Zachary L'Heureux : de la déception à la motivation
L'attaquant des Mooseheads d'Halifax a été ignoré par les dirigeants de Hockey Canada en vue du camp de sélection

L'attaquant des Mooseheads d'Halifax avait de bonnes raisons d'y croire, surtout qu'il avait été l'un des meilleurs joueurs au camp estival, il y a quelques mois. Mais lorsque la liste a été dévoilée, mercredi, son nom ne figurait pas au nombre des 35 joueurs en lice pour former la nouvelle édition de la troupe unifoliée.
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Le choc de la nouvelle a rapidement fait place à la déception… puis à la motivation.
« Je pense que je méritais d'être sur cette liste, a lancé sans détour l'espoir des Predators de Nashville, samedi. Je vais tout faire en mon pouvoir pour leur faire regretter cette décision. C'est quelque chose qui est hors de mon contrôle. Je ne peux pas vraiment en dire plus là-dessus. »
Son visage valait quand même 1000 mots. Le jeune homme de 18 ans n'avait visiblement pas encore tout à fait avaler la pilule. Même son meilleur match de la saison - une prestation de deux buts contre les Tigres de Victoriaville, vendredi - n'avait pas aidé à éteindre le feu qui brûle en lui.
Son entraîneur Sylvain Favreau ne s'en plaindra assurément pas. Déjà qu'il compte habituellement sur un joueur plutôt hargneux et combatif, ce n'est que de la valeur ajoutée pour lui.
« Je pensais aussi qu'il méritait sa place au camp, mais je suis convaincu qu'il va prendre ça de la bonne manière, a indiqué le pilote. Il veut démontrer qu'il aurait dû être là. Comme entraîneur, c'est plaisant de pouvoir compter là-dessus parce qu'il est d'autant plus motivé.
« Mais quand on regarde les joueurs invités, on constate qu'il n'y a pas beaucoup de joueurs de 18 ans. Il va se donner une belle chance pour le tournoi de l'année prochaine s'il continue à jouer comme il le fait. »
Parce qu'il aura effectivement une deuxième occasion de revêtir la feuille d'érable. En attendant sa deuxième tentative, il n'aura qu'à continuer de bâtir sur ce qu'il fait de bien en ce moment. Il a déjà 27 points, dont 10 buts, à sa fiche en 17 matchs et sa progression fait le bonheur de tous.
Scott Nichol, le directeur général adjoint et directeur du développement des Predators ainsi que le recruteur québécois Jean-Philippe Glaude accompagnaient justement leur plus récent choix de première ronde (27e au total) dans son voyage de trois matchs au Québec, cette fin de semaine.
« C'est plaisant de le voir jouer avec ses pairs, je ne l'avais pas vu depuis notre camp d'entraînement à Nashville, a expliqué Nichol. J'aime bien comment il réagit. Il a été déçu de ne pas être invité au camp de sélection, mais il a démontré son caractère hier en marquant deux buts. C'est un signe de maturité.
« Comme organisation, nous aurions aimé le voir là-bas, mais ce n'est pas décevant pour autant. Il doit traverser des épreuves, et c'est bien d'y être confronté tôt dans sa carrière. La plupart de ces jeunes n'ont jamais été retranchés et ont toujours été les meilleurs. Ils n'ont souvent pas connu beaucoup d'adversité.
« Ce n'est pas agréable pour lui, mais ça va nourrir la flamme et sa volonté d'être encore meilleur. »
Dans les limites
Le défi pour L'Heureux sera de répondre par la bouche des canons, en respectant les limites permises. Le jeune homme de 18 ans est reconnu pour son tempérament bouillant, qui lui a valu quatre suspensions l'an dernier, et une autre depuis le début de la saison.
Favreau a d'ailleurs évoqué cette petite problématique pour expliquer ce qui, selon lui, avait pu coûter une invitation à son poulain.
« J'aime mieux lui demander de descendre d'une petite coche que de lui demander de m'en donner davantage, a-t-il précisé. Il joue avec du mordant et c'est ce qui fait de lui le joueur qu'il est. Il n'y a pas de pilule magique ou d'interrupteur pour régler ça, mais ça viendra avec la maturité. »
Même son de cloche du côté de Nichol. Les Predators ont arrêté leur choix sur L'Heureux parce que c'est exactement cette fougue qui le distingue des autres. Pas question, donc, de le dénaturer.
« On est tous passés par là, j'étais un joueur similaire à mon époque, a conclu Nichol. Zach est un excellent joueur quand il joue avec ses tripes et avec émotion. Si on lui enlève, il va devenir un joueur sans saveur comme d'autres le sont. Il se nourrit de ça dans un match et son énergie est contagieuse.
« C'est ce qu'on veut dans notre organisation. Des joueurs qui sont excités de jouer des matchs, de pratiquer et d'être dans le gymnase. C'est exactement ce qu'il est. »
CRÉDIT PHOTO : Trevor MacMillan/Mooseheads de Halifax