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TAMPA- Samuel Girard a déjà vu le temps passer plus vite.

Assis dans le vestiaire de l'Avalanche du Colorado en compagnie des réservistes et des autres joueurs blessés, le défenseur québécois ne pouvait qu'espérer que ses coéquipiers ferment les livres de cette finale face au Lightning de Tampa Bay pour les rejoindre sur la glace et célébrer la conquête de la Coupe Stanley.
« C'est pas mal les cinq minutes les plus longues de ma vie. Je regardais le temps et on aurait dit que ça ne descendait pas, a-t-il lancé en reprenant son souffle. Ça m'a pris trois minutes pour m'habiller, et il en restait encore deux au cadran. C'est incroyable. Il n'y a aucun mot pour décrire ce qui se passe en ce moment.
« On dirait que je ne le réalise pas trop. C'est juste fou le moment. Je ne peux pas le décrire. »
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Quelques instants plus tôt, le Robervalois avait été rejoint par les membres de sa famille - ceux qui avaient pu faire le voyage, du moins - sur la patinoire du Amalie Arena. La tension artérielle de tout le monde était en train de redescendre tranquillement, mais les téléphones continuaient de vibrer sans cesse.
« J'ai manqué m'évanouir », a lancé son père Tony en parlant de la fin corsée de ce match remporté 2-1 par l'Avalanche face au Lightning de Tampa Bay.
« Le cœur m'a sorti, il a arrêté de battre, le sang ne circulait plus à un moment donné, a renchéri sa mère Guylaine Dion. J'ai pu de voix pantoute! »
On peut les comprendre. Même si une fracture du sternum a tenu leur fils à l'écart du jeu à partir de la deuxième ronde, ils saisissaient tous les deux l'ampleur de l'occasion qui se présentait à lui. Le rêve ultime était à portée de main à sa cinquième saison, seulement, dans la LNH.
« Les gars ont travaillé fort et ils ont joué selon notre identité jusqu'au bout, a souligné la Tornade de Roberval. Je suis vraiment fier d'eux. On est champions de la Coupe. C'est le trophée qu'on veut tous gagner depuis qu'on est jeunes. Il y a des gars ici qui jouent depuis 15 ans et qui la gagnent pour la première fois.
« On ne sait jamais si on va avoir la chance de la gagner. On a réussi ce soir et c'est un moment qu'on n'oubliera jamais. Je suis content d'avoir mes parents, ma blonde, ma sœur et mon cousin avec moi pour célébrer. C'est le meilleur feeling. Je n'oublierai jamais ça de ma vie. »

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De la garde rapprochée, il ne manquait que ses frères Jérémy et Christopher, retenus à la maison en raison de la naissance récente de poupons. Ils ont quand même pu vivre le moment à distance grâce à la magie de la technologie… et surtout grâce à la gestion serrée de leur mère.
« Ça n'a pas été facile dans la dernière minute, a expliqué Guylaine. Le téléphone faisait juste vibrer et je n'étais pas capable de répondre. La seule affaire que j'ai faite, c'est de peser sur le groupe de la famille. Les autres, je les ai flushés! L'important c'était que tout son monde vive ça avec lui.
« Même s'il n'était pas sur la glace, il a tout donné pendant la saison et il les a aidés à se rendre jusqu'ici malgré sa blessure. Il a soutenu son équipe et nous on l'a soutenu. Une équipe, c'est ça. »
Une question de soutien
Cette dernière phrase prend tout son sens quand on connaît l'histoire des Girard et tous les sacrifices qu'ils ont dû faire pour donner toutes les chances à Samuel de vivre son rêve. Quand on sait que son frère Jérémy a renoncé à jouer dans un niveau supérieur pour donner un peu de lousse financier à ses parents.
L'équipe Girard a mérité de savourer ce moment ensemble.
« Mon père l'a facetimé et on s'est parlé un peu sur le téléphone, a raconté Girard. Mes deux frères pleuraient. Ils me soutiennent depuis le début de ma carrière. Ils venaient souvent me voir à Shawinigan, ils faisaient trois heures de route quasiment tous les week-ends. Ils viennent deux fois par année à Denver.
« Ils sont toujours là pour me soutenir. J'ai juste de l'amour à leur donner. »
Avec cette équipe derrière lui, Girard a fait son chemin malgré les commentaires de tous ceux qui lui ont répété qu'il était trop petit pour jouer dans la LNH. Et aujourd'hui, il est champion de la Coupe Stanley.
« Aujourd'hui, avec la Coupe, ils l'ont dans le nez, a conclu sa mère en parlant de ses détracteurs. Il a prouvé qu'on n'est pas obligé de mesurer six, sept pieds et de peser 200 ou 300 livres pour faire sa place. […] Il a une tête de cochon. Il a foncé, il n'a pas lâché et il a continué. On est tellement fiers de lui. »