Lauzon hits badge Chaumont

OTTAWA – Il y a Jérémy Lauzon et il y a les autres. Avec 199 mises en échec, Lauzon trône au sommet de la LNH. Une statistique qui rend fier le défenseur de 26 ans et qui témoigne de sa progression avec les Predators de Nashville. 

Croisé dans un corridor du Centre Canadian Tire avant la visite des Predators dans la capitale nationale, Lauzon a dérogé de la classique règle disant qu’un joueur ne regarde pas ses chiffres personnels. 

« Oui, j’en retire une fierté et oui, j’aimerais ça finir au sommet, a-t-il répliqué en entrevue au site de LNH.com. C’était un de mes buts en début de saison, je voulais me retrouver parmi les meneurs pour les mises en échec. De voir que j’ai la chance de terminer au premier rang, je trouve ça motivant. »

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Le numéro 3 des Predators a expliqué un brin de sa recette pour se transformer en véritable train sur une glace de la LNH.

« Je suis un bon patineur et, avec le temps, j’ai maîtrisé l’art de donner une mise en échec et de trouver le bon synchronisme. Quand tu regardes la liste des meneurs, le deuxième défenseur est loin après moi. C’est un peu plus rare pour un défenseur de frapper. Mais j’ai toujours été très physique. Je ne cherche pas à me sortir du jeu pour donner une mise en échec, je cherche à séparer la rondelle du porteur. »

Après 50 matchs, Lauzon a pratiquement distribué 200 coups d’épaule (199). Il distance son plus proche poursuivant, l’ailier Dakota Joshua des Canucks de Vancouver, par 56 mises en échec. Et pour trouver le défenseur qui suit dans la liste, il faut reculer jusqu’au 14e rang avec Radko Gudas, des Ducks d’Anaheim. L’arrière à la grosse barbe, qui ne frappe pas toujours dans la plus grande légalité, à 123 mises en échec. 

« Les gars qui arrivent de son côté font plus attention, a mentionné Alexandre Carrier, le partenaire de jeu de Lauzon depuis quelques matchs. C’est impressionnant de le voir jouer depuis le début de l’année. Oui, il y a son jeu physique, mais il est aussi bon avec la rondelle, il gère bien l’espace avec les attaquants et il patine bien pour sa grosseur. »

Le chiffre 300 comme cible

Luke Schenn connaît parfaitement la réalité du jeu robuste. L’an dernier, le défenseur originaire de Saskatoon avait mené la LNH avec 318 mises en échec. 

Dans le vestiaire de l’équipe adverse à Ottawa après un revers de 4 à 3 en prolongation contre les Sénateurs, Schenn a parlé de son coéquipier. 

« Lauzy (Lauzon) joue avec une bonne dose de méchanceté. Il aime ça et il veut le faire tous les soirs. Quand tu frappes, c’est taxant pour le corps, mais aussi mentalement. Ça fait partie de ton ADN et tu as besoin de frapper pour bien te sentir dans un match. »

S’il maintient le même rythme, Lauzon terminera l’année avec 326 mises en échec. Quand on lui demande s’il aimerait imiter Schenn et dépasser à son tour le plateau des 300, le défenseur de Val-d’Or n’hésite pas trop longtemps. 

« C’est possible. Je suis sur ce rythme. Je ne sens pas que c’est difficile pour moi. Ça vient naturel pour moi. Je ne vois pas pourquoi je n’attendrais pas ce chiffre. » 

Matt Martin, des Islanders de New York, détient le record avec 382 mises en échec. L’ailier l’avait fait lors de la saison 2014-15. On comptabilise cette statistique depuis la saison 2005-06. 

De Boston à Seattle à Nashville

Ancien choix de 2e tour des Bruins de Boston en 2015, Lauzon a trouvé sa niche à Nashville. Avec les Predators, il n’a pas juste gagné un poste à temps plein. Il a retrouvé une stabilité après des passages avec les Bruins et le Kraken de Seattle.

