Il a été employé à toutes les sauces en deuxième ronde, du premier au quatrième trio, et il s’est acquitté de ses tâches sans problème, conservant le même style de jeu et exerçant le même impact sur le match. Il est aussi celui qui a pour mandat de se poster devant le filet sur le jeu de puissance des Hurricanes, qui fonctionne à un rythme de 30,0 % (9-en-30).
Il passe en moyenne 19:12 par match sur la glace depuis le début des séries, en hausse par rapport à son temps moyen d’utilisation de 13:51 en saison régulière, alors qu’il a amassé 34 points (17 buts, 17 passes) en 80 parties. Il est le troisième attaquant des Hurricanes le plus utilisé depuis le début du tournoi printanier derrière Sebastian Aho (21:06) et Seth Jarvis (20:37).
« J’ai commencé sur le quatrième trio pendant la première moitié de la saison, et je pense honnêtement que c’était une bonne chose pour moi, pour m’aider à m’ajuster au rythme, a admis Blake. Je suis un joueur offensif, un gars talentueux, et je veux évidemment jouer chaque minute du match et affronter les meilleurs joueurs adverses, afin de voir ce que je peux accomplir contre ces gars-là.
« J’ai joué avec "Fishy" (Sebastian Aho) et un autre ailier dans certains matchs. J’ai été utilisé sur le quatrième trio, mais quand nous avions besoin d’un but, (l’entraîneur des Hurricanes Rod Brind'Amour) me donnait une promotion si je jouais bien. Il y a eu un match contre Vegas vers la mi-saison, vers la 50e partie de la campagne, et il m’a placé sur le même trio que "Fishy" et "Svechy" (Andrei Svechnikov) et nous avions connu un très bon match. Après ça, ma confiance a augmenté sans cesse, et j’ai joué avec "Fishy" pour presque la totalité du reste de la saison. Je sais que je n’ai que 21 ans, mais j’ai de grandes attentes envers moi-même et ce que je peux accomplir, et j’ai évidemment fait beaucoup de progrès entre mon premier match et aujourd’hui. »
Brind'Amour était très familier avec le jeu de Blake avant même que les Hurricanes le sélectionnent en quatrième ronde (109e au total) du repêchage 2021. Le pilote et la famille Blake possèdent un ami en commun à Raleigh, Colin Muldoon, le directeur du développement des joueurs des Hurricanes juniors de la Caroline.
« Il le louange depuis qu’il joue bantam, il nous parlait sans cesse de ce joueur, qui était encore plus petit que ça à l’époque, a raconté Brind'Amour. Il l’a observé à chacune des étapes et nous rappelait régulièrement que ce jeune allait être tout un joueur. Il avait raison. »
Blake possédait des aptitudes évidentes, mais c’est son sens du jeu qui lui donne un avantage.
« Le sens du jeu, ça peut se manifester de bien des manières, mais j’ai toujours pensé que c’était surtout d’être en avance sur le jeu, a analysé Brind'Amour. Où sont les joueurs, où ils devraient être, autant offensivement que défensivement, déjà savoir le jeu que tu vas réaliser avant d’avoir la rondelle, comprendre où la rondelle va aller. Il possède cette capacité. »
Jason affirme qu’il s’agit d’une qualité que son fils a toujours possédée.
« Quand j’ai pris ma retraite, j’ai passé tellement de temps avec lui, a expliqué Jason. Son intelligence est hors norme à mon avis. D’autres pourraient ne pas être du même avis. Je ne sais pas comment, mais il voit tout sur la glace. »
« Il ressent le jeu, a renchéri Svechnikov. Il sent toujours où se trouve le défenseur derrière lui, ou dans les coins de patinoire. Il trouve toujours un moyen de les battre. »
Ça ne devrait pas représenter une surprise.
Blake a passé une partie de son enfance dans des vestiaires de la LNH. Il a créé un lien avec Bobby Ryan lorsque ce dernier était le coéquipier de Jason à Anaheim. Il discutait avec Teemu Selanne, Scott Niedermayer, Ryan Getzlaf, Corey Perry et Saku Koivu. Il a joué au mini-hockey avec leurs enfants.
« Je vais vous le dire, j’étais probablement son sixième joueur préféré chez les Ducks, a déclaré Jason. Il avait cette relation avec Bobby Ryan. Bobby Ryan était tellement gentil avec lui. Tous les gars l’étaient. »
Mais pour Jackson, c’était tout simplement normal.
« On ne réalise pas avant d’avoir vieilli un peu que ce ne sont pas tous les pères qui jouent dans la LNH, a-t-il souligné. Je ne l’ai pas réalisé avant d’avoir 10 ou 11 ans, peut-être même 12. […] Je ne tiens absolument pas ça pour acquis aujourd’hui. J’ai grandi avec cette impression parce que j’étais toujours dans le vestiaire avec ces gars-là. J’ai beaucoup appris. »
Cet apprentissage s’est poursuivi en séries éliminatoires la saison dernière, alors que Blake accompagnait les Hurricanes en tant que « Black Ace », et il s’entraînait chaque joueur avec le responsable de la condition physique de l’équipe, Bill Burniston.
« Je pense que ça m’a beaucoup aidé quand je suis revenu pour le camp d’entraînement, de connaître le personnel et de connaître un peu les joueurs », a-t-il dit.
Il a fait ses débuts dans la LNH lors du dernier match de la saison régulière de la Caroline la saison dernière. Blake avait toutefois l’impression que ce match ne comptait pas, puisque les Hurricanes n’avaient aucun enjeu lié à cette rencontre, et que son dernier match avec l’Université du Dakota du Nord remontait à presque un mois.
Mais un match préparatoire contre les Panthers de la Floride le 28 septembre a donné à Blake le sentiment qu’il était prêt pour la LNH cette saison. Il a marqué un but avec un temps de glace de 17:23 en 23 présences.
« C’est alors que j’ai su que je pouvais jouer dans cette ligue, a noté Blake. Les matchs préparatoires ne sont pas vraiment la même chose, évidemment, mais je le savais dès les matchs préparatoires. »
Environ un mois plus tard, alors que les Hurricanes se trouvaient sur la route dans l’Ouest canadien, le directeur général de la Caroline Eric Tulsky a confié à Jason qu’il devrait appeler son fils par FaceTime pour lui dire qu’il pouvait quitter l’hôtel et se trouver un endroit où demeurer à Raleigh.
Le jeune frère de 12 ans de Jackson, Brooks, s’est joint à cet appel-vidéo.
« J’étais évidemment très émotif, a avoué Jason. Jouer dans la LNH est la chose la plus difficile à faire. On parle de faire partie du 1 % des meilleurs au monde. Cependant, le plus difficile est de demeurer dans la LNH, et c’est ce que je lui répète sans cesse. »
Le message a été entendu. Jackson est là pour de bon, du moins en ce moment.
« On regarde les séries éliminatoires quand on est enfant, on regarde toutes les équipes, avec les serviettes qui tourbillonnent, mais d’y jouer, c’est complètement autre chose, a lancé Blake. C’est exactement ce à quoi je m’attendais. »