Brooks Orpik block shot

Il n'y a pas de trophée pour le patineur qui totalise le plus de tirs bloqués à la fin d'une saison, mais c'est tout comme. Du moins, à en juger par la détermination, le dévouement et la fierté qu'affichent ceux qui s'en font une spécialité.
Comme Kris Russell et Alec Martinez, respectivement défenseurs des Oilers d'Edmonton et des Kings de Los Angeles, par exemple. Ils ont tous deux dépassé le cap des 200 tirs bloqués jusqu'ici cette saison. Ou encore Brooks Orpik, défenseur des Capitals de Washington, qui a bloqué plus de 1700 tirs depuis qu'il a fait ses débuts dans la ligue en 2002-03, ce qui lui vaut une place parmi les cinq premiers à ce chapitre durant cette période.

« J'aimerais bien être bon dans un aspect du jeu qui ne ferait pas aussi mal, comme marquer des buts, a déclaré Martinez en riant. Mais on ne peut pas tous être Anze Kopitar, alors…
« Ce n'est pas quelque chose qui nécessite beaucoup de talent, je pense, a ajouté Martinez. C'est plus une question d'avoir la volonté de le faire. »
C'est-à-dire la volonté de faire ce qu'il faut faire pour aider l'équipe à gagner. Surtout à ce stade-ci de la saison, où on n'y va pas juste un match à la fois, mais une période à la fois, une présence à la fois, un geste à la fois. À une période de l'année où le moindre petit détail peut changer le rythme d'un match et donc faire basculer le résultat de la rencontre en faveur de son équipe, bloquer des tirs n'a rien d'anodin.
« Si je vois une opportunité d'empêcher la rondelle de se rendre à notre gardien et qu'en bloquant le tir, ça peut donner un revirement qui fait en sorte que le jeu va s'en aller dans la direction opposée, alors je vais le faire », a indiqué Russell.
« C'est le prix à payer pour gagner », a ajouté Martinez.
Bloquer des tirs ne donne peut-être pas de trophée, mais ceux qui le font gagnent l'estime de leurs coéquipiers.
« Quand des joueurs bloquent des tirs, leurs coéquipiers l'apprécient parce qu'ils voient ça comme une preuve d'engagement et de dévouement à la cause de l'équipe », a noté Orpik.
Martinez disait que ça ne prend pas de talent particulier pour bloquer des tirs. Mais ça ne veut pas dire qu'on peut faire ça n'importe comment.
« C'est une question de positionnement, a affirmé Russell. Il faut essayer de faire vite pour essayer de limiter le temps et l'espace dont dispose le tireur. Pour le forcer à décocher rapidement - et donc l'empêcher d'y mettre tout son poids - et éviter qu'il prenne un élan complet. »
« C'est aussi une question d'angles. Il faut chercher à lui enlever sa ligne de tir », a de son côté déclaré Martinez.
« Bien des fois, pour bloquer un tir, il suffit d'avancer son bâton, a noté Orpik. Après tout, c'est ce qu'on nous a appris à faire en tant que défenseur. »
« J'essaie toujours de donner un coup de patin de plus pour aller à la rencontre de mon opposant et bloquer la rondelle du bâton, a déclaré Russell. Quand il se prépare à tirer, j'allonge le bras et mon bâton, et la rondelle se retrouve hors cible. Bloquer des tirs, c'est ça aussi. »
Bloquer des tirs ne doit pas non plus devenir la première solution en défense. Bien des fois, il faut laisser le gardien faire son travail.
« Il y a des fois où tu sais que le gardien est bien mieux placé que toi pour bloquer le disque, alors dans ces cas-là il faut s'enlever du chemin, a affirmé Orpik. D'ailleurs, le gardien va souvent nous dire de nous enlever quand c'est le cas. »
« Quand tu te places devant un tir, tu essaies de protéger un côté du filet pour que le gardien ait seulement à se préoccuper du côté rapproché, par exemple », a expliqué Martinez.
À une certaine époque, bloquer des tirs était la spécialité de quelques joueurs ici et là dans la ligue, comme Guy Carbonneau et Craig Ludwig. Mais de nos jours, c'est beaucoup plus répandu.
« C'est de plus en plus à la mode dans la ligue, on dirait. On y accorde plus d'importance, a affirmé Martinez. Tellement qu'on a l'impression que la rondelle se rend de moins en moins souvent au filet. »
Et s'il y a de plus en plus de joueurs qui bloquent les tirs, c'est aussi parce qu'il y a de plus en plus de joueurs qui ont des tirs puissants et précis.
« De nos jours, il y a un ou deux joueurs dans chaque équipe qui ont des tirs de 100 milles à l'heure et plus, a noté Russell. Souvent, ça vient de gars qui aiment y aller de tirs sur réception, comme (Alex) Ovechkin, comme (Steven Stamkos). Et il y a aussi les gros canons comme (Shea) Weber. »
« J'en retire beaucoup de fierté. J'aime ça faire ça… même si ce n'est pas toujours une partie de plaisir », a résumé Martinez en éclatant de rire.