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MONTRÉAL - « Cole Caufield était mon joueur préféré – et je l’aime encore – mais je crois qu’Alex a gagné des points après tout ça », a dit Maddie Hemeon à son père.

Si l’ère du numérique a pris le dessus sur l’écriture manuscrite, un art ne se perd pas : celui des affiches de partisans faites à la main. Les amateurs de hockey de la génération Z sont connus pour leur fameux incitatif « Une rondelle contre [insérer ici le nom d’une collation] » rédigé à la mitaine sur une affiche qu’ils tiennent bien haut pendant la demi-heure d’échauffement précédant chaque match au Centre Bell.

« Terre-Neuve-et-Labrador aime Alex Newhook », pouvait-on lire sur la pancarte de Maddie, assise derrière le banc des Canadiens, le 17 octobre dernier. L’adolescente de 15 ans ne demandait ni bâton ni rondelle, mais Newhook s’est quand même assuré qu’elle reçoive les deux.

« Ça fait toujours chaud au cœur de voir ces affiches autour de la glace, et le soutien de Terre-Neuve-et-Labrador est assez fou », a admis Newhook.

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Les deux Terre-Neuviens sont d’abord entrés en contact lors de la période d’échauffement, quand l’attaquant du Tricolore a envoyé une rondelle à Maddie. Puis, après l'affrontement, grâce à l’aide de Geoff Molson et d’une employée des Canadiens, Newhook a découvert que sa mère, Paula, qui était aussi dans les gradins cette soirée-là, et la famille Hemeon prenaient le même vol pour rentrer dans leur province atlantique. Moins de 24 heures plus tard, son bâton de match était entre les mains de Maddie, à l’aéroport.

« Qu’Alex, Geoff, Paula et l’équipe des Canadiens se soient efforcés de remettre ce bâton à Maddie, ça vaut tout l’or du monde pour elle », a affirmé Dwayne, le père de celle-ci.

Redonner à la communauté est une règle non écrite du hockey, et Newhook ne manque pas de la suivre.

Le charisme du joueur de 22 ans transcende les murs du Centre Bell, et Newhook compte plusieurs gestes de gentillesse à son bilan.

« Ce n’est pas quelque chose que je fais par obligation; je suis heureux de le faire, a précisé Newhook. Pour nous, en tant que joueurs, et avec le statut que ça nous procure, il y a plein d'opportunités et de façons de redonner, et j’essaie de faire ma part. »

Et c'est ce qu’il fait, tout naturellement, et peut-être même sans s’en rendre compte.

Six jours après que Newhook eût subi une entorse à la cheville, les Canadiens prenaient part à leur annuelle visite des hôpitaux. Se déplaçant avec une mobilité réduite, il aurait pu s’absenter en raison de sa blessure, mais il a tenu à y participer.

« Je pense que ces visites d’hôpitaux sont spéciales. C’est dans ces moments, en tant qu’athlète à Montréal, qu’on est en mesure de prendre un pas de recul et de constater à quel point on est chanceux », a ajouté le natif de St. John’s, à Terre-Neuve. « Visiter ces enfants et voir leur humeur changer quand on est là, c’est assez cool à voir et c’est quelque chose que j’aime faire. C’était une journée assez spéciale. »

C’est muni de sa trottinette médicale que Newhook a rencontré les jeunes patients des Hôpitaux Shriners pour enfants, dont plusieurs pouvaient ainsi s’identifier davantage au joueur des Canadiens.
« Je pense que, pour certains d’entre eux, me voir avec une blessure leur a permis de plus facilement faire le lien avec leur situation », a ajouté le choix de premier tour en 2019.

Et, pour agrémenter le tout, Youppi! était aussi présent.

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À Montréal, peu de gens sont plus reconnus que les joueurs des Canadiens, mais la fameuse mascotte de l’équipe possède peut-être un avantage en ce sens.

« Ç’a rendu les choses encore plus plaisantes pour les enfants qui ne comprennent pas exactement qui l’on est, a expliqué Newhook. Ils pouvaient au moins reconnaître la grosse mascotte. Je pense que beaucoup d’entre eux ont aimé ça, alors on a eu beaucoup de plaisir ensemble et les enfants y ont assurément été pour beaucoup. »

La présence de Newhook leur aura permis d’alléger le poids de la maladie qui pèse sur les épaules de ces enfants le temps d’une visite et, plus tard en décembre, il a répété l’expérience. De retour à Terre-Neuve pour un premier Noël en quatre ans, sa blessure lui aura donné l’occasion inattendue de passer plus de temps dans la province la plus à l’est du Canada.

« Je lui ai demandé “Alex, tu as quelques journées de plus ici pour Noël, quelle est la chose que tu veux faire en arrivant?”, et il a dit "Je veux aller au Janeway (un hôpital pour enfant).” Juste d’en parler, ça me met la larme à l’œil », a confié la mère d’Alex à l’équipe de contenu des Canadiens.

Paula, qui est travailleuse sociale à Terre-Neuve, a donc fait les démarches pour que son fils puisse surprendre les enfants et répandre la magie de Noël au cours d’une visite au Janeway Children’s Hospital de St. John’s, le 20 décembre.

« Je me suis dit qu’avec le temps de plus que j’avais à la maison, c’était le moins que je puisse faire. J’ai aussi préparé quelques cadeaux pour les enfants », a ajouté celui qui en est à sa première saison avec les Canadiens.

Un jeune de 17 ans confiné à son lit d’hôpital a demandé aux infirmières de le laisser se rendre à un étage inférieur, en fauteuil roulant, afin de rencontrer son héros originaire de sa ville natale. Les employés de l’hôpital ont exaucé son vœu et, une fois rendu sur place, la simple présence de Newhook a suffi à rehausser sa bonne humeur – littéralement.

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« Il a été le premier arrivé et le dernier à quitter », a expliqué la mère de Newhook. « À la fin, il a demandé aux infirmières “Est-ce que je peux me lever? Je veux juste me tenir aux côtés d’Alex.” Elles lui ont donné leur accord, et Alex a repoussé sa trottinette en affirmant : “Bien, mon ami, si tu te lèves, je me lève aussi." »

À la conclusion de 2023, Newhook laisse derrière lui une piste de bienveillance qui n’est pas passée inaperçue, de Montréal à Terre-Neuve.

« Bon nombre d’infirmières présentes à l’hôpital ce matin-là nous ont dit, à Alex et moi : “Vous n’avez aucune idée à quel point vous venez de faire le Noël de ces enfants” », a ajouté Paula.

Pour Newhook, c’est simple : « Si quelqu’un a besoin d’un coup de main, il y aura toujours quelqu’un de prêt à lui tendre la sienne […] Si on peut venir en aide à un compatriote terre-neuvien, bien on va le faire. C’est ce qu’on fait. »

Et pour la famille Hemeon, c’est exactement ce qu’il a fait en donnant à leur fille une rondelle et un bâton.

« Elle ne l’oubliera jamais », a affirmé Dwayne, le père de Maddie.

Ce texte a été traduit par Anne-Charlotte Pellerin.