John Chayka

La chronique questions-réponses de LNH.com appelée « Cinq questions à… » revient régulièrement alors que nous nous entretenons avec des figures clés du hockey et leur posons des questions afin de mieux comprendre leur vie, leur carrière et l'actualité.
La chronique de cette semaine met en vedette le directeur général des Coyotes de l'Arizona John Chayka.

Avant de devenir le plus jeune directeur général dans l'histoire de la LNH, cet homme de 27 ans travaillait dans le but de découvrir de nouveaux horizons dans le monde du hockey au moyen de l'analyse vidéo et des statistiques.
« Le but, c'est de toujours essayer de trouver une meilleure façon, de viser à améliorer et innover afin d'avoir l'avantage sur les autres », a déclaré Chayka.
Le cheminement de Chayka vers son poste actuel a commencé lorsqu'il a été un des fondateurs de Stathletes, une entreprise se spécialisant en statistiques avancées sur le hockey, en 2010. Le but de Stathletes est de faire de l'analyse vidéo afin de créer de nouvelles sortes de statistiques et ainsi mieux mesurer les habiletés et la valeur des joueurs.
Stathletes et Chayka se sont installés petit à petit dans le monde de la LNH, chacun gagnant en crédibilité au fur et à mesure que les équipes s'intéressaient à ce qu'ils avaient à offrir.
Chayka, un ancien joueur de niveau junior A dont la carrière a pris fin prématurément en raison d'une blessure au dos, a obtenu son diplôme en hautes études commerciales de la Ivey Business School à l'Université Western Ontario il y a deux ans. L'été dernier, alors qu'il avait 25 ans, les Coyotes l'ont embauché afin qu'il occupe le poste d'adjoint au directeur général Don Maloney.
Stathletes, lancée par Chayka et Neil Lane, lui aussi un étudiant de la Ivey School, a maintenant plus de 50 employés et génère plus de 1 million $ en revenus annuels, selon le journal The Globe and Mail. Lane est le chef de la direction de Stathletes.
Un an après avoir obtenu son premier emploi dans la LNH, Chayka a commencé à vivre son rêve, celui d'occuper le poste de directeur général d'une équipe de la LNH, quand les Coyotes lui ont demandé de remplacer Maloney le 5 mai.

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« C'est beaucoup de travail, alors pas tout le monde considérerait ça comme un travail de rêve parce que je ne pense pas que tout le monde est prêt à faire les sacrifices qui s'imposent, a fait remarquer Chayka. Il y a beaucoup de décisions difficiles à prendre, on peut résumer ça comme ça. Ce sont des décisions importantes, qui ont un impact et qui affectent plusieurs êtres humains, alors ce n'est pas facile de prendre de telles décisions ; mais pour avoir du succès, tu dois être capable de les prendre. C'est là l'aspect difficile, mais en même temps il n'y a pas de meilleure sensation que gagner ; la victoire demeure donc l'objectif principal. »
Pour atteindre cet objectif, Chayka met à l'épreuve la méthodologie qui lui a permis de faire sa place dans la Ligue et de prendre les commandes en Arizona. Il tente d'adapter l'analyse vidéo et les statistiques nouveau genre au travail de construction d'une formation, tout cela dans le but de bâtir une équipe gagnante et une culture d'entreprise attrayante.
Durant un entretien téléphonique d'une vingtaine de minutes avec LNH.com, Chayka a parlé du travail qu'il a fait depuis qu'il a été embauché en tant que d.g. des Coyotes, de la façon dont il vit le fait de ne pas avoir les mêmes antécédents que les autres directeurs généraux et des sacrifices qu'il a dû faire pour se rendre jusqu'ici.
Voici Cinq (six en fait) questions à… John Chayka:
Vous avez récemment conclu une entente avec Luke Schenn. Alex Goligoski a déjà signé un contrat cet été. Évidemment, vous avez Oliver Ekman-Larsson. Quelle est votre philosophie en ce qui a trait à la façon dont vous bâtissez votre brigade défensive en Arizona en ce moment, et comment se compare-t-elle à l'approche de la saison dernière ?
« La philosophie est plutôt simple. Quand nous n'avons pas la rondelle, il faut reprendre la rondelle le plus vite possible. Il y a différentes façons de reprendre possession du disque, certaines nécessitant de bonnes capacités physiques et d'autres, non. Je crois qu'il faut un mélange des deux. Une fois que vous reprenez la rondelle, il faut passer en phase de transition. Le rôle des défenseurs ne consiste pas seulement à défendre, il s'agit aussi de remettre le disque aux attaquants et de faire circuler la rondelle vers la zone adverse. Il faut exceller en phase de transition. C'est notre philosophie et ç'a été la thématique derrière les changements que nous avons apportés, en ce sens que nous voulions mettre la main sur des joueurs qui peuvent reprendre la rondelle et la remettre aux attaquants avec efficacité. Je crois que nous nous sommes améliorés à ce chapitre. Nous espérons qu'il y a eu une amélioration. Nous croyons que ce sera mieux. Maintenant, il s'agit de continuer à peaufiner ça. Nous avons aussi Tony DeAngelo à l'arrière. Nous avons fait son acquisition au moyen d'une transaction et nous croyons que les attaquants aiment jouer devant lui parce qu'il parvient à placer la rondelle à des endroits qui leur permettent d'avoir du succès et parce qu'il peut les soutenir en zone adverse. Nous espérons qu'il aura un impact dans l'équipe à un moment donné cette saison. Nous espérons que le groupe continuera de grandir ensemble. »

