NIAGARA FALLS – Carter George en a donné des buts dans sa carrière – des plus banals, par un soir de février, comme des plus importants, en séries éliminatoires par exemple. Mais il se souvient vivement de celui qui lui a fait le plus mal.
Le gardien ontarien ressent encore les émotions qui l’ont parcouru quand le tir d’Adam Jecho l’a battu du côté rapproché pour donner les devants aux Tchèques alors qu’il ne restait que 40 secondes à écouler au duel de quarts de finale du dernier Mondial junior. C’était le dernier clou dans le cercueil canadien.
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Tout de suite après le scintillement de la lumière rouge, l’espoir des Kings de Los Angeles s’est effondré au sol, le masque dans la mitaine, complètement abattu. Il s’est promis de ne plus jamais revivre ça.
« Cette année, je veux être le gars qui fait cet arrêt avec 40 secondes à faire, a-t-il lancé en entrevue avec LNH.com. Je veux être celui qui fait un gros arrêt quand l’équipe en a besoin. On n’a pas eu les résultats qu’on voulait quand ça comptait. Cette année, je veux me lever dans les grands moments. »
Le choix de deuxième tour en 2024 est l’un des trois gardiens invités au camp d’entraînement de la formation canadienne, qui se déroule à Niagara Falls. Il se retrouve en compétition avec Jack Ivankovic (Nashville), qui était son adjoint l’an dernier, et avec Joshua Ravensbergen (San Jose).
Rien ne lui est garanti, mais parmi toutes les choses qui ont cloché dans le dernier tournoi, son rendement et celui d’Ivankovic n’étaient pas sur la liste. George a signé deux blanchissages en quatre départs, et il a prouvé qu’il était en mesure de bien gérer la pression, alors que le tournoi se déroulait en sol canadien, à Ottawa.
« Il est tellement calme, a vanté l’attaquant Porter Martone. J’ai gagné deux matchs pour la médaille d’or avec lui, et il est toujours en mesure de calmer le jeu. Tout semble facile. On sait qu’on peut compter sur lui pour faire de gros arrêts. Ça nous donne confiance quand il est devant le filet. »
Le secret du portier réside peut-être dans le simple fait de ne pas percevoir la pression comme telle. Le poste de partant de la formation canadienne au Mondial junior n’est peut-être pas celui de gardien no 1 des Canadiens de Montréal, en ordre de grandeur, reste qu’il est assez exigeant mentalement.
« J’ai l’impression que tu peux transformer la pression en excitation, a philosophé celui qui s’aligne avec l’Attack d’Owen Sound, dans la Ligue de hockey de l’Ontario. Je regardais ce tournoi quand j’étais jeune et j’ai eu la chance d’y participer comme gardien partant. C’est super excitant.
« Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui regardent et qui ont leur opinion, mais je réussis à bloquer ce bruit. J’ai seulement du plaisir à jouer au sport que j’aime. Quand je m’amuse, c’est là que je suis au sommet de mon art. […] Je sais que le temps file rapidement, alors j’essaie d’en profiter le plus possible. »
Des nerfs d’acier
Signe que le temps file, George a déjà disputé deux matchs avec le club-école des Kings quand il a été rappelé au printemps dernier. Un mois avant de souffler ses 19 bougies, il a réalisé un jeu blanc de 33 arrêts à son premier départ, et n’a donné qu’un but sur 61 lancers en deux matchs – deux victoires, évidemment.
Si l’on avait besoin d’une autre preuve des nerfs d’acier du gardien de 6 pieds 1 pouce, la voilà.
« Je sais que cette expérience va m’aider à long terme, j’ai tellement appris pendant ce court séjour, a-t-il raconté. J’ai vu à quel point le jeu était différent du niveau junior. Juste le fait de goûter au hockey professionnel m’a encore plus motivé à y retourner. »
Mais avant toute chose, il voudra ajouter la seule médaille d’or manquante à son palmarès : il a déjà celle du Championnat mondial des moins de 18 ans et celle de la Coupe Hlinka-Gretzky. Cette fois, George pourra se servir de tout le poids qui pèse sur la formation canadienne après deux années sans médaille.
« Quand la pression est forte, c’est là qu’il est à son mieux, a souligné l’attaquant Gavin McKenna. Je l’ai vu au Mondial des moins de 18 ans, et aussi l’an dernier. Il est tellement confiant et calme devant son filet, encore plus dans les grands moments. »
Ce sera à lui d’en faire la preuve dans les prochaines semaines.


