« C’était un choc de partir de Boston en 2021, a-t-il rappelé. J’ai été repêché par les Bruins. Pour l’année de la COVID (2020-21), j’avais un bon rôle. J’ai joué plusieurs matchs avec Charlie McAvoy avant que je me blesse aux deux mains. Les Bruins m’aimaient beaucoup et je sais que Don Sweeney, le DG, me voyait dans l’avenir de son équipe. Mais il n’y avait pas de place pour moi sur leur liste de joueurs protégés. Le Kraken m’a réclamé au repêchage d’expansion. Il y avait beaucoup de trafic à la ligne bleue à Seattle. Ce n’était pas les meilleurs moments de ma carrière avec le Kraken. 

« Mais il n’y a rien qui n’arrive pour rien. Je suis bien heureux à Nashville. Mon échange chez les Predators a probablement représenté la meilleure chose pour moi. »

Jérémy Lauzon Preds

David Poile, l’ancien directeur général des Preds, a réalisé un très bon coup le 20 mars 2022 en échangeant un choix de 2e tour (Janni Nyman) au Kraken afin d’attirer Lauzon dans la capitale du country. Poile lui a consenti un pacte de quatre ans et huit millions trois mois après son acquisition.

« Je regarde son style de jeu à ses débuts dans la LNH à celui de maintenant et je peux dire que c’est le jour et la nuit », a souligné Zachary Lauzon, le jeune frère de Jérémy et ancien choix de 2e tour des Penguins en 2017. « Il joue presque 20 minutes, il se retrouve contre les meilleurs trios des équipes adverses, il frappe et il est intense. Je suis vraiment fier de lui. Je ne suis pas surpris de constater sa progression puisqu’il a toujours été un compétiteur. »

Compétitif de nature

Plus vieux d’une famille de quatre enfants – trois garçons et une fille – Jérémy a également adhéré à la théorie de l’instinct compétitif.

« C’était intense de grandir avec deux frères et une sœur. Même si j’étais le plus grand, je ne leur donnais pas de chances. Mais quand les petits avaient une occasion de me battre, ils faisaient tout pour y arriver. C’est la même chose dans notre famille. Mes parents ont aussi ce côté-là. Quand nous jouons aux cartes dans le temps des Fêtes, avec les grands-parents aussi, nous voulons gagner. Nous nous obstinons à la table. Je dirais que ça m’aide au hockey. Je ne lâche jamais le morceau. Même quand je suis battu, je m’organise pour revenir. »

En vrac…

Jérémy Lauzon a une autre carte importante dans son jeu. Depuis le début de la saison, le défenseur de 6 pieds 3 pouces et 225 livres a été impliqué dans six bagarres. Et il n’a pas eu des clients faciles avec Nicolas Deslauriers, Nikita Zadorov et Radko Gudas. 

« Je dirais que la moitié de ses combats cette saison sont survenus après une grosse mise en échec de sa part, a dit Carrier. Il y a un gars qui vient le voir et qui l’invite. Il est un gros bonhomme, il peut se défendre. Mais ce n’est pas son identité. C’est juste une carte dans son jeu. » 

Lauzon a récolté huit points (cinq buts, trois passes) en 50 rencontres.

Maintenant âgé de 25 ans, Zachary Lauzon a réorienté sa carrière après une retraite à un jeune âge du hockey en raison de multiples commotions. Diplômé des HEC à l’Université de Montréal, il travaille maintenant pour la compagnie Petronor. Il envisage d’entreprendre des études à la maîtrise à l’automne à l’UQAT (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue) en gestion de projets.

« Je joue au hockey avec mes amis de Val-d’Or tous les mardis pour le plaisir, a raconté Zachary. Ma santé va super bien, je m’entraîne et je suis actif. J’ai très bien récupéré et je suis heureux. »

« Je suis tellement fier de Zach, a renchéri Jérémy. Il y a une vie après le hockey et il a montré tout son sérieux et sa détermination dans ses études. »

Troisième garçon de la famille, Émile Lauzon, a aussi atteint la LHJMQ. Si Jérémy et Zachary ont joué pour les Huskies de Rouyn-Noranda, Émile a porté les couleurs de l’équipe de sa ville natale, les Foreurs de Val-d’Or.