Sam-Poulin-Prospect-story

Samuel Poulin a décidé de lever le voile sur les problèmes de santé mentale qui l’ont tenu à l’écart du hockey pendant plus de quatre mois, lors de la saison 2022-23.

L’espoir des Penguins de Pittsburgh a choisi d’en parler sur ses réseaux sociaux pour aider des gens qui se retrouveraient dans la même situation, et qui hésiteraient à demander de l’aide.

« Le 4 décembre 2022, ma vie changeait à jamais », a amorcé le Québécois dans un message vidéo de cinq minutes, partagé sur Instagram.

« Avant cette date, je pensais que j’étais une machine de guerre et que je pouvais m’entraîner comme je le voulais, et passer par-dessus n’importe quel défi de la vie. Sauf que j’avais tort. »

Le choix de premier tour raconte qu’il a graduellement perdu l’envie de jouer au hockey, quelques semaines après avoir finalement atteint son rêve de jeunesse en jouant ses premiers matchs dans l’uniforme des Penguins. Rétrogradé dans la Ligue américaine, le simple fait d’aller à l’aréna lui demandait des efforts.

« Tout ce que je voulais faire, c’est rester dans ma chambre et m’isoler. »

Hésitant à en parler à ses coéquipiers ou à un membre de l’organisation parce qu’il craignait de se faire « traiter de faible et de lâche », il a « gardé ça pour moi et je me suis battu contre mes démons ». Jusqu’au jour où sa tête et son corps ne pouvaient plus en prendre.

C’est après la première période d’un match contre les Bears d’Hershey que tout a lâché.

« Je suis passé à travers la première période de peine et de misère, a-t-il expliqué. Il n’y avait que du négatif dans ma tête. À mon retour au vestiaire, je me suis mis à mal me sentir et je sentais que j’allais exploser. J’ai quitté le vestiaire pour aller prendre l’air et j’ai décidé d’en parler au thérapeute de l’équipe.

« Je me sentais comme si je venais de faire une commotion. J’étais étourdi, dans un brouillard. Tout se passait au ralenti. J’avais mal au cœur. »

En discutant avec le thérapeute et un entraîneur, le Québécois a éclaté en sanglots « pendant 30 minutes ». Il a ensuite pris son équipement et a pris la décision de rentrer à la maison pour prendre soin de lui.

« Ç’a été la décision la plus difficile de ma vie, a-t-il souligné. J’avais l’impression de laisser tomber mon équipe. Je me sentais tellement coupable. »

Des problèmes ignorés

À son retour chez lui, il a entamé des séances de psychothérapie et s’est mis à comprendre ce qui lui est arrivé. Il explique avoir traversé des évènements difficiles dans sa vie personnelle entre 2019 et 2022, sans jamais avoir pris le temps de bien les gérer émotionnellement.

Il parle d’un accident traumatisant, d’une dure rupture amoureuse, du décès de deux proches et de l’isolement causé par de nombreuses quarantaines subies lors de la pandémie. Il dit aussi que le fait d’avoir été sélectionné au premier tour était « chouette », mais que ça lui avait causé « beaucoup de pression et d’anxiété ».

« Je pensais que tout ce que je devais faire, c’était de jouer au hockey, a-t-il raconté. J’ai tout rejeté le reste du revers de la main. »

Depuis ce temps, il a trouvé des stratégies pour calmer son système nerveux, comme le yoga, la méditation, des exercices de respiration et la tenue d’un journal. Il a aussi commencé à se confier davantage à sa famille et à ses amis « pour extérioriser ce qui se passait à l’intérieur ».

Depuis son retour au jeu, il a rejoué neuf matchs avec les Penguins de Pittsburgh. Il poursuit son développement dans la Ligue américaine, cette saison.

« Notre santé mentale et émotionnelle, il faut en prendre soin, a-t-il conclu. C’est aussi important que notre santé physique et spirituelle. C’est difficile de s’ouvrir, mais c’est la meilleure chose que tu peux faire pour te choisir. »