Suzuki ou une force tranquille
Dans tout sport, ceux qui jouent avec éclat marquent les esprits. Après tout, l’œil tendra naturellement vers ce qui brille. Ce n’est qu’en adoptant une vision plus globale que l'un pourra mieux apprécier les prouesses parfois plus discrètes d’un joueur comme Suzuki.
Simplement dit, le natif de London, en Ontario, est un patineur complet. Son entraîneur vous en dira de même.
« Je pense qu'il fait tout », affirmait Martin St-Louis au sujet de son principal joueur de centre le 15 mars dernier, à la suite d’une enlevante victoire de 3 à 1 face aux Panthers. « Il joue de grosses minutes et affronte de gros trios. Il est très bon offensivement, mais il est aussi très responsable défensivement. »
Si constance et responsabilité sont des qualités moins louangées qu’explosivité et rapidité, le numéro 14 se démarque à sa manière, notamment par sa vision et ses mains agiles. Orchestrant de multiples opportunités offensives, de manière parfois spectaculaire, pas surprenant qu’il soit le premier passeur des siens (à égalité avec Lane Hutson) grâce à 58 mentions d’aide amassées cette année.
Comme quoi tout peut être une simple question de perspective, bien qu’il soit souvent sous-estimé en raison de son style de jeu, Suzuki se trouve au sixième rang des centres de la Ligue cette saison avec 86 points – un total qui s’avère un nouveau record personnel. Il est aussi le premier pointeur chez les joueurs âgés de 25 ans et moins. Les 34 points (13B, 21A) qu’il a inscrits en 22 matchs depuis le retour de la pause de la Confrontation des 4 nations témoignent également de son apport flagrant aux récents succès de l’équipe.
Ayant connu une hausse de production dans la colonne des buts, des mentions d’aide et des points lors des quatre années suivant sa première campagne dans la Ligue, en 2019-2020, sa progression constante met d’autant plus en évidence son potentiel illimité.
Et, malgré sa nature moins exubérante, Suzuki sait briller quand ça compte le plus, que ce soit en scellant une victoire en prolongation – il a d’ailleurs marqué cinq buts en temps supplémentaire cette saison, à égalité pour le deuxième total en importance dans la LNH – ou en trompant la vigilance d’un gardien d’une feinte de son cru en tirs de barrage.
Sans oublier qu’il montre l’exemple en s’illustrant dans toutes les facettes du jeu soir après soir – littéralement. Parce que depuis le 3 octobre 2019, le capitaine du Tricolore a participé à 451 matchs sans interruption. Seuls deux joueurs actifs de la LNH, Brent Burns (920) et Ryan Suter (533), présentent des séquences plus longues.
De la stabilité, en veux-tu? En v’là!