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Premier choix au total du repêchage 2023 de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ), Caleb Desnoyers en est à sa deuxième saison avec les Wildcats de Moncton. L’attaquant est considéré comme le septième meilleur espoir nord-américain par le Bureau central de dépistage de la LNH. Il collabore mensuellement avec l'équipe de LNH.com pour vous faire vivre les aléas de son année d'admissibilité au repêchage.

Bonjour à tous,

Difficile de croire qu’il s’est écoulé seulement un mois depuis mon dernier carnet, avec tout ce qui s’est passé depuis. La dernière fois que je vous ai écrit, nous étions en attente de notre adversaire pour la finale de la LHJMQ.

C’est finalement contre l’Océanic de Rimouski que nous avons disputé cette finale. Nous avons très bien amorcé la série en prenant les devants 3-0. Je pense que le moment clé s’est produit dans le match no 2, quand Vincent Collard a marqué en deuxième période de prolongation pour empêcher Rimouski de créer l’égalité dans la série. Vivre un tel moment, une victoire en prolongation devant nos partisans en finale, c’est difficile de demander mieux.

Nous avons ensuite signé une autre victoire pour nous approcher à un gain du championnat, mais nous avons peut-être levé le pied un peu trop vite et nos deux matchs suivants n’ont pas été nos meilleurs. Il faut dire que nous nous attendions à devoir affronter un peu d’adversité, car c’est très rare de remporter une finale en quatre matchs. L’Océanic est donc revenu dans la série en s’approchant à 3-2, mais nous nous sommes retroussé les manches et nous avons fermé les livres dans le sixième match.

J’ai ressenti tellement de fierté et de joie quand la dernière sirène a retenti. J’ai pu vivre ça avec mes coéquipiers, qui sont devenus mes frères. On saute sur la glace, on lance nos gants, on perd un peu le fil tellement les émotions sont fortes. On a profité du moment au maximum sur la glace, puis dans le vestiaire par la suite.

On m’a remis le trophée Guy-Lafleur à titre de joueur par excellence des séries éliminatoires. Je suis évidemment très fier de recevoir cet honneur. Voir tous les noms des légendes qui ont déjà reçu ce trophée… C’est certain que ça fait un petit quelque chose de faire partie, en quelque sorte, de l’histoire à leurs côtés. J’ai toujours joué au hockey pour connaître du succès en équipe, mais c’est évidemment agréable de voir son travail être récompensé. Je pense que c’est le trophée individuel le plus difficile et le plus important à gagner. Tout d’abord parce qu’il faut avoir fait partie d’une équipe assez bonne pour se rendre jusqu’au bout. Ensuite, parce qu’il faut avoir été capable d’élever son jeu d’un cran au moment où ça compte le plus.

J’ai récolté 30 points en 19 matchs en séries, mais je suis aussi très fier de mon jeu dans les deux sens de la patinoire. Depuis que je suis jeune, je considère que je suis un gars qui répond présent dans les moments importants. Je n’ai pas connu mes trois meilleurs matchs pour conclure la finale, mais je pense que j’ai affiché de la constance dans mon jeu pendant l’ensemble des séries.

Après avoir célébré, nous avons remis nos bottes de travail en vue de la Coupe Memorial à Rimouski afin de croiser le fer avec les meilleures équipes du reste de la Ligue canadienne de hockey.

Nous avons disputé de bons matchs pendant le tournoi, et si nous avons perdu nos deux premiers matchs, nous étions dans le coup chaque fois. Notre moment fort s’est produit quand nous avons vaincu l’Océanic à notre troisième partie, ce qui assurait notre place en demi-finale contre les Knights de London. C’est toutefois à cette étape-là que notre parcours a pris fin.

C’est certain que ça représente une déception pour nous. On a beau se dire qu’il s’agit déjà d’un bel exploit de participer à la Coupe Memorial, mais une fois sur place, tout ce qui s’était passé avant ne comptait plus. Quand on ne gagne pas, ça représente un échec. Nous étions si loin, mais en même temps si proche de tout rafler cette saison. Quand on y pense, il faut gagner encore plus de matchs pour gagner la Coupe Memorial que pour gagner la Coupe Stanley! C’est vraiment un défi énorme.

