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Jonathan Fauchon l’admet d’entrée de jeu, son 100e point de la saison n’avait rien de « glorieux ».

L’attaquant de l’Océanic de Rimouski a atteint ce prestigieux plateau en amassant une aide secondaire sur le deuxième but des siens, celui de Mathieu Cataford en fin de troisième période, dans un dur revers de 7-2 face aux Cataractes de Shawinigan dimanche.

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« C’était un peu dur d’être content sur le coup », a-t-il souligné, avec raison, en entrevue avec LNH.com.

Il est vrai que ce n’était pas un but gagnant en prolongation dans un match contre de grands rivaux au classement. Mais ça n’enlève rien à l’exploit. Ni à la grande histoire de résilience qui se cache derrière.

Fauchon revient de loin.

La dernière campagne, sa troisième dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), a été marquée par une blessure au dos qui n’a fait qu’empirer du premier match, à la fin du mois de septembre, jusqu’à l’élimination de l’Armada de Blainville-Boisbriand – son ancienne équipe – au terme d’une série de sept matchs, au début avril.

« Il a vécu un enfer l’an dernier », s’est souvenu le pilote de l’Armada, Mathieu Turcotte. « C’est quasiment inhumain ce qu’il faisait simplement pour être capable de s’entraîner. Il avait besoin de presque deux heures de préparation avec notre thérapeute juste pour s’entraîner, sans contact.

« Parfois, il terminait un match, et je me disais qu’il allait manquer le suivant. La plupart du temps, le thérapeute venait me voir et me disait qu’il allait jouer. Je me disais : ‘’Ça, c’est un gars qui a l’équipe à cœur et qui fait tout pour jouer pour ses coéquipiers.’’ C’est ça, un leader. »

Fauchon, alors capitaine de l’équipe, est parvenu à jouer 56 des 68 matchs des siens en saison régulière, récoltant 30 buts et 71 points, avant de couronner le tout en disputant sept matchs en 10 jours au premier tour des séries face au Phoenix de Sherbrooke.

« J’espérais qu’on gagne, mais ç’aurait été difficile de jouer une autre ronde », a-t-il admis.

Ses douleurs au dos ont fini par irradier dans ses jambes en raison de l’inflammation aux nerfs, le résultat des contacts répétitifs et des longs voyages en autobus : « J’avais constamment mal. C’était dur de récupérer, je me sentais toujours fatigué. J’avais rarement de l’énergie quand je jouais. »

Alors, pourquoi a-t-il continué de s’imposer tout ça au lieu d’agiter le drapeau blanc?

« C’était pour le bénéfice que ç’allait me donner dans le futur et pour aider l’équipe à ce moment-là, a résumé le Beauceron de 21 ans. Je voulais montrer que j’étais capable de pousser et de jouer malgré ça. Les efforts que j’ai mis m’ont permis d’être un meilleur joueur cette année.

« Je ne voulais pas abandonner l’équipe, et montrer que j’avais du caractère, que je pouvais avoir un impact quand même. Ça m’a vraiment aidé cette année d’avoir vécu ça. »

Jonathan Fauchon Armada

Quand il est revenu au camp de l’Armada en août dernier, totalement remis de sa blessure, Fauchon a tout de suite vu la différence. Il a récolté 50 points à ses 31 premiers matchs avant d’être échangé à l’Océanic à la date limite des transactions. Dans le Bas-du-Fleuve, il a ajouté 50 autres points en 31 rencontres.

Avec deux matchs à jouer, il occupe le premier rang des pointeurs de la LHJMQ, 11 points devant son ancien coéquipier Justin Carbonneau, et il a 45 buts au compteur, cinq de moins que le meneur Sam Oliver.

« C’était important pour moi de revenir en force et de montrer que la blessure était derrière moi, a dit le vétéran. Je voulais prouver que j’étais capable d’être le meilleur joueur de la Ligue. C’est ce que j’ai réussi à faire dans une année importante pour moi. »

Un contrat dans la mire

Une année importante au chapitre personnel puisqu’il s’agit de sa dernière saison junior et qu’il est en quête d’un contrat professionnel. Fauchon s’est engagé envers Providence College, dans la NCAA, en vue de la prochaine saison, mais il espère que l’intérêt démontré par les équipes de la LNH se transforme en entente.

En étant échangé à l’Océanic, l’équipe hôtesse du tournoi de la Coupe Memorial, Fauchon a de bonnes chances de pouvoir se faire valoir jusqu’à tard au printemps, à un niveau très relevé.

« Les équipes cherchent des gagnants, a-t-il relevé. Si je suis capable de bien performer en séries et à la Coupe Memorial, ce sera bon pour moi. Ce sont des moments importants, et il y a beaucoup de gens qui regardent. Tout est en place pour que je réussisse à atteindre mes objectifs. »

S’il réussit, l’Océanic a aussi de bonnes chances de parvenir à ses fins. Depuis son arrivée, Fauchon s’est établi comme un élément indispensable de la troupe de Joël Perrault.

« Il aura une très grande importance dans notre parcours, a souligné le pilote. Il apporte tellement à notre équipe depuis qu’il est avec nous, autant sur la glace que dans le vestiaire. Ce n’est pas pour rien qu’il était capitaine à Boisbriand. Il ne prend jamais une présence de congé. Il travaille et il joue de la bonne façon. »

De loin, Turcotte se réjouit des beaux moments que vit son ancien poulain. Et il sait pertinemment qu’une équipe qui compte sur un Jonathan Fauchon en santé est une équipe outillée pour veiller tard.

« Son apport ne se quantifie pas, a-t-il conclu. De rentrer dans ta formation un capitaine comme Jo, un gars qui a vécu autant d’adversité, qui a mené la Ligue pour les points toute la saison, ça ne se quantifie pas. Il va les aider dans les bons moments comme dans les moments difficiles.

« C’est un gars comme lui que tu veux dans ton vestiaire pour gérer l’adversité. »