HabsComeback08SebLNH

Tous les amateurs de hockey s'ennuient fermement de pouvoir assister en personne à des matchs, et les membres du LNH.com ne font pas exception. Histoire de patienter un peu en attendant d'enfin pouvoir renouer avec ce plaisir, ils ont tous accepté de raconter en leurs mots leur plus belle expérience vécue à un match de hockey, que ce soit en tant que simple partisan ou dans un cadre professionnel.

Le 19 février 2008, comme c'était mon habitude trois ou quatre fois par saison à l'époque, je me suis rendu au Centre Bell pour y assister à un match des Canadiens de Montréal avec des amis. Les adversaires ce soir-là étaient les Rangers de New York.

Après un souper d'avant-match, nous pénétrons dans l'amphithéâtre. Dans le cadre d'une promotion, on remet aux spectateurs une banderole en plastique qui se déroule pour afficher le slogan « Go Habs Go ». Belle attention, qui sera toutefois utilisée de manière détournée plus tard dans la soirée. Mais nous y reviendrons.

Le match s'amorce, mais les visiteurs ne sont pas très coopératifs. Brandon Dubinsky ouvre d'abord la marque à 8:50 de la première période. Le toujours « populaire » Sean Avery vient ensuite narguer la foule en touchant la cible 14 secondes plus tard.

2-0 Rangers.

La débandade ne s'arrête pas là. Brendan Shanahan met un terme à la soirée de travail de Carey Price en le déjouant à 13:56. Cristobal Huet s'amène alors en relève.

3-0 Rangers après 20 minutes de jeu.

Le début de la deuxième période n'est guère plus réjouissant. Shanahan et Chris Drury marquent en l'espace de 28 secondes pour donner aux visiteurs une avance en apparence insurmontable.

5-0 New York alors que le match n'est vieux que de 25 minutes!

Du coin de l'œil, quelques sections plus loin, je vois une connaissance enfiler son manteau et quitter l'amphithéâtre avec ses amis. Détenteur d'un abonnement saisonnier, il m'a plus tard expliqué qu'il recevait la visite d'amis de l'extérieur et qu'il avait jugé que la soirée serait plus palpitante dans l'un des nombreux bars du centre-ville… disons que j'ai pris un malin plaisir pendant longtemps à lui remettre sur le nez sa décision à chacune de nos rencontres subséquentes.

Fait inusité, la foule de Montréal, habituellement très prompte à manifester son mécontentement, n'y va pas des huées ou des moqueries d'usage quand le Tricolore connaît un match atroce. C'est peut-être lié au fait que l'équipe flirte avec le premier rang de l'Association de l'Est, déjouant à ce moment tous les pronostics. Peu importe la raison, la foule obtient une première occasion de manifester lorsque Michael Ryder prive Henrik Lundqvist d'un blanchissage à 8:28 de la période médiane. Ryder va revenir à la charge un peu plus de quatre minutes plus tard.

5-2 Rangers.

Les partisans reconnaissent que leurs favoris n'ont pas baissé les bras, loin de là. Le jeu demeure intense, et les coups d'épaules pleuvent.

Vous vous souvenez de ces petites banderoles en plastique dont je vous ai parlé plus haut? Elles sont devenues autre chose qu'un souvenir en fin de deuxième période lorsque les officiels ont décerné une deuxième punition en moins de trois minutes à Mike Komisarek. Une décision qui n'a pas du tout été prisée par les quelque 21 000 spectateurs. Une partie d'entre eux ont décidé d'exprimer leur mécontentement en projetant leur banderole sur la surface de jeu, ce qui a causé un arrêt de l'action pendant cinq minutes.

L'énergie dans le Centre Bell était vraiment électrique. Les joueurs ont par la suite reconnu l'avoir ressentie sur la glace. C'est avec la rage au cœur qu'ils ont sauté sur la patinoire pour le début du troisième tiers.

Alex Kovalev a tiré sur réception à la suite d'une passe transversale savante d'Andrei Markov. La rondelle s'est faufilée doucement jusque derrière Lundqvist, à 6:43.

5-3.

Alors que Michel Lacroix n'a pas encore fini d'annoncer le but de Kovalev, le tir de l'enclave de Ryder a dévié sur Mark Streit et pénétré dans le filet.

5-4, et il reste encore plus de 13 minutes à écouler au temps réglementaire.

La foule est incroyablement galvanisée. Elle offre même une ovation au Bleu-Blanc-Rouge au cours de la totalité d'une pause publicitaire. Du jamais vu pour moi! Et c'était sûrement le cas pour plusieurs autres spectateurs sur place, j'en suis persuadé.

Portés par l'enthousiasme des partisans, les joueurs du CH continuent de prendre d'assaut le filet de Lundqvist, et ce qui devait arriver arriva. Markov effectue une très longue passe de sa zone à Kovalev alors que le CH évolue en avantage numérique. Kovalev remet derrière lui à Saku Koivu, qui entre en zone adverse. Il tente de déjouer un défenseur, mais sa manœuvre ne fonctionne pas. Andrei Kostitsyn récupère le disque dans le coin de la patinoire et repère Kovalev qui se dirige vers un espace libre dans l'enclave. Kostitsyn glisse le disque vers lui. Kovalev tire sans crier gare en tombant à la renverse et il termine son mouvement cul par-dessus tête. La rondelle termine son chemin au fond du filet, avec 4:22 à jouer en temps réglementaire. Le toit du Centre Bell passe très près d'exploser.

5-5.

Très peu de spectateurs ont tenu en place sur leur siège au cours de la très enlevante période de prolongation, qui n'a toutefois pas fait de maître.

Huet a frustré Shanahan et Drury au cours des deux premières rondes de la fusillade. Koivu a servi une feinte magistrale à Lundqvist pour marquer le premier but de la séance de tirs de barrage. Quand Jagr a raté sa feinte sur la tentative suivante, le cri de joie généralisé à l'intérieur de l'amphithéâtre était assourdissant, et les joueurs du CH ont célébré la plus grande remontée de l'histoire de l'équipe en saison régulière.

En rentrant à la maison ce soir-là, plusieurs partisans ont dû reprendre les paroles du groupe québécois Loco Locass dans la chanson « Le but » : y'a un petit peu de nous autres là-dedans!