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Ross Colton s'est peut-être fait un nom avec un bâton de hockey, mais ce sont possiblement ses habiletés au baseball qui lui ont permis de devenir un atout important pour le Lightning de Tampa Bay.
C'est grâce à l'endurance mentale nécessaire pour connaître du succès au baseball que l'attaquant de 25 ans trouve le moyen de se signaler quand la pression est à son maximum.

« Il réussit rapidement à tourner la page, a souligné Danny Murphy. Je me demande à quel point il tire ça du baseball. Même les excellents frappeurs vont se faire retirer sur des prises. Tu dois donc passer à autre chose rapidement, et je me demande à quel point c'est important dans ce qu'il est devenu. »
Murphy était l'entraîneur-chef de Colton à l'école secondaire Taft de Watertown, au Connecticut, en 2013-14. Colton était alors à son avant-dernière année scolaire et il menait l'équipe avec 25 buts en 24 parties.
Mais c'est en le voyant aller comme joueur de troisième but pour l'équipe de baseball de l'école que Murphy a développé une théorie pour expliquer pourquoi Colton connaît du succès sous la pression.
« Il a un grand sens du hockey et il ne réfléchit pas trop, a-t-il expliqué. C'est la même chose au baseball. Tu dois aller dans la boîte du frappeur, faire face à la balle et essayer de la frapper. Tu ne peux pas te mettre à trop y penser. Je pense qu'il y a plusieurs jeunes qui n'ont plus ça en eux parce qu'ils se sont spécialisés, ils n'ont pas pratiqué d'autres disciplines pour développer l'aspect mental du jeu.
« Le hockey, c'est un sport dur, mais mentalement, le baseball est encore plus dur. Il était vraiment bon au baseball, alors ça lui vient naturellement. Ses habiletés mentales et physiques se sont transposées à sa carrière de hockeyeur. »
Colton reconnaît que les instincts naturels qui viennent avec le baseball, comme la coordination et la reconnaissance des lancers, lui sont d'une grande utilité lorsqu'il est sur la glace pour comprendre la mécanique du jeu.
« C'est un sport qui se déroule très rapidement, et lorsque j'étais jeune, ça s'est transféré à mon jeu sur la glace pour identifier quand un jeu se développe et des choses comme ça », a-t-il dit.
Posséder ces qualités physiques et mentales ont permis à Colton de se signaler lors de moments importants, que ce soit grâce à son but qui a fait la différence dans la victoire de 1-0 du Lightning de Tampa Bay lors du cinquième et dernier match de la finale de la Coupe Stanley contre les Canadiens de Montréal l'an dernier, ou encore lorsqu'il a trouvé le fond du filet avec 3,8 secondes à faire en troisième période pour remporter le match no 2 de la série de deuxième ronde contre les Panthers de la Floride il y a quelques jours.
Ce but a permis au Lightning de balayer la série contre les Panthers. Les doubles champions de la Coupe Stanley ont ainsi obtenu leur billet pour la finale de l'Association de l'Est, où ils affronteront les vainqueurs de la série entre les Rangers de New York et les Hurricanes de la Caroline.
« Je pense que c'est inné », a affirmé Rick Freeman, qui a dirigé Colton en 2013 avec l'équipe de baseball American Legion Post 31 de Hamilton, au New Jersey. « Il y a des gars qui l'ont, tout simplement. Peut-être que ça peut être un peu développé, mais dans son cas, on dirait que ç'a toujours été en lui. »

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Freeman a souligné l'importance de Colton autant en défensive qu'au bâton. Il s'est souvenu d'une partie lors de laquelle il avait appelé un frappe et court alors que la rencontre était à égalité en fin de match, puisqu'il avait confiance que Colton pourrait réussir le jeu. C'est ce qu'il a fait en poussant le coureur du premier but au marbre.
