GAUTHIER VOLTIS BADGE LEPAGE

Sylvain Favreau se souvient encore de la première fois qu’il a réuni son groupe de leaders après le court été qui a suivi la conquête du Trophée Gilles-Courteau et la participation des Voltigeurs de Drummondville au tournoi de la Coupe Memorial.

Le directeur général Yanick Lemay était aux côtés de l’entraîneur pour livrer un message clair au capitaine Luke Woodworth, à ses adjoints Sam Oliver et Ethan Gauthier ainsi qu’au gardien Riley Mercer.

« Je leur ai expliqué que la ligne entre le développement et la victoire était très, très mince, s’est souvenu Favreau en entrevue avec LNH.com. Comme organisation, on est toujours dans ce dilemme. Eux, ils avaient fait partie d’un groupe spécial l’année passée.

« On voulait leur dire que ç’allait être à eux de décider ce qu’on allait faire avec la saison. »

Dans le monde du hockey junior, la campagne qui vient après une conquête en est souvent une de reconstruction. Et des joueurs comme ceux nommés ci-dessus, de bons vétérans avec l’expérience d’un championnat, représentent habituellement une bonne monnaie d’échange pour rebâtir les fondations.

Mais cette option a vite été écartée par les principaux intéressés.

« La rencontre aurait pu durer une minute, a ajouté Favreau en riant. C’était unanime et sans équivoque qu’ils voulaient rester à Drummondville et qu’ils voulaient continuer ce qu’on avait bâti. »

Ils allaient donc devoir convaincre la direction de l’équipe qu’ils avaient ce qu’il fallait pour guider ce groupe rempli de nouveaux visages vers le sommet de la montagne. Tout ça avant que Lemay tranche entre jouer les vendeurs ou les acheteurs, à la date limite des transactions.

« On ne savait pas trop quelle direction on allait prendre, a raconté Gauthier. Nous, on voulait forcer la main de Yanick et l’inciter à faire des acquisitions plutôt que de nous échanger. Personnellement, je suis un gars de Drummond. Woodworth, Oliver et Mercer sont ici depuis plusieurs années.

« On a Drummond tatoué sur le cœur. On voulait faire une autre run et tenter de gagner un autre championnat. Il n’y avait aucun doute à ce moment-là que c’était ce qu’on voulait. »

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Sam Oliver et Luke Woodworth

Quelques mois, et 64 matchs après cette rencontre, les Voltigeurs sont exactement dans cette position.

Ils ont signé 40 victoires et récolté 86 points pour décrocher le titre de la section Ouest de la LHJMQ pour une deuxième année consécutive. Ils ont aussi pris le troisième rang du classement général, un an après avoir conclu au deuxième échelon avec 102 points. Pas de doute, les vétérans ont accompli leur mission.

« On savait que notre groupe était plus jeune et moins expérimenté que l’an dernier, a renchéri l’espoir du Lightning de Tampa Bay. On devait soutenir les jeunes et les aider à travers les hauts et les bas. On avait un grand rôle à jouer pour s’assurer que tout le monde achète notre identité et notre style de jeu. »

Sur la patinoire, ils ont sonné la charge pour garder l’équipe à flot après un retentissant début de saison, qui les a maintenus dans les hauteurs du classement de la Ligue canadienne pendant de longues semaines.

Woodworth a mené l’équipe pour les points (84), Oliver pour les buts (50) et Gauthier a pris le troisième rang des pointeurs avec ses 25 buts et 62 points en 50 matchs – il s’est absenté pendant le Mondial junior. Mercer a quant à lui terminé la saison avec le meilleur taux d’efficacité (,925) du circuit.

« Ces gars-là voulaient être ici, a rappelé Favreau. À partir du moment où tu as ça, c’est tellement puissant que ça rejaillit sur toute l’équipe. Les jeunes ont embarqué dans le projet à pieds joints. Nos vétérans ont beaucoup de mérite. Ils ont montré la bonne façon de faire les choses. »

Un gamer

Maintenant, c’est l’heure de passer au vrai test. Les Voltigeurs amorceront la défense de leur titre, vendredi, lors du premier match de leur série de premier tour face aux Mooseheads d’Halifax.

« Je suis emballé, a lancé Gauthier. Après ce qu’on a vécu l’an dernier, on en veut plus. On a confiance avec le groupe qu’on a. J’ai vu beaucoup de positif en fin de saison. Ça n’a pas été une saison parfaite du début à la fin, on a vécu de l’adversité, et je suis convaincu que ça va nous aider en séries. »

La troupe de Favreau aura bien besoin de l’aide de ses gros canons, surtout si elle parvient à veiller tard. Gauthier avait mené les siens pour les buts (14) et les points (25) en 19 matchs, le printemps dernier.

« Ethan, c’est simple, c’est un gamer, a vanté Favreau. Quand l’enjeu est grand, tu peux t’attendre à ce qu’il connaisse ses plus grands matchs. Il a toujours la pédale dans le tapis. C’est ce qu’on a vu l’an dernier. Il a levé son jeu d’un cran, et je ne m’attends à rien de moins cette année. »

Il pourrait même en donner encore plus. Avec un contrat en poche avec le Lightning, et son année de 19 ans maintenant derrière lui, Gauthier semble en être à ses derniers milles dans le circuit junior québécois.

« Il y a un sentiment différent, a-t-il conclu. C’est probablement ma dernière occasion de gagner dans cette Ligue. Je me sens un peu nostalgique. Je veux finir ça du bon pied avec de grosses séries. J’ai la chance de gagner chez nous. Finir avec un championnat, ce serait la cerise sur le sundae. »