BROSSARD – À 5 pi 8 po, Francis Bouillon n’avait pas la charpente typique d’un défenseur de la LNH. À 5 pi 10 po, pratiquement sur la pointe des pieds, Lane Hutson a lui aussi un moule rare.
À l’image de Bouillon à son époque, Hutson cherchera à confondre les sceptiques qui le croient trop petit et trop frêle pour le plus haut niveau.
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Dans son rôle d’entraîneur du développement des joueurs chez les Canadiens, Bouillon a passé beaucoup de temps avec Hutson lors de ses deux saisons avec les Terriers de l’Université de Boston. Il est donc un interlocuteur idéal pour décrire l’un des joyaux du CH à la ligne bleue.
« Il y a plusieurs personnes qui m’en parlent puisque nous avons pratiquement la même grandeur », a dit Bouillon lors d’une rencontre avec les médias mardi matin au Complexe Sportif CN. « Mais nous sommes deux défenseurs tellement différents. Je jouais très physique, alors que Lane est très offensif. Il a une mobilité incroyable. Il est un joueur un peu unique. C’est rare un défenseur comme ça. »
Si les plus petits joueurs atteignent plus souvent la LNH aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années, il n’y a toujours pas des tonnes de défenseurs de 5 pi 10 po et moins.
Des 315 défenseurs qui ont joué un minimum d’un match la saison dernière, on en répertoriait seulement 16. Et Hutson fait partie du nombre puisqu’il a endossé l’uniforme du CH pour les deux dernières rencontres de la saison. Du groupe des 16, Quinn Hughes, le gagnant du trophée Norris en 2024, est le plus gros nom.
Aux dires de Bouillon, Hutson a l’intelligence pour survivre au prochain niveau malgré sa petite taille.
« Lane a une très grande confiance, a répliqué celui qui a joué 776 matchs dans la LNH. Même s’il est un petit gars assez gêné à l’extérieur de la glace, il ne l’est pas sur une patinoire. Quand il débarque sur la glace, il veut prouver à tout le monde qu’il a sa place. Il est impressionnant. »
« On est là pour les aider et les encourager, mais tu ne peux pas lui enlever ce qui l’a conduit jusqu’ici, a-t-il poursuivi. Il a un sens du hockey tellement développé que c’est difficile de jouer dans sa tête. Je ne veux pas le changer. Je lui donne des trucs défensivement, comme sur la façon d’utiliser son bâton. Je l’ai regardé jouer à BU (Boston University) et il se débrouillait bien. Il est intelligent et il ne se place pas dans le trouble. Il sait aussi que ce n'est pas son physique qui le mènera vers la LNH, mais plus sa tête et son intelligence au jeu. C’est le début d’une aventure pour lui. »
Hutson, qui a des habiletés naturelles évidentes, n’a pas le défaut du joueur talentueux qui refuse les enseignements ou les conseils. Aux dires de Bouillon, le numéro 48 est un élève très ouvert d’esprit.
Une bonne cuvée
Pour les deux matchs contre les Maple Leafs lors du face-à-face des espoirs au Centre Bell, les défenseurs du Tricolore se retrouvaient sous les réflecteurs. Il s’agira de la même histoire pour les prochains jours au camp.
Logan Mailloux, Adam Engstrom et David Reinbacher auront le même objectif qu’Hutson : celui de gagner un poste avec le grand club.
Bouillon a offert un portrait des trois autres jeunes défenseurs.
Sur Logan Mailloux :
« On est vraiment contents avec Logan. Ce n’était pas facile pour lui depuis le début. Il a porté le 'C' dans les deux matchs des recrues. Il en retirait une grande fierté. À ses débuts à Laval dans la Ligue américaine, il a trouvé ça difficile. Il avait plusieurs trucs à améliorer comparativement à sa façon de jouer dans le junior. Il a compris bien des choses et il a travaillé fort avec Kelly Buchberger. Je le voyais souvent aussi à Laval et nous avions de bonnes discussions. C’est un jeune qui veut s’améliorer. »
Sur Adam Engstrom :
« Quand les joueurs jouent en Europe, nous les voyons moins et nous leur parlons moins. Mais nous pouvons suivre tous les matchs grâce à la technologie, peu importe où. Pour moi, Adam est une belle surprise même si on savait qu’il se placerait dans le coup. Il peut mêler les cartes. Il est très bon dans plusieurs situations lors d’un match. Il joue bien un peu partout. Je suis content de savoir qu’il restera ici, nous pourrons travailler avec lui de plus près. Il mêlera les cartes dans les prochains mois, les prochaines années. »
Sur David Reinbacher :
« J’ai hâte de le voir au gros camp. Il a connu un camp des recrues correct, il n’était pas notre meilleur défenseur. Mais nous ne sommes pas inquiets avec lui. Il reste un jeune et nous lui donnerons du temps. J’aime ce que je vois de lui. Il joue bien dans tous les sens du jeu, il a un bon bâton et il est intelligent sur la glace. J’ai aimé ce que j’ai vu de lui l’an dernier à Laval. Il n’y a pas de presse avec Reinbacher. »
Parmi les attaquants, Bouillon a eu de bons mots pour Owen Beck et Tyler Thorpe un colosse ailier de 6 pi 5 po, repêché au mois de juin dernier au 5e tour.
« L’an dernier, Owen s’était placé beaucoup de pression, a affirmé l’homme de 48 ans. Il voulait jouer pour les Canadiens et dans sa tête, il ne devait pas retourner junior. Cette année, je trouve qu’il a atteint une maturité différente. Physiquement, il est plus costaud. J’ai aimé ses deux matchs. »
« Tyler représente un beau projet pour nous, a-t-il renchéri. Il est un gros bonhomme, mais il est aussi très mobile. Il a marqué des buts, il a joué physique. Il connaît son rôle. Nous l’avons repêché pour ça. »
Malgré les absences d’Ivan Demidov, Jacob Fowler et Michael Hage, notamment, le CH a présenté un bon visage à ce camp des recrues.
« Je ne m’en cache pas. Depuis que je travaille comme entraîneur pour le développement, je dirais qu’il s’agit de l’une des plus belles cuvées, probablement la plus belle, a dit Bouillon. C’est agréable à voir. Les tests physiques étaient aussi très bons pour nos gros espoirs. Nous avons eu deux entraînements et deux matchs pour le camp des recrues, c’était rapide. Nous avons vu de belles choses. »