de la dernière saison, mais je devais jouer malgré des blessures qui étaient nouvelles pour moi. Les gens ne le voient pas toujours. Il y a des moments où tu dois continuer à jouer, mais tu te poses des questions à savoir comment tu feras pour sortir de ton lit en te réveillant le matin. »

« Quand tu fais face à de l’adversité, tu te retrouves devant deux choix. Tu peux jouer la victime en croyant que tout tombe sur toi. L’autre option est de l’aborder d’une façon positive en te disant que tu vas apprendre de cette expérience. Je suis quand même fier de ma dernière saison même si mes statistiques n’avaient rien d’exceptionnel. J’ai appris bien des choses et je restais positif. »

WSH@MIN: Gaudreau dévie le tir de Boldy

À l’extérieur de la patinoire, Gaudreau a découvert les joies de la paternité depuis le mois d’avril 2024.

« La paternité pour ma carrière, c’est merveilleux, a-t-il répliqué. Je dirais que c’est la plus belle chose au monde. C’est de la magie tous les jours pour moi. Mon petit bonhomme me rend tellement heureux. Je suis chanceux puisque je suis né dans une famille remplie d’amour. Je peux maintenant répandre cet amour. L’amour, tu ne divises pas ça, tu dois le multiplier. Je retrouve la même philosophie avec mon bébé, c’est le moment présent. »

Chez le Wild, il y a aussi un gardien de 40 ans qui lui rappelle souvent l’importance du moment présent.

« Flower (Marc-André Fleury) a cette capacité de jouer au hockey pour la bonne raison: l’amour du sport. C’est un gars avec un immense cœur. Tu le vois avec sa famille, il est un papa exceptionnel. Mais il est aussi un coéquipier génial. Il a tout réussi dans le monde du hockey, mais il se présente quand même tous les jours avec la même passion dans son coeur. Il lance des défis à ses coéquipiers dans les entraînements, il ne se repose sur aucun tir. Je ne l’ai jamais vu rester debout puisqu’il ne voulait pas arrêter un tir. »

« Il apporte une énergie tellement le fun, a-t-il enchaîné. Il est le meilleur coéquipier du monde. Je me considère chanceux de le compter comme un ami. »