CrosbyOlympicsLaflammeLNH

Tous les amateurs de hockey s'ennuient fermement de pouvoir assister en personne à des matchs, et les membres du LNH.com ne font pas exception. Histoire de patienter un peu en attendant d'enfin pouvoir renouer avec ce plaisir, ils ont tous accepté de raconter en leurs mots leur plus belle expérience vécue à un match de hockey, que ce soit en tant que simple partisan ou dans un cadre professionnel.

Il y a de ces événements marquants dont on se souvient pour toujours. Je suis persuadé que plusieurs d'entre vous se souviennent précisément où ils étaient et ce qu'ils faisaient le 28 février 2010, au moment du dénouement dramatique de la finale de hockey masculin des Jeux olympiques de Vancouver. Si ça se trouve, vous étiez rivés devant votre téléviseur avec parents et amis.

Moi je n'oublierai pas de sitôt parce que j'étais sur place! Aux premières loges parce que j'assurais la couverture du match pour l'agence La Presse Canadienne (PC).

La table était mise pour un duel épique entre les États-Unis et le Canada. C'était la dernière compétition de JO très fructueux pour le pays.

Quand j'écris que j'étais aux premières loges, ce n'est pas une figure de style. Aux Jeux olympiques, on attribue aux journalistes des places de choix, la plupart du temps près de l'action. Nous occupions donc les meilleures sections toutes au bas de l'amphithéâtre en face des bancs des joueurs. Moi j'étais du côté gauche, dans la toute première rangée, le premier siège. J'étais donc entouré d'amateurs, devant et à ma gauche. Ça grouillait beaucoup et c'était bruyant comme « bureau », mais les spectateurs étaient tout de même respectueux.

Revenons au match fort attendu. Il y avait de l'électricité dans l'air dans la Place Hockey du Canada, comme on avait renommé le Rogers Arena pour la durée des JO, bien avant la mise au jeu initiale. La délégation canadienne avait dans sa mire l'obtention d'une 14e médaille d'or, qui représenterait un sommet historique à des Jeux d'hiver.

Les hockeyeurs canadiens étaient à 24,4 secondes de la lui procurer quand Zach Parise a jeté une douche froide dans la foule de 17 748 spectateurs, en créant l'égalité 2-2 en troisième période.

Le compte rendu du match était presque finalisé, il a fallu tout recommencer. Habituellement, ça nous fait rager, nous les journalistes, mais pas moi cette journée-là. Je me souviens d'avoir même trouvé 'cool' que la finale se conclue par un but en or. Je réalisais qu'on assisterait à quelque chose de grandiose. Pendant l'entracte, j'ai croisé l'ancien entraîneur Jacques Demers et je lui ai dit : « Tout ce qui manque pour un scénario parfait, c'est un but de Sidney Crosby ».

Je n'ai certainement pas été le seul à avoir eu l'idée, mais vous pouvez quand même m'appeler « Nostradamus Bob »!

Ce n'était pas une prolongation comme les autres. La tension était à couper au couteau.

Du côté gauche où je me trouvais, c'était le territoire du Canada. J'ai donc pu voir se développer le jeu qui a mené au but mémorable de Crosby, à 7 :40.

Dans le coin opposé, à l'autre bout, j'ai même entendu le numéro 87 demander la rondelle à Jarome Iginla -- « Iggy ».

Je n'ai pas vu la rondelle passer entre les jambières du gardien Ryan Miller, mais j'ai tôt fait de comprendre que je devais vite me remettre à la tâche. C'était l'effusion de joie tout autour, les amateurs ne tenaient pas en place. Au travers de tout le brouhaha, j'ai fait ma bulle. Je ne pouvais pas demander aux amateurs de se taire parce que je devais me concentrer. Ça demeure, sur le plan professionnel, la plus intense situation de rédaction sous pression à laquelle j'ai été soumise.

Si les gens ont fait des simagrées près de moi ou qu'ils ont crié à tue-tête, je n'ai rien vu ni entendu. Quand j'ai relevé la tête pendant les célébrations, la marée rouge déferlait dans les gradins. L'image est gravée à jamais dans mon esprit. Après avoir acheminé le texte à Montréal, j'ai eu le temps d'aller capter l'équipe en photo.

Dans l'aire des entrevues, c'était le chaos. Mais, à titre de membre de l'agence de presse hôte des Jeux olympiques, j'ai été un des premiers à interviewer Crosby et les joueurs francophones de l'équipe.

À la conclusion de la trépidante journée de travail, la satisfaction du devoir bien accompli m'habitait. La boite de souvenirs n'était toutefois pas remplie. Après avoir savouré un bon repas de fin de couverture avec des collègues de la PC, nous avons vécu quelque chose d'unique en nous fondant à la mer de monde qui festoyait au centre-ville de Vancouver.

Je n'avais jamais vu rien de semblable ni même revu ça après. L'atmosphère était irréelle. Des dizaines de milliers de personnes déambulaient en se tapant dans les mains ou se faisant des « high five ». Même les policiers en devoir se prêtaient au jeu au plus grand bonheur des fêtards. On célébrait de façon civilisée, sans rien casser ou brûler. Le temps de quelques heures après la conquête canadienne, le centre-ville de Vancouver a été l'endroit le plus bondé au Canada, mais le plus festif et sécuritaire! C'était magique. Quand je ressasse des souvenirs du match historique, c'est à cette démonstration « Peace and Love » à laquelle je pense en premier.

Je souhaite ardemment revivre une soirée semblable.

Et vous, comment s'est passé votre 28 février 2010?