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Les Devils du New Jersey vont rendre hommage à Martin Brodeur en dévoilant une statue à son honneur à l'extérieur du Prudential Center le 8 février en plus de retirer son numéro 30 avant le match du 9 février contre les Oilers d'Edmonton. LNH.com veut aussi rendre hommage à Brodeur en y allant d'une série d'articles d'ici la cérémonie du retrait de son chandail afin de revenir sur sa carrière ponctuée de records, qui va probablement le mener au Temple de la renommée.
Voici comment Brodeur s'est retrouvé au New Jersey :

L'ironie du repêchage 1990 de la LNH est que les Devils du New Jersey n'étaient pas enclins à repêcher un gardien en première ronde. Ils misaient déjà sur Sean Burke, Chris Terreri et Craig Billington, trois gardiens à leur apogée. Ils avaient la sensation d'être complets à cette position.
Cependant, les Devils avaient également l'impression que Martin Brodeur était l'un des espoirs pouvant avoir le plus grand impact dans cette cuvée. L'ancien dépisteur en chef des Devils David Conte a mentionné que l'équipe avait placé Brodeur au sommet de leur liste en compagnie d'Owen Nolan, Keith Primeau, Jaromir Jagr, Mike Ricci et Petr Nedved.
« J'ai encore notre liste pour ce repêchage, et je peux vous monter que Marty se trouvait au sommet de ce groupe spécial », a affirmé Conte.
Il se trouvait loin devant Trevor Kidd, qui était le gardien dont la valeur était la plus élevée cette année-là, celui qui faisait consensus en tant que premier joueur repêché à cette position.
« Notre manière de fonctionner est de classer les joueurs selon l'impact que ces joueurs peuvent avoir, et non seulement en vertu de leurs statistiques, a expliqué Conte. Qui aura la chance d'être un joueur d'impact? Qui aura la chance de faire partie du noyau? Qui aura la chance de devenir un joueur solide? Ce genre de dénomination. Marty se trouvait au sommet dans une catégorie spéciale avec d'autres joueurs. Kidd était le numéro un selon plusieurs personnes, mais nous n'étions pas de cet avis. Nous étions d'avis que c'était Marty. Nous n'avions toutefois pas besoin d'un gardien. »
Lorsqu'ils ont réalisé qu'ils pourraient obtenir l'un des espoirs les mieux classés sur leur liste en plus d'amasser un choix additionnel de deuxième ronde, les Devils ont choisi cette voie.
Les cinq attaquants que le New Jersey avait placés à égalité avec Brodeur ont été repêchés aux cinq premiers échelons, alors que Nolan a été le premier sélectionné par les Nordiques de Québec suivi par Nedved (Canucks de Vancouver), Primeau (Red Wings de Detroit), Ricci (Flyers de Philadelphie) et Jagr (Penguins de Pittsburgh).
Les Devils détenaient le 11e choix au total, mais ils croyaient que personne n'allait réclamer Brodeur en première ronde, surtout que Kidd était encore disponible.
« Nous avons choisi de reculer à partir du 11e rang parce que Kidd était encore là, et je ne pense pas que les gens s'attendaient à cela, a raconté Conte. L'occasion d'en profiter s'est présentée. Et si vous regardez le reste de ce repêchage, il n'y a rien de très impressionnant. »
Les Devils ont conclu une transaction avec les Flames de Calgary et ont reculé de neuf échelons au 20e rang, récoltant un autre choix de deuxième ronde au passage, ce qui leur donnait trois des 42 premières sélections du repêchage. La ligue comptait 21 équipes à l'époque.
Les Flames ont choisi Kidd.
Pendant ce temps, Brodeur demeurait assis dans la salle à Vancouver en s'occupant de ses affaires, lui qui ne portait pas vraiment attention à ce qui se déroulait puisqu'il ne croyait pas vraiment être repêché en première ronde.
« J'étais répertorié en milieu de deuxième ronde, environ au 30e rang au total à l'époque, a indiqué Brodeur. J'étais classé au deuxième rang parmi les gardiens, alors j'ai trouvé un peu étrange que Calgary améliore sa position pour repêcher Trevor Kidd avec le choix du New Jersey. J'ai trouvé cela intrigant, mais comme je ne m'attendais pas à être sélectionné en première ronde, je n'ai pas trop poussé mon analyse. »
Il a cru pendant un moment que les Canadiens de Montréal allaient le choisir au 12e échelon puisqu'il était originaire de cette ville, mais l'équipe misait déjà sur Patrick Roy. Montréal a jeté son dévolu sur Turner Stevenson.
Les choix continuaient de défiler, et Brodeur ne se faisait toujours pas de souci. Pendant ce temps, Conte et l'ancien directeur général des Devils Lou Lamoriello étaient calmement assis à la table de repêchage du New Jersey en attendant de faire leur choix, sachant qu'ils allaient obtenir Brodeur.
C'est ce qui s'est finalement produit au 20e rang.
« Ce n'est pas comme si j'avais vécu une expérience anxieuse ou énervante, car je ne pensais pas être repêché en première ronde, a répété Brodeur. Ce fut une énorme surprise d'entendre mon nom. »
Le choc est finalement passé lorsqu'il a commencé à assembler les pièces du casse-tête qui a mené à sa sélection par les Devils. Il y avait des signes évidents que Brodeur était soit ignoré ou ignorant à l'époque.
« Les Devils sont la seule équipe à être venue me voir pendant la saison et leur entraîneur des gardiens, qui était Warren Strelow à l'époque, s'est assis derrière mon filet pendant une semaine entière à l'entraînement et pendant les matchs, et il venait me parler après l'entraînement, s'est remémoré Brodeur. Ils ont été la seule formation à faire l'effort de pousser leurs recherches sur moi et à tenter de savoir quel genre de personne j'étais. »
Les Devils ont aussi invité Brodeur à Toronto pour effectuer des tests, chose qu'ils faisaient rarement avec les gardiens. Ils l'ont rencontré à plusieurs reprises. Leur sentiment à son endroit n'a jamais changé.
« Son comportement, sa personnalité, sa manière d'être à l'aise dans sa peau, tout a toujours été constant, a déclaré Lamoriello. Il était imperturbable. »
Conte a ajouté que Strelow avait également épié Kidd pendant une semaine complète. Ce dernier a cumulé 140 victoires et a pris part à 387 matchs avec cinq équipes en 12 saisons dans la LNH. Brodeur détient 25 records de la LNH, dont ceux du plus grand nombre de victoires (691) et de blanchissages (125). Il a remporté la Coupe Stanley à trois reprises avec le New Jersey et a participé la Finale de la Coupe Stanley cinq fois.
« Je pense que ce ne serait pas honnête de dire que nous savions que c'est ce qui allait se produire, a nuancé Conte. Lorsque vous repêchez des joueurs, ils se montrent rarement à la hauteur de vos attentes, et peu d'entre eux font mieux que ce que vous prévoyez. Marty est l'un d'entre eux. »