Ce qui rend ce tournoi très spécial par rapport à d’autres tournois auxquels j’ai pu prendre part au cours de ma carrière, c’est qu’il rassemble les meilleures équipes, et non uniquement les meilleurs joueurs. Quand on représente notre pays par exemple avec Équipe Canada, ce sont des expériences incroyables avec un groupe de joueurs qui tissent des liens rapidement afin de développer une chimie sur une courte période. À la Coupe Memorial, ce sont quatre équipes qui sont formées de joueurs qui ont saigné ensemble, qui ont pleuré ensemble, et qui ont célébré ensemble pendant près de 10 mois. C’est vraiment une expérience unique.

Sur le plan personnel, c’est certain que j’étais vraiment amoché physiquement. J’étais ennuyé par des blessures aux deux poignets, et sans vouloir entrer dans les détails, disons que mes deux mains étaient très, très loin d’être à 100 % au terme de la Coupe Memorial. Je ne veux cependant pas m'en servir comme excuse, ça fait partie de la game.

Après avoir vécu une déception, nous avons eu droit à tout un boost pour notre moral quelques jours plus tard. Nous sommes retournés à Moncton afin de célébrer avec un défilé notre championnat du trophée Gilles-Courteau.

Ce fut une expérience incroyable. Depuis plusieurs années, toute la population de Moncton était derrière l’équipe, et ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de célébrer. Nous étions heureux de leur donner cette chance, et c’était complètement fou comme ambiance.

Après ce passage éclair à Moncton, j’ai mis le cap sur Buffalo pour y participer à la Séance d’évaluation des espoirs de la LNH, le fameux Combine. Je suis arrivé un peu sur le tard, soit mardi soir, alors que tout s’était amorcé le lundi matin. J’ai donc eu à rencontrer toutes les équipes dans un horaire plutôt condensé. Très honnêtement, mon niveau de fatigue commençait à être très élevé à ce moment-là. J’ai d’ailleurs fait l’impasse sur les tests physiques.

Il y a 21 équipes qui ont demandé à me rencontrer. Ça s’est très bien passé, et chaque équipe avait une approche différente. Les Penguins de Pittsburgh, par exemple, me montraient des séquences où je commettais des erreurs sur la glace, en me demandant ce que j’en pensais. Et oui, je peux confirmer que les questions des Canadiens de Montréal étaient un peu plus champ gauche que les autres. On m’a bel et bien demandé quel animal je pensais être sur la glace et à l’extérieur de la patinoire, mais je vais conserver le mystère, je ne dirai pas ce que j’ai répondu… du moins pour le moment.

Ce type d’événement permet de rencontrer plusieurs joueurs qu’on ne connaissait pas auparavant. Par exemple, mon cochambreur était Brady Peddle, qui évolue dans la USHL. En bon québécois, il est un « maudit bon jack », et nous avons eu beaucoup de plaisir ensemble.

C’est aussi l’occasion de renouer avec des gars que j’ai croisés avec Équipe Canada. Kashawn Aitcheson, un défenseur qui joue pour les Colts de Barrie dans l’OHL, en est un. Il est tellement un bon vivant, quelqu’un que tu veux avoir dans ton équipe, parce qu’il va tout faire pour donner à son équipe une chance de gagner.

Je suis maintenant de retour à la maison depuis quelques jours, et je me repose enfin! Je passe du temps avec ma famille et mes amis, et ça fait vraiment du bien.

Au cours des prochaines semaines, je vais soigner mes blessures, faire un peu d’entraînement contrôlé, et continuer de recharger mes batteries. Ce sera ensuite la dernière étape de cette saison fort chargée avec le repêchage de la LNH les 27 et 28 juin à Los Angeles. Je serai bien accompagné, avec environ 20 personnes, des amis et des membres de ma famille, qui seront avec moi.

J’ai vraiment hâte d’y être et de savoir quelle équipe va me repêcher. Et la prochaine fois que je vais vous écrire, ce sera avec un chandail de la LNH sur le dos.

À très bientôt!

*Propos recueillis par Sébastien Deschambault, directeur de la rédaction LNH.com