Chabot rentre à la maison
Le défenseur est radieux à la veille du voyage des Sénateurs à Québec
Au parc de la Famille, en plein cœur de Sainte-Marie-de-Beauce, il reste toujours quelques traces de l’enfance de Thomas Chabot.
Ce n’est pas évident, au premier coup d’œil. Quand la municipalité a choisi d’investir un peu d’argent pour moderniser l’endroit, il y a quelques années, l’espace où on préparait autrefois la patinoire extérieure a disparu. On y a installé d’autres équipements.
Il suffit d’examiner un peu le pavillon du parc pour trouver des traces des matchs endiablés qui ont été disputés entre 2010 et 2015. Sur la porte blanche, on retrouve quelques dizaines de traces noires, pour toutes ces fois où Chabot et ses nombreux amis manquaient de précision…
Le parc est littéralement situé à une vingtaine de pas de la maison où les parents de Chabot, François et Claude, habitent toujours.
Ces souvenirs risquent de se bousculer, dans la tête du vétéran défenseur des Sénateurs, dans les prochains jours, lorsque l’équipe s’arrêtera dans la région de Québec pour poursuivre son camp d’entraînement.
Quand il parle de son enfance, Chabot ne manque jamais de nous rappeler qu’il est originaire d’un endroit qui n’a rien d’exceptionnel. « Sainte-Marie, c’est vraiment tout petit », rappelle-t-il.
Pourtant, le jeune homme qui grandissait avec une seule idée en tête ne manquait d’absolument rien.
« Je crois que les filets de hockey étaient sortis dans en permanence », nous a confié Claude durant une visite estivale.
Durant les plus froids mois de l’hiver, quand venait le temps de déblayer la patinoire avant de jouer un match, il n’était pas nécessaire de chercher bien longtemps pour trouver des volontaires.
Thomas pouvait d’abord compter sur son frère aîné, Félix-Antoine. Il y avait ensuite les deux frères Perreault, occupants de la maison voisine. Les deux Drouin se trouvaient juste en face. Les Laflamme, qui vivaient un peu plus loin, étaient toujours partants pour un match.
Un peu plus haut, dans le quartier, il y avait Alex Breton, le « grand chum » d’enfance qui a lui aussi laissé sa trace dans la région d’Ottawa-Gatineau. Breton a porté les couleurs des Olympiques, dans la LHJMQ, pendant quatre saisons. Il a même été le capitaine de l’équipe.
« En tout, il devait bien y avoir une quinzaine de joueurs de hockey dans notre groupe élargi », calcule Chabot.
Si l’intensité était toujours au rendez-vous, la bande ne se prenait jamais trop au sérieux.
« Quand j’étais petit, je disais à mes grands-parents que j’allais jouer dans la Ligue nationale. Je disais ça comme n’importe quel autre petit gars », dit Chabot. « Mais je jouais au hockey parce que j’aimais ça et parce que c’était le fun. »
Le livre et la suspension
François Chabot a fait carrière dans le monde de l’éducation. Il était primordial, pour lui, que ses fils réussissent… Sur les bancs d’école!
Le paternel, un homme au tempérament doux, est même allé jusqu’à imposer une suspension à son talentueux fils cadet pour lui rappeler où se trouvait les priorités.
« Il y avait un livre, à l’école, que je ne voulais jamais lire. Mon père voulait absolument que je le lise. On s’était chicanés », raconte Chabot. « J’ai raté mon examen, évidemment, parce que je n’ai pas lu le livre. Il a décidé de me faire rater un match de hockey. Je m’étais donc rendu jusqu’à Lac-Etchemin pour regarder un match de mon équipe dans le bantam AA. J’étais assis dans les estrades avec mon père pendant que mon équipe jouait… »
Thomas Chabot jouait pour le plaisir, si bien qu’il a tardé à quitter Sainte-Marie pour se joindre aux équipes de hockey les plus compétitives de sa région. Ainsi, il a pris part au prestigieux Tournoi international de Hockey Pee-Wee de Québec à deux occasions dans la classe «CC» avec les Rapides de Beauce-Nord.
Une quinzaine d’années plus tard, certains souvenirs demeurent précis. D’autres, moins. Il se souvient d’une défaite en demi-finale contre une équipe française venue de Rouen. Il se souvient d’un gros match sur la patinoire du Colisée Pepsi avec des gradins bien remplis. « Il y avait beaucoup de monde! On avait joué le match tout de suite après les petits Nordiques… Ou les petits Remparts. Je ne me souviens plus très bien. Peu importe. »
Chabot se souvient surtout d’un but alloué au mauvais moment par son gardien, dans une défaite de 3-2. Dans cet article, on ne peut malheureusement pas répéter le mot utilisé par Chabot pour décrire ce but.
