Les Capitals ont le marteau, mais pas tous les outils

Les Capitals de Washington ont trôné au sommet de l’Association de l’Est avec 111 points, alors que les Canadiens de Montréal ont mérité la deuxième carte d’équipe repêchée grâce à une récolte de 91 points. S’il y a un écart de 20 points entre les deux équipes, on ne parle tout de même pas d’une confrontation de premier tour des séries entre David et Goliath.

Les Capitals chercheront à poursuivre cette saison magique. Ils auront la pression de prouver qu’ils méritent de faire partie des équipes aspirantes à la Coupe Stanley. Ils ont plus à perdre qu’à gagner avec ce duel contre le CH, une équipe techniquement toujours en reconstruction.

Si le Tricolore peut déjà dire mission accomplie avec cette présence en séries, la bande à Martin St-Louis n’est pas déclassée dans tous les départements face aux Capitals.

ATTAQUE

Il y a le roi des buts en Alexander Ovechkin, mais aussi une attaque équilibrée et avec une bonne dose d’expérience dans le camp des Capitals. Ils ont terminé au 2^e rang de la LNH avec 286 buts, soit 43 buts de plus que le Tricolore. Dylan Strome et Pierre-Luc Dubois patrouillent les deux premiers trios des Caps. Si le CH a plus de mordant avec son premier trio, celui de Nick Suzuki au centre de Cole Caufield et de Juraj Slafkovsky, les Capitals ont un net avantage dans la bataille du deuxième centre. Dubois est plus menaçant offensivement qu’Alex Newhook.

Tom Wilson jouera un rôle important dans cette série. Auteur de sommets personnels pour les buts (33) et les points (64), Wilson a dominé les siens avec 233 mises en échec. Même si les Capitals n’ont aucun joueur avec plus de 80 points, ils ont plusieurs cartes dangereuses à l’attaque avec cinq marqueurs de 25 buts ou plus : Ovechkin (44), Wilson (33), Aliaksei Protas (30), Strome (29) et Connor McMichael (25). Coupé au pied gauche il y a plus d’une semaine, Protas demeure toutefois un cas douteux pour cette série.

Avantage : Capitals

DÉFENSIVE

Dans le contexte où trois des six défenseurs de la brigade montréalaise n’ont aucune expérience en séries, et que John Carlson a disputé plus de matchs éliminatoires (127) que l’entièreté du sextet du Tricolore (93), il est difficile de ne pas donner l’avantage aux Capitals à ce chapitre.

Les hommes de Spencer Carbery ont aussi donné 37 buts de moins que ceux de Martin St-Louis cette saison. Reste qu’en 26 matchs depuis le retour de la Confrontation des 4 nations, le Tricolore offre un bien meilleur rendement que ses adversaires à ce chapitre (69 buts accordés contre 87).

Kaiden Guhle et Alexandre Carrier peuvent être des rocs à la ligne bleue, Mike Matheson peut ajouter son grain de sel offensif, et un certain Lane Hutson a prouvé à maintes occasions qu’il pouvait faire la différence. Il faudra donc voir si l’expérience aura le dessus sur l’insouciance de la jeunesse.

Avantage : Capitals (par un cheveu)

GARDIENS

Il y a quelques mois, Logan Thompson affichait un taux d’efficacité de ,921 en 30 départs, et ç’aurait été tout un défi de l’affronter en séries. Or, depuis le retour de la Confrontation des 4 nations, le gardien des Capitals n’est plus l’ombre de lui-même. Et Charlie Lindgren ne fait guère mieux.

En 14 matchs depuis la pause, Thompson a maintenu une piètre efficacité de ,880 tandis que son acolyte, un ancien du Tricolore, en affiche une de ,887 en 12 rencontres. Le rendement des deux portiers semble avoir piqué du nez au même moment que la brigade devant eux.

À l’opposé de ce spectre, il y a Samuel Montembeault. Le gardien québécois a été d’office pour 20 matchs, et a affiché le quatrième meilleur taux d’efficacité (,912) de la LNH parmi les 10 gardiens ayant joué au moins 20 rencontres. Malgré l’imposante charge de travail, il ne montre pas de signes de ralentissement.

Avantage : Canadiens

Le Joker

Chez le CH, le Joker est un jeunot de 19 ans avec une expérience de deux matchs dans la LNH : Ivan Demidov. Le cinquième choix au total au dernier repêchage découvrira la réalité du hockey des séries dans la LNH contre un héros dans son pays natal, Alexander Ovechkin. Demidov a le talent pour avoir un impact malgré son inexpérience.

Du côté des Capitals, le Joker a plus de gris dans sa barbe. Maintenant âgé de 35 ans, Lars Eller risque de servir d’ombrage à Nick Suzuki tout au long de cette série. De retour à Washington après des arrêts au Colorado et à Pittsburgh, le Danois connaît le tabac en séries.

Les impondérables

Les Canadiens ont joué du hockey de séries pendant deux mois, avec la fatigue mentale et physique que ça implique. Ils viennent de remporter le match ultime de cette très longue série de 26 rencontres (!) pour se qualifier pour la réelle danse du printemps. On parle donc d’une équipe qui vient de presser le citron au maximum simplement pour parvenir à obtenir son billet. Leur reste-t-il du jus?

De l’autre côté, les Capitals risquent de devoir gérer de l’adversité pour la première fois de la saison. Ils ont dominé dès le départ et n’ont fait que surfer sur la vague pour dominer l’Association de l’Est sans jamais réellement être inquiétés. Toute la pression est désormais sur leurs épaules, eux qui ont récolté 20 points de plus au classement que leurs adversaires.

Leur état d’esprit

Les Capitals ont besoin d’effectuer un virage à 180 degrés. Après des semaines à se battre pour un objectif individuel, avec la chasse au record de Wayne Gretzky par Ovechkin, les Capitals doivent maintenant recentrer leur concentration sur le collectif. Assurés de finir au sommet de l’Association de l’Est depuis de nombreux jours, les Caps ont ralenti la cadence en fin de saison avec seulement quatre victoires à leurs 12 derniers matchs (4-7-1).

Spencer Carbery reste aussi muet pour décrire l’état de santé de son gardien Logan Thompson et de son gros ailier Aliaksei Protas. Ils pourraient tous les deux s’absenter pour les premiers matchs de cette série.

À l’inverse des Capitals, le Tricolore n’a rien à perdre dans cette série. L’insouciance de la jeunesse avec Lane Hutson et Ivan Demidov pourrait procurer tout un élan. Le Centre Bell vibrera au rythme des séries avec des gradins remplis pour une première fois depuis 2017. Après une aussi longue attente, il y aura une ambiance de feu dans la bâtisse.