ColeNick

MONTRÉAL – Connaissez-vous l’expression « frère d’une autre mère »?

On caractérise ainsi un ami avec qui l’on entretient une excellente relation. S’il fallait appliquer l’énoncé à un duo du Tricolore, Cole Caufield et Nick Suzuki seraient un choix incontournable.

Ceux qui ont déjà côtoyé les deux complices savent que leurs personnalités sont différentes, les manières plutôt tranquilles et réservées de Suzuki contrastant avec l’énergie et la nature extrovertie de Caufield.

Mais – leçon de français 101 – loin d’être deux antonymes, nos deux compères agissent plutôt tels des adjectifs : sans être indispensables à l’autre, ils s’agrémentent de sacrée belle façon.

Avec le temps, les deux attaquants des Canadiens ont bâti bien plus qu’une relation d’amitié. Leur chimie sur la glace est rapidement devenue captivante, et, maintenant plus que jamais, le duo 13-14 nous tient sur le bout de notre siège.

Qu’est-ce qui fait de ce duo une aussi grande menace sur la patinoire? Revenons sur les progrès de Suzuki et Caufield depuis leur arrivée dans la Ligue.

[NDLR : toutes les statistiques datent du 10 avril 2025]

Nick

Suzuki ou une force tranquille

Dans tout sport, ceux qui jouent avec éclat marquent les esprits. Après tout, l’œil tendra naturellement vers ce qui brille. Ce n’est qu’en adoptant une vision plus globale que l'un pourra mieux apprécier les prouesses parfois plus discrètes d’un joueur comme Suzuki.

Simplement dit, le natif de London, en Ontario, est un patineur complet. Son entraîneur vous en dira de même.

« Je pense qu'il fait tout », affirmait Martin St-Louis au sujet de son principal joueur de centre le 15 mars dernier, à la suite d’une enlevante victoire de 3 à 1 face aux Panthers. « Il joue de grosses minutes et affronte de gros trios. Il est très bon offensivement, mais il est aussi très responsable défensivement. »

Si constance et responsabilité sont des qualités moins louangées qu’explosivité et rapidité, le numéro 14 se démarque à sa manière, notamment par sa vision et ses mains agiles. Orchestrant de multiples opportunités offensives, de manière parfois spectaculaire, pas surprenant qu’il soit le premier passeur des siens (à égalité avec Lane Hutson) grâce à 58 mentions d’aide amassées cette année.

Comme quoi tout peut être une simple question de perspective, bien qu’il soit souvent sous-estimé en raison de son style de jeu, Suzuki se trouve au sixième rang des centres de la Ligue cette saison avec 86 points – un total qui s’avère un nouveau record personnel. Il est aussi le premier pointeur chez les joueurs âgés de 25 ans et moins. Les 34 points (13B, 21A) qu’il a inscrits en 22 matchs depuis le retour de la pause de la Confrontation des 4 nations témoignent également de son apport flagrant aux récents succès de l’équipe.

Ayant connu une hausse de production dans la colonne des buts, des mentions d’aide et des points lors des quatre années suivant sa première campagne dans la Ligue, en 2019-2020, sa progression constante met d’autant plus en évidence son potentiel illimité.

Et, malgré sa nature moins exubérante, Suzuki sait briller quand ça compte le plus, que ce soit en scellant une victoire en prolongation – il a d’ailleurs marqué cinq buts en temps supplémentaire cette saison, à égalité pour le deuxième total en importance dans la LNH – ou en trompant la vigilance d’un gardien d’une feinte de son cru en tirs de barrage.

Sans oublier qu’il montre l’exemple en s’illustrant dans toutes les facettes du jeu soir après soir – littéralement. Parce que depuis le 3 octobre 2019, le capitaine du Tricolore a participé à 451 matchs sans interruption. Seuls deux joueurs actifs de la LNH, Brent Burns (920) et Ryan Suter (533), présentent des séquences plus longues.

De la stabilité, en veux-tu? En v’là!

Cole

Caufield ou l’ADN d’un marqueur

Quand Caufield est venu prêter main-forte au Tricolore dans la course aux séries de 2021, ses talents de marqueur - bien connus dans la NCAA – ont rapidement été mis au service de son nouveau club. Son premier but dans la LNH fut mémorable : le filet gagnant en prolongation face aux Sénateurs d’Ottawa le 1er mai 2021.

Si les deux années subséquentes ont été quelque peu ternies par une panne sèche en plein début de campagne 2021-2022, suivie d’une blessure l’ayant empêché de terminer la saison 2022-2023, Caufield n’a jamais réellement perdu cette touche qui le démarque du lot.

En 2023-2024, l’ailier a mené les siens avec sept buts gagnants, et il en a déjà huit à son actif avec quatre matchs à disputer au calendrier.

Ayant cette année franchi le plateau des 30 filets pour la première fois depuis son arrivée dans la LNH, le natif de Mosinee, au Wisconsin, en a désormais 37 à son actif. S’il parvenait à atteindre le seuil des 40 buts, il s’agirait d'une première en plus de 30 ans pour la franchise, Vincent Damphousse étant le dernier joueur à avoir réalisé l’exploit dans l’uniforme du Bleu-blanc-rouge, en 1993-1994.

Évidemment, un bon tir ne suffit pas dans la LNH, et Caufield continue d’améliorer chaque facette de son jeu.

« S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que tu n’as pas la rondelle sur ta palette bien longtemps dans un match de la LNH, donc il faut te demander comment tu vas aider les gars qui ont la rondelle quand tu ne l’as pas », confiait Caufield à NHL.com en novembre dernier. « Arriver à un endroit à temps pour aider, transitionner rapidement en mode défensif, être plus difficile à affronter, remporter plus de batailles... ce sont toutes des choses dont St-Louis et moi avons discuté. »

Pour St-Louis, ces efforts portent déjà leurs fruits.

« Il marque des buts, mais, ce que j’aime de Cole, c’est qu’il joue maintenant l’ensemble du jeu », disait l’entraîneur-chef lors d’un point de presse en début de saison. « Il ne fait pas que marquer des buts : il joue dans les deux sens de la patinoire. »

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Le duo (et l’équipe) dynamique

La saison dernière, Suzuki et Caufield signaient un peu plus du quart des filets de la Sainte-Flanelle, ayant été auteurs de 61 des 232 buts de la formation. À ce stade-ci en 2024-2025, le pourcentage de leur apport offensif est quasiment identique, eux qui sont à l'origine de 65 des 234 buts de l’équipe. Si l’on compte les mentions d’aide de chacun sur les buts de l’autre, ils se sont coordonnés pour 35 de ceux-ci.

Indéniablement, leur apport offensif est crucial au Tricolore. Divertissant pour la galerie, aussi.

Chaque soir, on attend beaucoup du premier trio des Canadiens, qui comprend aussi un jeune Juraj Slafkovsky en plein développement. Malgré la pression, les trois mousquetaires tentent de donner le ton et de mener les leurs dans la bonne direction.

Mais, pour gagner, tout le monde doit donner du sien. Si la campagne en cours a révélé une chose, c’est que, quand chacun d’eux excelle, les Canadiens peuvent rivaliser – voire même dominer – contre les clubs les plus redoutables de la Ligue.

Après que les Brendan Gallagher, David Savard, Josh Anderson, Mike Matheson et autres vétérans aient montré la voie à leurs homologues moins expérimentés, les jeunes, menés par Suzuki, semblent maintenant avoir repris le flambeau pour l’avenir.

Les efforts sont là. L’équipe est dans le mix. Reste à voir si 2024-2025 donnera lieu à une participation aux séries.