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Cela signifie-t-il que les Coyotes sont maintenant bâtis de façon à être plus rapides et plus combatifs cette saison?
« En regardant l'équipe la saison dernière, j'ai trouvé que nous étions plutôt bons pour défendre ; mais le problème, c'était que nous le faisions trop. Nous avons plusieurs bons attaquants et je crois que certaines de leurs statistiques ont été affectées par le fait qu'ils ont passé trop de temps en zone défensive. C'est notre travail de mettre en place des joueurs qui permettront à tout le monde d'avoir du succès. En passant plus de temps en zone offensive, nous empêcherons leurs défenseurs de bien compléter leurs jeux de transition et nous allons voir une amélioration dans la façon dont nos propres attaquants jouent. Nous voulons les soutenir depuis l'arrière. Nous voulons qu'ils aient une certaine autonomie dans leurs choix de jeux et qu'ils puissent faire preuve de créativité, tout en réalisant que cela ne donnera pas un but à chaque fois. Je crois que [l'entraîneur des Coyotes Dave Tippett] continue d'évoluer dans son approche et sa méthodologie, et je lui donne beaucoup de crédit pour avoir travaillé pendant autant d'années dans la Ligue et pour avoir connu autant de succès tout en continuant d'améliorer son approche. Nous allons jouer avec plus de combativité et plus de rythme. »
Quand vous avez été embauché le 5 mai, d'autres dirigeants ou anciens dirigeants ont publiquement déclaré dans différents médias qu'ils croyaient que les Coyotes étaient fous d'embaucher un directeur général de 26 ans sans expérience. Comment avez-vous réagi quand vous avez constaté que des gens de la communauté du hockey remettaient en question la pertinence de votre embauche ?
« Je ne me suis jamais beaucoup attardé à ce que les autres pensent. C'est une question de point de vue, d'opinion. Je peux comprendre pourquoi certaines personnes pensent ainsi. Pour moi et pour notre organisation, il s'agissait de faire la meilleure chose pour continuer d'avancer. Je l'ai dit plusieurs fois, le plus facile aurait été d'embaucher un d.g. d'expérience qui aurait eu pour mission de trouver une façon d'amener l'équipe à un autre niveau. Mais collectivement, nous avons décidé que le moment était bien choisi pour faire quelque chose de moins conventionnel, pour prendre un petit risque et faire certaines choses différemment afin de gagner du terrain sur les autres équipes. Nous sommes confiants, collectivement, que nous avons un bon mélange de gens qui ont de l'expérience et qui ont des habiletés particulières, de gens qui ont gagné et qui ont connu du succès à différents niveaux ; et que tous ces gens-là, ensemble, nous permettront en tant qu'organisation d'avoir du succès. Il ne faut pas s'attarder à ma propre personne, à mon âge, à mon expérience et à mes antécédents ; il faut plutôt regarder le groupe. Comme dans une équipe, ça ne se résume pas à un joueur, il faut tenir compte du groupe dans son ensemble. En tant que groupe, nous croyons que nous avons toutes les qualités et toute l'expérience nécessaires pour avoir du succès. C'est de cette façon que nous avons abordé les choses. »
Vous avez parlé de sacrifices tantôt. En cheminant vers votre poste actuel, quels sont les sacrifices que vous avez dû faire ? Y a-t-il des choses que vous n'avez pu vivre jusqu'ici, à l'approche de la trentaine, que vous auriez vécues si vous n'aviez pas visé de travailler à un niveau aussi élevé dans le hockey ?
« Oui. J'imagine que voyager pour le simple plaisir de le faire serait la principale chose que j'ai dû mettre de côté. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai pris des vacances. Je fais maintenant des voyages d'affaires, mais ça ne permet pas vraiment de voir des attractions touristiques et de faire des choses, sauf regarder des matchs de hockey. Le côté social en prend un coup quand je dois rester à la maison pour faire du montage vidéo pendant des heures et des heures. Ç'a été comme ça durant toute ma jeunesse mais comme je l'ai dit, il n'y a rien de mieux que gagner, alors j'espère que tout cela mènera vers quelque chose de spécial. C'est l'objectif visé. »