« Notre gardien, on l’agace encore aujourd’hui. C’était un de mes grands chums à l’époque et c’est encore un de mes grands chums aujourd’hui. Quand on prend un verre ensemble, on lui parle encore de ce but… »
« Mes amis de Sainte-Marie, ce sont des gars avec qui j’ai joué au hockey toute ma vie. Quand on passe des soirées ensemble, ces histoires-là ressortent et c’est bien le fun. »
Chabot n’a plus trop souvent la chance de faire du sport avec ses vieux chums. Il parle avec un peu de nostalgie d’un tournoi municipal de balle-molle auquel il a participé il y a quelques années avec la bande. Il se définit comme un « solide joueur d’arrêt-court ». « On forme une solide équipe, sérieux. L’avant-champ ne laisse pas passer grand-chose. »
Il pourrait parler de la brigade défensive des Sénateurs, des pas de géant effectués au cours de la dernière année et de l’arrivée de Jordan Spence qu’il ne serait pas plus enthousiaste.
Trente minutes de route
Thomas Chabot aime se retrouver sur un terrain de balle-molle avec ses copains, aujourd’hui, parce que ça lui rappelle d’autres beaux souvenirs d’enfance.
« Quand j’étais jeune, au printemps, je rangeais mon sac de hockey au sous-sol », raconte-t-il.
Alors, s’il voulait jouer au hockey, il devait sortir ses patins à roues alignées. Chez les Chabot, il n’était pas question de passer l’année au grand complet sur les patinoires. Malgré son immense potentiel, Thomas devait passer les plus beaux mois à se changer les idées. Il a donc passé son enfance à jouer au soccer ou au baseball.
« Sérieusement, pense que j’ai joué au baseball jusqu’à l’âge de 16 ou 17 ans. Quand je me suis trouvé un agent, mes perspectives ont changé. C’est mon agent qui m’a fait comprendre que je devrais me concentrer sur le hockey. »
C’est là que, pour la première fois, Chabot a senti le besoin de de quitter la maison.
En quittant Sainte-Marie-de-Beauce, il faut prévoir environ une trentaine de minutes pour atteindre Québec. Malgré la proximité géographique, on se sent ailleurs.
Tout juste avant de faire ses débuts dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Chabot est devenu un habitué du complexe sportif de l’Université Laval. Le PEPS (Pavillon de l’Éducation physique et des sports) devient chaque été le refuge de tous les hockeyeurs de haut niveau de la Vieille-Capitale.
Au départ, il n’avait pas de permis de conduire. François Chabot consacrait une partie de ses vacances d’été à faire le taxi.
Lors de ses premières visites au PEPS, à l’adolescence, un petit choc s’est produit.
« Avoir la chance d’entrer dans le groupe de Québec pour m’entraîner avec David Savard, Alexandre Picard, Antoine Vermette, Patrice Bergeron, David Desharnais… C’était ma première chance de voir comment les joueurs de la Ligue nationale travaillaient. Je voyais comment ils meublaient leurs journées. Je pense que c’est ce que j’appréciais le plus », dit Chabot. « Passer un peu de temps avec eux, c’était cool. Me sentir accepté dans le groupe, quand j’avais 15, 16 ou 17 ans… C’était vraiment cool. »
« À 17 ou 18 ans, je savais que j’allais être repêché dans la Ligue nationale, mais mon programme d’entraînement d’été ma quand même ouvert les yeux. Bien sûr, avec Patrice Bergeron, on atteignait des niveaux extrêmes, mais en le regardant, j’ai vite compris que j’étais plus loin que je pensais de la Ligue nationale. »
Aujourd’hui, le groupe a bien changé. À 28 ans, le jeune vétéran des Sénateurs est souvent celui qui dirige les entraînements sur glace estivaux. Le lundi soir, il fait plaisir au compétiteur qui sommeille en lui en participant aux matchs de la Ligue estivale CILS. Il s’agit d’un circuit qui réunit tous les joueurs professionnels de la grande région de Québec.
Il n’est pas rare de voir plusieurs dizaines de spectateurs dans les gradins du PEPS pour assister au spectacle, qu’on dit de haut niveau. D’ailleurs, il y a quelques années, l’espoir des Ducks d’Anaheim Tristan Luneau y a laissé quelques dents. Cet été, un joueur d’expérience de la LNH s’est blessé à une cheville. « C’est assez intense », prévient Chabot.
Selon les statistiques qui sont disponibles en ligne, Chabot n’a pas trop mal paru. Il a récolté pas moins de 18 points en cinq rencontres, durant la saison 2025.
« C’est quand même bizarre d’y penser. Je n’ai que 28 ans. Je ne suis pas si vieux que ça. Je veux donner le même feel au groupe que j’avais quand j’étais jeune. Les jeunes qui arrivent, je veux qu’ils se sentent accueillis. Je veux qu’ils sentent qu’ils font partie du groupe », indique Chabot.
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