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MONTRÉAL - Kirby Dach dégage une confiance discrète.

MAGASINER : Chandail réplique de Kirby Dach

Sur la glace, l'attaquant peut complémenter le premier trio des Canadiens en tant qu'ailier aux côtés du capitaine, Nick Suzuki, et de Cole Caufield, tout comme il peut passer à sa position naturelle de centre.

Qu'il s'agisse de ses habiletés de maniement de rondelle, de sa capacité à patiner avec aisance ou de sa volonté de se battre dans les coins de patinoire, Dach prouve de façon éclatante que ses détracteurs avaient tort.

« Si on jette la serviette sur un gars de 21 ans, que ce soit au hockey ou dans n'importe quoi, c'est qu'on n'a sûrement pas beaucoup de patience, ni un portrait global ou, comme je dis, une mentalité axée sur la progression », a déclaré l'entraîneur-chef Martin St-Louis lors d'un point de presse le 14 novembre dernier. « À 21 ans, c'est vraiment jeune. Kirby a été le troisième choix au total de la LNH il y a trois ans. Qu'ai-je vu en lui? J'ai vu un troisième choix au total. Ses atouts, sa grandeur, sa portée, et tout. »

Avec un but et une mention d'aide récoltés lors de la victoire de 4 à 3 jeudi contre les Predators de Nashville, le natif de Fort Saskatchewan, en Alberta, a égalé son meilleur total de points en carrière à ce jour, soit 26 points en 70 matchs avec Chicago la saison dernière. Ce n'est pas si mal, considérant qu'il lui a fallu 28 matchs de moins pour y parvenir.

Pas mal du tout, même.

En dehors de la glace, sa stature de 6 pi 4 po et 212 lb contrastent avec le doux ton de sa voix. Interrogé sur les aspects de son jeu desquels il puise sa confiance, Dach a donné une réponse simple.

« Je ne sais pas, a-t-il répondu. Je vais sur la glace et je joue. Je pense que c'est toujours le petit enfant en moi qui aime être sur la glace, essayer des choses et s'amuser, rire et être avec ses amis. »

Et ça paraît.

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Sa joie de vivre est palpable dans le vestiaire et à l'entraînement. Même s'il semble parfois sérieux en entrevue, il affiche une gaieté inattendue - surtout avec Caufield. Avec ses coéquipiers, son sourire diabolique et son sens de l'humour sont presque toujours visibles.

« La plupart du temps à l'aréna, il semblait content », a raconté Alex DeBrincat, son ancien coéquipier des Blackhawks de Chicago maintenant attaquant pour les Sénateurs d'Ottawa. « Il y a eu des moments difficiles dans les saisons que nous avons vécues ensemble, mais, la plupart du temps, il était de bonne humeur, il venait à l'aréna prêt à travailler, à s'améliorer et à passer du bon temps avec les gars. »

Les difficultés auxquelles DeBrincat a fait allusion ne sont pas un secret. Marqué par deux blessures au poignet et une entorse à l'épaule lors de ses trois saisons avec Chicago, Dach a connu des débuts difficiles dans la LNH. Les attentes étaient élevées pour le troisième choix au total de 2019, qui a rejoint un club vieillissant, les Blackhawks, dont les succès sur la glace s'amenuisaient. Tous ces facteurs, combinés à la pression placée sur les épaules du joueur de 18 ans avant même ses débuts, n'étaient pas une formule gagnante.

Mais la plus grande source de pression pour Dach venait peut-être de lui-même.

« Je sentais que ça allait bien », a-t-il indiqué, en lien avec la pression d'être l'un des trois premiers choix. « Mais j'ai senti qu'il y avait encore des moments où je me laissais peut-être envahir. Mais, en même temps, la plus grande pression est venue de moi-même et de ce que j'attendais de moi. Je pense que c'est un jeu dangereux, parfois, quand on est dans sa propre tête, qu'on se met à douter de soi-même et qu'on n'a pas confiance en soi. »

Dach a admis avoir vraiment fait face à de l'adversité pour la première fois de sa carrière lors de ses trois années passées à Chicago. Il s'est tourné vers sa famille, ses amis et de nombreux coéquipiers, dont le triple champion de la coupe Stanley Brent Seabrook, pour obtenir du soutien pendant cette période difficile. Le défenseur, qui a maintenant pris sa retraite après 15 ans comme hockeyeur de la LNH, a hébergé Dach pendant deux saisons, de 2019-2020 à 2020-2021.

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Seabrook garde un excellent souvenir de l'une de ses premières rencontres avec Dach.

« Il est venu directement vers moi et a demandé s'il pouvait vivre avec nous, ce qui, selon moi, montrait beaucoup de confiance venant d'un jeune de 18 ans, se souvient-il. C'était un bon jeune, très gentil, très respectueux. Comme je l'ai dit, il avait confiance en lui. »

La confiance en soi semble être un thème récurrent chez Dach.

Il a non seulement fait preuve d'un grand appétit en cuisine - « Nous avons constaté très rapidement que la facture d'épicerie allait augmenter », plaisante Seabrook - mais aussi un appétit pour apprendre.

« Nous avons eu beaucoup de conversations sur le hockey, le hockey situationnel, des choses comme ça, a mentionné Seabrook. Il étudie le jeu. Il a posé beaucoup de questions sur les grandes équipes que nous avons eues à Chicago, donc c'était toujours agréable de parler de ces choses-là. »
Seabrook a offert un endroit où Dach pouvait se sentir chez lui et des conseils tirés de sa longue expérience dans le milieu.

À travers les obstacles, l'ancien arrière a toujours vu un jeune qui voulait simplement être le meilleur.

« La chose que j'ai toujours appréciée chez Kirby, c'est qu'il voulait être excellent », a déclaré Seabrook, aujourd'hui entraîneur du développement des joueurs pour les Giants de Vancouver, dans la Ligue de hockey de l'Ouest (WHL). « Il ne voulait pas se contenter d'être un joueur accessoire dans la LNH. Il voulait être un grand joueur dans la LNH. À travers l'adversité, et beaucoup de choses, je pense que Kirby a appris certaines des choses qu'il devait changer ou ajuster pour être un grand joueur, et il trouve un peu de ça à Montréal. »

Seabrook garde Dach à l'oeil, comme un fier papa. Il peut voir la confiance et la joie du numéro 77 sur la glace à travers son téléviseur, notamment lorsque son ancien colocataire a marqué le but de la victoire en tirs de barrage contre Chicago le 25 novembre dernier, à son ancien domicile, le United Center.

« C'était très amusant de revoir sur la glace, a-t-il noté. Je pense que ça clôt un peu le chapitre entre Chicago et lui. Il peut passer à autre chose, se concentrer sur lui-même et sur les Canadiens de Montréal et en profiter. »

Et c'est exactement ce qu'il fait.

L'échange avec Montréal l'été dernier, pendant le Repêchage de la LNH, s'est jusqu'à présent avéré être une bénédiction déguisée pour le jeune talent. Il décrit la différence entre ses débuts avec les Canadiens et ses trois dernières saisons à Chicago comme étant « le jour et la nuit ».

Il a profité de la dernière intersaison pour se refaire une santé mentale et n'a pas regardé derrière lui depuis.

« Je pense que j'ai profité de l'été pour vraiment faire le point sur moi-même et sur ce qui s'est passé ces trois dernières années, et [me demander] si j'en suis satisfait ou non, a-t-il souligné. J'ai examiné mon passé et je me suis regardé dans les yeux, et je suis ressorti en disant que je voulais à nouveau faire mes preuves, m'amuser et profiter de cette année. »