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STOCKHOLM – Steven Stamkos pensait avoir trouvé la solution. Il avait passé l'été à changer son approche, à améliorer son alimentation et son sommeil. Sa famille était désormais bien installée à Nashville. Il était strict avec lui-même et tentait d'enrayer les effets du temps, de corriger tous les bouleversements liés au changement d'équipe, de connaître un nouveau départ.

Il pensait que ça allait marcher.

Il pensait que ce serait différent.

Il pensait qu'il redeviendrait le Stamkos qu'il avait été à Tampa, le Stamkos qu'il avait imaginé à Nashville quand tout était encore nouveau, quand les questions posées portaient sur les chances de remporter la Coupe Stanley et que tout ne s'était pas encore effondré.

« C'est frustrant quand on fait toutes ces choses en espérant obtenir des résultats et qu'ils ne viennent pas », a confié Stamkos.

C'est essentiellement ce qui a caractérisé le passage de Stamkos à Nashville : un sentiment de frustration, de confusion, d'impuissance face à tout ce qui ne fonctionnait pas.

Ce sentiment n’a pas changé.

Les Predators sont à Stockholm en Suède cette semaine dans le cadre de la Série globale 2025 présentée par Fastenal. Ils affronteront les Penguins de Pittsburgh vendredi (14 h HE; FDSNSO, SN-PIT, NHLN, SN) et dimanche (9 h HE; FDSNSO, SN-PIT, NHLN, SN) à l'Avicii Arena. Ils ont un dossier de 5-9-4 et sont avant-derniers de l'Association de l'Ouest.

Stamkos, qui a récolté 81 points (40 buts, 41 aides) en 79 matchs lors de sa dernière saison avec le Lightning de Tampa Bay en 2023-2024, a enregistré quatre points (trois buts, une passe) en 18 matchs cette année. La saison dernière, sa première avec les Predators, il a accumulé 53 points (27 buts, 26 passes) alors que l'équipe a terminé avec le troisième pire total de points de la LNH. Ce n'est pas ce à quoi on s'attendait lors de l’été 2024, quand les Predators ont mis sous contrat Stamkos, Jonathan Marchessault et Brady Skjei comme joueurs autonomes.

C'est pourquoi il serait facile pour Stamkos de s'effondrer lorsqu'il rentre chez lui, facile pour lui de regretter le divorce qu'il n'a jamais voulu avec le Lightning, facile de céder à la frustration. Mais Stamkos parvient à ne pas le faire pour une raison : ses enfants.

Les deux aînés de ses trois enfants, des garçons âgés de 6 et 4 ans, commencent tout juste à s'intéresser au hockey, à comprendre ce que fait leur père, à atteindre un âge où ils peuvent en profiter avec lui.

« Je veux être un bon modèle pour eux », a affirmé Stamkos. « Parfois, on se met à la place d'un père. Si mes fils traversaient une période difficile, quelles seraient mes attentes envers eux à ce moment-là? Ce ne serait certainement pas de bouder, d'abandonner et de choisir la facilité. S'ils venaient me demander conseil, je leur dirais de s'accrocher, de continuer à travailler, car le prochain match est une excellente occasion de réussir quelque chose.

« Donc, quand on y pense de cette façon, ça rend les choses simples. Bien sûr, il y a des moments de frustration et on est en colère parce que les choses ne se passent pas comme on le voudrait, mais la négativité va vous détruire de l’intérieur, n'est-ce pas? Il faut simplement trouver un moyen d'équilibrer tout ça. »

La saison a été frustrante pour beaucoup de joueurs des Predators, et Ryan O'Reilly l'a bien démontré dans une entrevue d'après-match la semaine dernière lorsqu'il a dit : « Je n'ai connu qu'une bonne année dans ma carrière. » Il a dit plus tard qu'il regrettait cette entrevue parce qu'il avait eu l'air d'un « pleurnichard ».

O'Reilly peut s'inspirer de la façon dont Stamkos a géré la situation.

