MONTRÉAL - En l’honneur de la soirée de la Fierté au Centre Bell, les Canadiens ont invité GRIS-Montréal à animer un atelier de sensibilisation destiné à des entraîneurs de hockey d’ici de la catégorie M13, mardi, en amont de la rencontre entre le Tricolore et le Lightning de Tampa Bay.
Depuis près de 10 ans, les Canadiens travaillent avec cet organisme à but non lucratif qui cherche à démystifier les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre.
« Ç’a été une collaboration naturelle, d’une certaine façon, puisque c'était aussi lié [au hockey], et que nous travaillons principalement dans les écoles dans le but de les rendre plus inclusives pour tous les jeunes. Les parallèles y étaient, puisque l’initiative consistait également à démontrer que le sport se doit d’être un milieu plus inclusif pour tous, mais particulièrement pour les jeunes », a dit la directrice générale de GRIS-Montréal, Marie Houzeau.
L’équipe de contenu des Canadiens s’est entretenue avec Houzeau pour discuter de l’atelier, de l’importance de la soirée de la Fierté et plus encore.
Veuillez noter que les questions et réponses ont été modifiées à des fins de clarté et de concision.
Quelles idées préconçues avez-vous entendues en travaillant dans l’univers du sport, en ce qui a trait aux orientations sexuelles et aux identités de genre?
Si l’on parle de l’univers du sport, il y a beaucoup de préjugés ou d'idées préconçues qui affirment que, si tu es un garçon homosexuel, tu seras moins performant dans ta pratique sportive. Il existe cette perception que, si tu es homosexuel, tu es un peu moins « gars », donc moins viril. Particulièrement dans les sports de contact comme le hockey, [où l’on dit que] c’est quelque chose qui pourrait nuire à tes performances, ce qui est complètement faux. Il y a des personnes de tous les types d’orientations sexuelles à tous les niveaux sportifs. [...] Et même chez les femmes, je dirais qu’il existe une certaine vision des filles lesbiennes. Là, au contraire, elles performent bien, même mieux que les autres. Mais c’est parce qu’elles sont lesbiennes; elles sont dites un peu moins féminines, expliquant pourquoi elles performent mieux, alors qu’il s’agit ici d’une certaine forme de dévalorisation de leur performance.
Et lorsqu’on parle du genre, ce qu’on entend le plus, c’est que les personnes trans, surtout les femmes trans qui compétitionnent dans des catégories sportives avec des femmes qui ne sont pas trans, ont un certain avantage, puisqu’elles ont autrefois eu un corps qui s’est développé comme celui d’un homme. Or, ce n’est pas quelque chose qui a été prouvé par la science ni par la recherche. D’ailleurs, si c’était vrai, je pense que les femmes trans seraient à tout coup sur la première marche du podium, ce qui ne se produit pas, donc voilà. Ce sont des choses que l’on entend assez souvent par rapport au sport.
*Pouvez-vous me parler de davantage de l'objectif des ateliers avec les entraîneurs de niveau M13?
*Il s’agit de permettre aux entraîneurs d’avoir une meilleure compréhension des concepts de base qui sont liés à l’orientation sexuelle et à la diversité de genre, et de savoir que ce n’est pas la même chose, alors qu’il s’agit de deux réalités complètement différentes. Il est également question de savoir quels sont les besoins spécifiques pour des jeunes qui s’interrogent sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre dans ces milieux qui sont quand même tissés serrés : les équipes sportives, c’est beaucoup de proximité. Donc, comment peuvent-ils être de bons modèles et de bons accompagnants pour des jeunes qui se sentiraient peut-être un peu isolés ou qui ressentiraient quelques difficultés par rapport à leur identité ou à leur orientation? Et puis, c’est de les outiller très concrètement sur les façons de réagir lorsque des situations sur la glace ou dans le vestiaire émergent. Par exemple, on sait que, malheureusement, les insultes à caractère homophobe sont encore fort présentes dans le sport. Donc, comment réagir lorsque ça arrive? Comment réagir si un jeune ou une jeune fait un coming out au sein d'une équipe? Bon, ce ne sont que des exemples, mais l’idée est vraiment de leur dire : « Voici des cas sur lesquels on peut travailler ensemble, des questions que vous avez, et peut-être des expériences que vous avez déjà vécues et pour lesquelles vous n'aviez pas su réagir et pour lesquelles vous auriez aimé être accompagnés. » On les regarde ensemble, puis on détermine ce qu’on peut tirer comme bonne pratique de ces cas précis.
Qu’avez-vous appris en travaillant avec ces entraîneurs au fil des années?
J'ai trouvé ça très rassurant, de voir qu'ils voulaient avoir ces outils. Ils voulaient savoir comment réagir. Ils étaient impliqués dans les ateliers, et on leur parlait de réalités qu'ils vivent. Donc, je sentais que c'était utile pour eux d'avoir ces conversations. C’est comme une lueur d'espoir, parce qu'on dit souvent : « Ah, tu sais bien, dans le milieu
sportif, c'est trop compliqué de faire bouger les choses. C'est un peu sclérosé... » C’est rassurant de voir que c'est ceux qui prennent soin de nos jeunes qui ont envie de démontrer cette ouverture et de travailler à l'inclusion. Donc, ce sont des ateliers amusants à donner parce qu'on travaille tous ensemble dans la même direction.
La soirée de la Fierté des Canadiens se déroule mardi. Pourquoi ces soirées sont-elles importantes?
C'est très important, plus que jamais je dirais, parce que, justement, on observe des reculs [...] dans la société en général, où l’on voit que ce sont des sujets qui sont de plus en plus polarisants, où les gens ont toutes sortes d'opinions et de fausses informations. Ça prend des proportions qu'on n'aurait jamais imaginées dans les années 2020 au Québec. Donc, [c’est important] d'avoir des institutions comme les Canadiens de Montréal qui se positionnent et disent : « Bien non, [...] pour nous, [...] les valeurs qu'on porte, ce sont des valeurs d'inclusion. » Puis, c'est très important de mettre le projecteur sur ces réalités et de dire : « Voilà ce que nous souhaitons envoyer comme message. »



















