MONTRÉAL – Lorsqu’il est question de défier les probabilités, Danièle Sauvageau s’y connaît.
En tant qu’entraîneuse-chef, celle qui sera intronisée au Temple de la renommée du hockey en 2025 a mené l’équipe canadienne de hockey féminin à sa première médaille d’or, lors des Jeux olympiques d'hiver de 2002 à Salt Lake City, malgré une équipe américaine grandement favorite.
On lui a dit « non » à plus d'occasions qu’elle ne saurait les compter, mais chaque fois, Sauvageau s’est tenue, ferme, en quête de façons d’améliorer le hockey féminin tout en le rendant plus viable à long terme à tous les niveaux. Après avoir notamment fondé le programme de hockey féminin des Carabins de l’Université de Montréal – le premier du genre parmi les universités francophones de la province – et participé à la création du complexe d’entraînement Centre 21.02, il n’est pas surprenant de voir la directrice générale de la Victoire de Montréal, équipe de la LPHF, être intronisée au Temple de la renommée du hockey à titre de bâtisseuse, aux côtés de l’ancien entraîneur-chef des Terriers de l’Université de Boston Jack Parker.
L’équipe de contenu des Canadiens s’est entretenue avec Sauvageau au sujet de cette réalisation en vue de la semaine d’intronisation. Un hommage sera rendu à Sauvageau et François Gagnon, qui se verra remettre le prix Elmer-Ferguson pour son excellence journalistique dans le milieu du hockey, avant le match de jeudi contre les Stars de Dallas au Centre Bell.
Veuillez noter que certaines questions et réponses ont été modifiées à des fins de clarté et de concision.
Que représente à tes yeux le fait d’être intronisée à titre de bâtisseuse?
Ça représente beaucoup, ne serait-ce que pour l’émotion que ç’a créé en moi lorsque j’ai reçu l’appel. C’est comme si, en l’espace de quelques secondes, toutes les fois où [l’on m’a dit :] « Tu ne peux pas coacher, tu ne peux pas analyser » ou « Non, ça ne peut pas arriver », on dirait que tout ça s’est effacé pour faire place aux souvenirs et aux beaux moments. J’avais tellement hâte de parler à mes parents, ce sont les premières personnes que je voulais absolument appeler. Ma mère est devenue émotive et ne comprenait plus vraiment ce que je disais. Je lui ai dit : « Il faut que ça reste secret pour un autre 45 minutes, jusqu’à ce qu’ils l’annoncent. » En l’espace de trois ou quatre minutes, j’ai reçu des textos de mes frères et de ma sœur. Là, j’ai dit : « Bon, une chance qu’on gardait ça secret. » Mais, en même temps, on a vraiment partagé ce qui est pour moi le plus grand privilège, soit d’être née dans une famille vraiment unie. Et ça, pour moi, ç’a été un gros, gros moment.
Qu’est-ce qui te rend le plus fière?
Ce qui me rend le plus fière individuellement, c’est d'être encore là. Lorsque j’ai parfois eu envie de dire que j’en avais fait assez et que je voulais faire autre chose, j’ai eu des gens qui m’ont dit : « Tu nous as toujours dit que ton patron, c’était le hockey, et le sport existe encore. Tu peux encore avoir de l’impact. » Après 40 ans, c’est encore ma plus grande fierté, et je remercie ceux et celles qui, tout au long de mon parcours, m’ont encouragée à rester pour être encore ici aujourd'hui.
Comment se sent-on d’être considérée comme une « bâtisseuse »?
D’être considérée comme quelqu’un qui a bâti des choses, ça me ramène encore à ma mère, qui a perdu sa propre mère à l’âge de cinq ans. En bas âge, je l’ai entendue dire : « Comment je peux aider? » Et chaque fois que je me faisais dire non, bien, c’était ça : « Comment que je peux aider? » C’était une nouvelle opportunité. J'ai la passion du hockey, et j’ai des opportunités de pouvoir avoir un impact en mettant en place des choses qui n’existaient pas auparavant. Si l’on recule 40 ans en arrière, il y avait des possibilités. Qu’il soit question des programmes de cégep ou des programmes avec l’Université de Montréal, il n’y avait pas de programme de hockey du côté francophone. Et même là où nous sommes aujourd’hui, le Centre 21.02, [le complexe] porte le nom de « 21.02 » en l’honneur de la date à laquelle le Canada a gagné sa première médaille d’or, le 21 [février 2002], et des champions qui étaient là. Geoff Molson en a fait partie, Barry Lorenzetti en a fait partie. Pour moi, c’est d’avoir été là à des moments où le hockey en avait vraiment besoin. D’avoir un endroit où les Marie-Philip Poulin de ce monde peuvent s’entraîner l’été, gratuitement, et déposer leur poche de hockey. Voilà les moments – et ça ne s’est pas fait tout seul – voilà les moments survenus en l’honneur de ce qu’on appelle la game du hockey, du sport et des femmes qui nous représentent si bien sur la scène internationale.
As-tu un message pour les jeunes filles qui s'inspirent des Marie-Philip Poulin de ce monde en grandissant?
Le message pour les jeunes femmes, et les jeunes hommes qui regardent du hockey féminin, c’est continuer de regarder pendant longtemps. Continuez de jouer au hockey, continuez d’avoir du plaisir et de rêver de jouer professionnellement ou d’y travailler professionnellement.
Pour assister au match d’ouverture à domicile de la Victoire, le 25 novembre face aux Sirens de New York à la Place Bell, cliquez ici.


















