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KANATA, Ontario – Steve Staios était bien conscient que la décision d’échanger Josh Norris ne ferait pas que des heureux dans le vestiaire des Sénateurs d’Ottawa. Mais le directeur général avait un plan en tête et il n’avait pas l’intention d’y déroger.

Il voulait dénicher des joueurs offensifs qui dynamiseraient l’attaque des siens – 23e dans la Ligue avant les matchs de vendredi – tout en ajoutant un peu de robustesse à son équipe. Quand la possibilité de mettre la main sur Dylan Cozens s’est présentée, il n’a pas hésité une seconde avant de sacrifier Norris et le défenseur Jacob Bernard-Docker.

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« Nous voulions renforcir le groupe et nous avons exploré chaque option pour réussir à le faire », a expliqué celui qui a aussi acquis le défenseur Dennis Gilbert et un choix de deuxième tour en 2026 dans cet échange. « Nous avions un plan clair et nous avons le sentiment d’avoir une formation plus équilibrée ce soir. »

Un grand sage a déjà dit qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Pour la première fois depuis le long processus de reconstruction entamé il y a sept ans, l’état-major de la formation ottavienne a touché à un élément de son noyau pour se donner une chance de participer aux séries.

Cette décision venait évidemment avec un risque, celui d’ébranler les liens qui existent dans le vestiaire. La réaction du capitaine Brady Tkachuk, qui refoulait ses larmes devant son casier, et la totale surprise exprimée par Drake Batherson, illustraient parfaitement cette réalité.

« Ultimement, ça ne peut pas affecter ma décision, a argué le patron. Ç’a été difficile pour moi aussi. J’adore Josh Norris, comme personne et comme joueur. J’ai pris le temps de penser à la façon dont ça allait affecter le groupe. Mais comme dirigeant, je ne laisserai pas ça m’empêcher d’améliorer l’équipe.

« C’est tout ce qui compte. Si je laisse les émotions avoir le dessus, je ne fais pas mon travail. »

À première vue, il semble que les Sénateurs et les Sabres se sont échangé deux jeunes centres, sous contrat pour encore cinq ans, qui avaient vraisemblablement perdu leurs repères.

Si Norris était incapable de revenir aux standards de la saison de 35 buts et 55 points qu’il a connue, il y a trois ans, c’est aussi la réalité à laquelle Cozens était confrontée chez les Sabres. Le centre de 24 ans a été limité à 31 points, dont 11 buts, en 61 matchs dans une campagne plus que laborieuse.

Il a toutefois déjà atteint des sommets de 31 buts et 68 points en 81 rencontres, il y a deux saisons. Chez les Sénateurs, on a espoir qu’il parviendra à retrouver ce niveau de jeu. On aime également le côté plus physique, plus hargneux d’un Cozens. Surtout dans le contexte d’une possible participation aux séries.

« Il y a quelques facteurs qui ont fait pencher la balance du côté de Cozens, a justifié Staios. Pas que nous n’aimions pas Josh Norris. C’est un bon joueur et un bon coéquipier. Mais je juge que Cozens joue de façon un peu plus imposante et qu’il a un plus grand potentiel offensif. »

Le coup de génie dans tout ça, c’est que Staios a réussi à libérer un peu d’espace sur la masse salariale avec cette transaction. Il l’a ensuite utilisé pour faire l’acquisition des attaquants Fabian Zetterlund et Tristen Robins ainsi qu'un choix de quatrième tour des Sharks de San Jose, à la toute dernière minute.

L’intrigue Zetterlund

C’est d’ailleurs l’acquisition du Suédois, moins tape-à-l’œil, qui est la plus intrigante. Avec ses 17 buts, Zetterlund est désormais le troisième meilleur buteur de l’équipe, le deuxième à forces égales (13). Pour ce qu’il a coûté – Zach Ostapchuk, Noah Gregor et un choix de deuxième tour en 2025 – il pourrait rapporter gros.

Staios l’a d’ailleurs vanté encore davantage que Cozens lorsqu’il a été questionné à son sujet.

« C’est un joueur qui va dans les endroits payants, a-t-il fait valoir. Il est fort. Il a un très bon tir. Il a une bonne vitesse, il est extrêmement en forme, il a du caractère et il arrive ici à 25 ans. On ne refusera pas un autre bon tireur à l’attaque. Il est une menace à forces égales.

« En séries, il faut se salir le nez pour marquer des buts. Il n’y pense pas deux fois avant d’y aller. »

Le visage du deuxième trio de l’équipe et la profondeur de la formation seront métamorphosés quand Zetterlund rejoindra l’équipe, probablement lundi. Au lieu de jouer en compagnie de David Perron et de Norris, Batherson pourrait se retrouver à l’aile de Cozens et de Zetterlund.

Quant à Gilbert, il apportera de la profondeur du côté gauche à la ligne bleue. Staios a indiqué que l’émergence de Nikolas Matinpalo avait poussé Bernard-Docker vers la sortie.