« Je pense qu'il a fait un travail incroyable en étant présent dans le vestiaire en tant que leader », a expliqué O'Reilly. « Il dit toujours ce qu'il faut et agit en conséquence. On dirait qu'il n'est affecté par rien, ce qui est difficile à accomplir. »

Ce n'est pas la première fois que Stamkos fait face à l'adversité. Il a surmonté de nombreux problèmes de santé, notamment une fracture à la jambe qui lui a coûté sa chance de participer aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014, un caillot sanguin et une déchirure du ménisque latéral en 2016, ainsi qu'une blessure aux muscles abdominaux en 2020.

« Après certaines de ces blessures, je suis sûr qu'il y a eu des moments où d'autres personnes pensaient que je ne retrouverais jamais mon niveau, et où j'ai moi-même commencé à douter un peu en raison de mes limitations physiques, mais j'ai essayé de m'adapter à cela », a indiqué Stamkos. « Parfois, il faut simplement se regarder dans le miroir, et c'est ce que j'ai essayé de faire : continuer à travailler dur et espérer que les choses s'améliorent.

« Ça vient simplement avec l'âge, l'expérience et la maturité, je pense », a-t-il déclaré. « Écoutez, je suis dans ce milieu depuis longtemps et j'ai connu des moments de gloire et d'autres vraiment difficiles. La maturité, c'est important, n'est-ce pas? Quand on veut aller sur la glace et comprendre la situation dans laquelle on se trouve, et qu'on a la chance de jouer dans la meilleure ligue du monde, on trouve parfois d'autres façons de se motiver. »

C'est là que ses enfants entrent en jeu.

Et ses coéquipiers, qui ont vu tant d'aspects positifs.

« Il a été formidable pour nous, tant sur la glace qu'en dehors », a souligné l'attaquant Filip Forsberg. « Je pense qu'il se sent de plus en plus à l'aise. Je ne peux qu'imaginer ce que cela représente de jouer aussi longtemps au même endroit, puis de devoir tout changer. Je pense qu'il a très bien géré la situation malgré toutes les difficultés que nous avons traversées l'année dernière. Cette année, il semble plus à l'aise, il assume davantage un rôle de leader. »

La tenue des Jeux olympiques de Milano-Cortina cet hiver vient ajouter une couche supplémentaire de déception à cette saison difficile. Stamkos, qui aurait pu être un pilier de l'équipe canadienne tout au long de sa carrière, s'est fracturé le tibia le 11 novembre 2013, ce qui lui a coûté sa participation aux Jeux olympiques. La LNH n'avait pas autorisé ses joueurs à participer à l'événement avant cette année.

« J'aurais sans aucun doute aimé avoir l'occasion d'y participer, mais le destin en a voulu autrement, a dit Stamkos. Quand on y pense, j'aurais pu avoir la chance de jouer trois fois (aux Olympiques), mais ça aura été aucune fois. C'est comme ça.

« Il y a des gars qui vont jouer pendant 20 ans sans jamais participer à une finale (de la Coupe Stanley), alors que j'ai eu la chance d'en disputer quatre. »

C'est ainsi que l'on peut résumer sa carrière, alors que Stamkos est sur le point d'atteindre les plateaux des 1200 matchs (1182) et 1200 points (1194), avec deux bagues de la Coupe Stanley, deux trophées Maurice-Richard, quatre participations à la finale et une éventuelle place au Temple de la renommée.

Mais en ce moment, c’est un peu plus difficile d’adopter cette perspective.

« C'est évident que les choses ne se sont pas déroulées comme nous le voulions », a ajouté Stamkos. « C'est fou de voir à quel point les attentes de notre groupe ont changé par rapport à l'année dernière.

« Mais, honnêtement, on deviendrait complètement fou si on continuait à se concentrer là-dessus. [...] À ce stade, ça ne sert à rien de regarder en arrière. Il faut aller de l'avant et trouver une solution. »