« Tu ne peux rien changer au résultat final, a rappelé Freeman. C'est l'approche et ta manière de t'ajuster que tu peux changer, et dans son cas, son approche était excellente, tout comme sa manière de répondre. Une fois que la balle a quitté la main du lanceur ou a été frappée, il n'y a presque rien que tu puisses modifier. Il comprenait très bien ça, ce qui était impressionnant pour un joueur si jeune. Il avait ça en lui et ç'a lui a bien servi. »
Mark Carlson, l'entraîneur-chef des RoughRiders de Cedar Rapids de la United States Hockey League, a été témoin de la progression de Colton durant ses deux années avec le club.
Après avoir connu une solide première saison, Colton a été nommé capitaine de l'équipe pour la campagne 2015-16. Il a inscrit un nouveau record d'équipe en marquant 35 buts en 55 matchs, dont le filet gagnant qui a permis aux RoughRiders de décrocher le championnat de la saison du circuit. Le match contre les Black Hawks de Waterloo était à égalité 2-2 avec 3:33 à faire en troisième période lorsque Colton s'est levé.
« C'était un match serré. Puis, il a réussi à battre le défenseur juste assez pour décocher un tir et inscrire le but gagnant », s'est remémoré Carlson.
Un but qui a convaincu le Lightning de le repêcher en quatrième ronde (118e) en 2016.
L'attaquant de 6 pieds s'est ensuite inscrit à l'Université du Vermont, où il a récolté 50 points en 69 matchs, en plus de demander d'être l'homme de confiance lors des moments cruciaux des Catamounts.
« C'est le compétiteur ultime », a affirmé Kevin Patrick, qui était entraîneur adjoint chez les Catamounts durant le passage de Colton. « C'est un gars qui veut et s'attend à être sur la glace dans les situations où il y a de la pression. Que ce soit pour prendre une mise au jeu en zone offensive quand nous avons besoin d'un but pour égaler, ou quand il y a une mise en jeu en défensive et tu as un but d'avance, ou quand l'adversaire a retiré son gardien. Il voulait être sur la glace dans ces moments. »
Patrick est lui aussi d'avis que ce calme et cette confiance viennent des succès de Colton sur le losange.
« Au baseball, si tu es retiré sur des prises, que tu es le lanceur qui donne un point ou que tu fais une erreur en défensive, tu n'as nulle part pour te cacher. Au soccer, à la crosse, au hockey, quand tu es jeune, tu peux éviter cette pression. Dans le sport mineur, à moins d'être un gardien qui accorde un mauvais but, les projecteurs ne seront pas sur toi comme c'est le cas au baseball.
« Les meilleurs joueurs sont ceux qui ont la mémoire courte. 'Oui, j'ai fait une erreur, et puis? Je vais me reprendre'. Une erreur ne va pas causer un effet domino parce le joueur va douter de lui. Ross possède cette confiance qui lui permet de savoir qu'il va connaître du succès. »
La carrière de baseballeur de Colton a pris fin lorsqu'il a décidé de prendre la route de Cedar Rapids. Après son passage de deux saisons au Vermont, il a disputé deux autres campagnes avec le Crunch de Syracuse, le club-école du Lightning dans la Ligue américaine de hockey, avant d'être rappelé dans la LNH le 24 février 2021. Il a marqué dès ce premier match, contre les Hurricanes de la Caroline. Il a terminé sa première saison dans la LNH avec 12 points en 30 parties, puis il a ajouté six points en séries, dont le but qui a assuré la Coupe Stanley à Tampa Bay.
Cette année, il a récolté 39 points en 79 parties, et il a maintenant huit points en 11 matchs éliminatoires. Ses cinq buts le placent à égalité avec Corey Perry au premier rang de l'équipe.
Et s'il avait plutôt décidé de s'accrocher au baseball? Freeman croit qu'il aurait connu du succès et aurait été en mesure de jouer au niveau universitaire, comme l'avait fait son père, Rob.
« S'il avait mis tous ses œufs dans le panier du baseball, il aurait joué dans la division 1 (de la NCAA), a dit Freeman. Mais je pense qu'il a finalement mis ses œufs dans le bon panier. Et ça semble bien parti pour connaître une belle carrière. »
Avec la collaboration de Tom Gulitti, journaliste NHL.com