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Vous avez effectivement passé beaucoup d'heures à faire du montage vidéo, ce qui a fini par déboucher sur la mise sur pied de Stathletes. C'est le genre de chose qu'on ne lance pas, à moins d'adorer ça. Qu'adorez-vous de ce genre de travail ?
« Au départ, ma passion, c'était d'aider les joueurs à comprendre comment ils pouvaient s'améliorer, de les soutenir et de travailler avec eux afin qu'ils puissent peaufiner leur propre jeu. C'est la partie que j'aime le plus, voir des gens aussi passionnés, qui veulent être les meilleurs et qui veulent sans cesse s'améliorer. Le hockey est un sport très intéressant parce que la différence entre la victoire et la défaite, entre être bon et être excellent, est très mince. Ce que tu peux faire pour t'ajuster et atteindre un plus haut niveau, ça se résume à de petites choses, à des détails. De mon côté, j'aime le fait d'apprendre sans cesse, de faire des recherches et d'essayer de comprendre ce que font les meilleurs joueurs et les meilleures équipes pour atteindre le plus haut niveau, pour ensuite tenter de le reproduire moi-même. C'est la partie la plus plaisante en ce qui me concerne. »
SIXIÈME QUESTION EN BONI: On utilise le terme « statistiques avancées » pour décrire la nouvelle vague de statistiques, d'analyse vidéo et de renseignements qu'on introduit dans l'univers de la LNH. Ce que j'entends dire des gens qui étudient les statistiques avancées, c'est que la LNH en est encore à ses premiers balbutiements en ce qui a trait à la gestion de celles-ci à travers la Ligue. Êtes-vous d'accord ? En est-on encore au tout début, ou est-on passé à un autre niveau ?
« Je crois que c'est relatif. En est-on encore aux premiers balbutiements ? Peut-être, comparativement aux autres sports plus établis. C'est une question de point de vue, mais c'est probablement juste. En est-on encore aux premiers balbutiements comparé à ce que c'était il y a cinq ans ? Certainement pas. En continuant d'évoluer, d'apprendre et de mieux comprendre notre sport, nous réalisons qu'il y a de plus en plus de nouvelles choses qu'il reste à apprendre. Le simple fait d'avoir des renseignements qui évoluent et qui deviennent plus complexes, ça ne signifie pas qu'on retourne à la case départ. C'est une évolution naturelle, c'est de cette façon que les changements surviennent. Pour moi, ça fait partie du processus depuis le début et je crois qu'il y a encore de la place pour une énorme croissance. J'ai eu beaucoup de plaisir à faire partie de tout ça. »