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SHERBROOKE -Denis Gauthier a longtemps tenté de faire passer son message à son fils Ethan. Sans trop de succès, admet-il, alors que ce dernier gravissait les échelons au hockey mineur.

« Il m'a toujours demandé quel type de joueur je voulais devenir, se souvient l'attaquant du Phoenix de Sherbrooke. Il me disait que je ne pouvais pas tout faire. »
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Fort de ses dix ans de carrière dans la LNH, l'ancien défenseur sait mieux que le commun des mortels ce que ça prend pour évoluer dans la grande ligue. Il sait qu'il faut avoir une identité, quelque chose de particulier qui te permet de te démarquer des autres joueurs.
Mais ce concept n'est pas facile à faire comprendre à un jeune talentueux qui connaît du succès contre son groupe d'âge en faisant à peu près ce qu'il veut sur la glace.
« Si tu veux sortir du lot, tu dois t'assurer de connaître tes qualités sinon tu vas t'éparpiller et te perdre un peu dans tout ça, a expliqué le paternel. Il faut que tu trouves une chaise à un moment donné parce que pour trouver une constance dans ton jeu, tu dois savoir qui tu es. »
Dès son jeune âge, les habiletés de Gauthier avec la rondelle ne faisaient aucun doute. On lui trouvait aussi des qualités physiques - une marque de commerce familiale - qu'il n'utilisait toutefois pas avec constance, et qui allaient plus tard être au cœur de son identité.
Le déclic s'est fait après un match du tournoi international bantam de Sherbrooke.
« Ce matin-là, il avait joué un match horrible; rien de ce qu'il avait essayé n'avait fonctionné, raconte Denis. On est allés dîner après et je lui ai demandé s'il voulait entendre ce que je pensais qu'il était comme joueur. En sortant de là, ma femme m'a dit : ''Je pense qu'il a compris''.
« Il n'a plus jamais regardé derrière. En jouant physique, il a pris confiance parce que les points venaient quand même. Il était encore plus dominant parce qu'il se créait de l'espace et qu'il en faisait pour les autres. Ç'a été une évolution jusqu'à ce qu'il a démontré cet été. Maintenant, je n'ai plus besoin de le convaincre. »
Cet été, après une première saison d'apprentissages à Sherbrooke, Gauthier a marqué six buts en cinq matchs pour terminer au premier rang des buteurs à la Coupe Hlinka-Gretzky. Il s'est affirmé dans son identité et il a éclos sous l'œil de son entraîneur Stéphane Julien, qui pilotait la formation canadienne.
« Ethan est un gars de caractère avec une identité physique, a vanté Julien. Tous les buts qu'il a marqués, c'était de l'intérieur des cercles de mise au jeu. C'est sa game, sa zone de confort. C'est un des meilleurs joueurs de la ligue devant le filet et il frappe comme un gars de 200 livres. C'est vraiment ça, son identité. »
Gauthier l'a enfin compris, et il a vu les résultats. Inutile de dire que c'est exactement dans cette voie qu'il tentera de poursuivre cette saison, alors qu'il est identifié comme le meilleur espoir de la LHJMQ en vue du prochain encan de la LNH.
« Steph sait de quoi je suis capable maintenant, a souligné le principal intéressé. Je lui ai démontré exactement comment je veux jouer cette saison. Quand je reste dans mon identité, j'obtiens des opportunités de créer offensivement. C'est ça que je veux amener avec le Phoenix. »
Position avantageuse
Ce n'est manifestement pas tomber dans l'oreille d'un sourd. Gauthier aura l'occasion d'amorcer la saison aux côtés de Joshua Roy, le plus récent champion compteur du circuit junior québécois, quand ce dernier reviendra du camp d'entraînement des Canadiens de Montréal.
Une position enviable, s'il en est une, mais qui vient avec son lot de défis.
« Ça implique qu'il va jouer contre les deux meilleurs défenseurs, qu'il aura plus de temps de jeu, qu'il devra produire à des moments clés, a énuméré Julien. Si Ethan ne se met pas la pression de faire des points et qu'il fait simplement son travail, ça va bien se passer.
« Beaucoup de choses lui appartiennent. Il a talent, la vision du jeu et la capacité de jouer à un rythme élevé. Il va avoir la chance de le faire et on va voir comment il va réagir. »
Roy a pu s'entraîner avec son nouveau compagnon pendant quelques semaines, et il ne semble pas trop inquiet quant aux succès que les deux pourraient avoir ensemble.
« Il joue avec confiance depuis qu'il est revenu (du tournoi Hlinka-Gretzky), a-t-il observé. Il s'implique plus physiquement. Ça va bien fonctionner nous deux. Ethan, c'est un gars qui fonce toujours au filet, qui est intense et qui finit ses mises en échec. Il me complémente bien. »
« Je suis prêt à prendre ces responsabilités-là, a conclu Gauthier. Je suis rendu là dans mon développement. C'est une grosse année pour moi et j'ai l'intention de faire une différence dans cette équipe. »
Crédit photo : Vincent L. Rousseau/Phoenix de Sherbrooke