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GATINEAU - Tristan Luneau commence à avoir l'habitude des projecteurs. Pas qu'il aime particulièrement ça, mais ça vient avec le fait d'être l'un des meilleurs hockeyeurs de son groupe d'âge au monde.

Il y a d'abord eu la période de flottement au cours de laquelle il hésitait entre les collèges américains ou la LHJMQ après son stage midget AAA, le repêchage 2020 du circuit junior québécois lors duquel les Olympiques de Gatineau en ont fait le premier choix au total, puis sa première saison en Outaouais.
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Une première campagne toute sauf normale, qui lui a tout de même valu les titres de recrue défensive de l'année et de recrue de l'année. Maintenant que tout ça est derrière lui, voilà que le grand cirque du repêchage de la LNH se pointe le bout du nez et qu'il est l'un des meilleurs espoirs au Québec.
« J'ai eu des expériences similaires par le passé, mais c'est plus gros vu que c'est la LNH, a souligné le défenseur. Tu peux penser que tu es prêt pour ça, mais tu ne l'es jamais vraiment. Je me mets déjà beaucoup de pression à bien jouer alors je ne veux pas en avoir plus. Je contrôle seulement ma façon de jouer. »
De ce côté, ça se passe plutôt bien jusqu'ici. Il a progressé avec aplomb l'an dernier en se servant des nombreuses minutes que lui a confiées son entraîneur Louis Robitaille à ses 31 premiers matchs, et a rapidement démontré son savoir-faire offensif en récoltant 18 points, dont quatre buts.
Comme quoi, l'attention et la pression ne lui font pas peur.
« On ignore comment il va réagir tant qu'il ne le vivra pas, a expliqué Robitaille. Il doit le vivre. C'est difficile, tu peux te perdre dans une saison comme celle-là. Il devra être capable de mettre l'accent sur le quotidien et nous serons là pour le guider. Ce n'est pas une année qui va déterminer la suite de sa carrière. »
Au quotidien, justement, l'objectif sera de continuer à bâtir sur les bases qu'il a jetées il y a quelques mois à peine. Le patineur de 17 ans voudra générer autant de choses offensivement tout peaufinant encore et toujours l'aspect plus défensif de son jeu et sa prise de décisions.
« Il apporte beaucoup d'attaque et il compétitionne fort défensivement. Dans sa progression, ce sera intéressant de voir comment il va gérer ses matchs », a laissé entendre le recruteur des Predators de Nashville, Jean-Philippe Glaude, qui connaît personnellement Luneau depuis ses années midget AAA.
« Il ne peut pas tenter de faire un jeu spectaculaire chaque fois qu'il a la rondelle. Parfois, il faut faire le bon choix de jeu moins risqué, même si ce n'est pas le plus sexy. Je ne suis pas inquiet, mais c'est quelque chose qui va devoir venir. Ça vient souvent avec la maturité, et il est très bien encadré avec Louis. »
« Ça revient à se valoriser lui-même dans les petites actions simples, a acquiescé Robitaille. Le but n'est pas de créer de l'offensive à tout prix, mais de prendre ce que l'adversaire te donne. Il faut savoir quand y aller et quand se coucher, comme au poker. Il a la maturité nécessaire pour comprendre tout ça. »
Longue haleine
Tout ce travail ne date pas d'hier. Il s'est amorcé il y a bientôt quatre ans, à la première saison de Luneau sous les ordres de Frédéric Lavoie avec les Estacades de Trois-Rivières. À l'époque, le jeune homme se décrivait comme un défenseur à sens unique… vers l'avant.
« Je suis en grande partie le joueur que je suis aujourd'hui à cause de Frédéric, a reconnu Luneau. Il m'a appris la base du jeu défensif. Je voulais être surclassé à 14 ans pour commencer à travailler avec lui le plus tôt possible. Ç'a définitivement été un point fort dans mon parcours, et une excellente décision. »
Il faut aussi dire que les Estacades évoluent sur une glace dimension olympique et que les erreurs de positionnement sont ainsi beaucoup plus flagrantes et impardonnables. Il fallait remédier à la situation.
« Depuis qu'il est atome, il a un don pour battre les adversaires à 1-contre-1, a expliqué Lavoie. Pour lui, c'est facile de rentrer dans le coin avec quelqu'un et d'en sortir avec la rondelle. C'est sa dominante. Mais il a énormément mis d'efforts pour améliorer son jeu défensif et son positionnement.
« Il ne l'a pas fait simplement parce qu'on a voulu l'enseigner, mais aussi parce qu'il le voulait. Il savait que le côté offensif de son jeu ne serait pas suffisant pour accéder aux plus hauts niveaux. Il était bien conscient qu'il devait être plus complet qu'il l'était à l'époque. »
Luneau avait vu juste, et il a toutes les raisons au monde de s'en frotter les mains aujourd'hui.
Photo : Dominic Charette