EDMONTON – Seulement 17,8 secondes séparaient les Panthers de la Floride de leur première victoire face aux Oilers d’Edmonton dans cette finale de la Coupe Stanley. C’était presque dans la poche.
Mais Corey Perry a décidé d’ajouter son grain de sel à ce match de fou en créant l’égalité pour envoyer tout le monde en prolongation.
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Au lieu de rentrer au vestiaire pour célébrer, les joueurs de la formation floridienne ont dû avaler la pilule de travers. Mais ça n’a pas été aussi difficile que l’on pourrait croire.
« On est revenus au vestiaire et les gars avaient l’énergie dans le tapis, a déclaré Matthew Tkachuk. Qu’est-ce que tu veux faire? On a bien joué avec ce but, et ç’a été un mauvais bond. L’ambiance dans la chambre était probablement à l’opposé de ce que vous pouvez imaginer.
« Les gars étaient optimistes et passaient leur temps à blaguer. On y est même allés de nos prédictions pour le marqueur du but gagnant. Je suis pas mal sûr que plusieurs gars avaient choisi “Marchy”. »
“Marchy”, comme dans Brad Marchand. La peste des Panthers a donné raison à ceux qui avaient parié sur lui en tranchant le débat à 8:05 de la deuxième période de prolongation pour procurer aux siens un gain de 5-4, vendredi, au Rogers Place.
Avec sa feuille de route bien garnie dans les grands moments, il s’agissait du bon cheval sur lequel miser. L’égalité de 1-1 créée dans la finale, les célébrations retardées de plus d’une heure ont enfin pu avoir lieu.
« C’était de l’excitation à l’état pur », a raconté Marchand, qui a aussi inscrit le quatrième des siens. « C’était une montée d’adrénaline pas juste pour moi, mais pour l’équipe en entier. C’était un match très important pour nous et on savait que ça pouvait aller d’un côté ou de l’autre. »
Avec toutes les chances ratées par les Panthers lors de la première prolongation, dont une de Marchand qui a abouti sur le poteau, on croyait bien que les Oilers allaient finir par leur faire payer le prix. Ils auraient bien pu refaire le coup en signant une autre victoire en surtemps, comme au premier match.
Mais quand le numéro 63 a accepté la remise d’Anton Lundell, il s’est assuré de ne pas rater son coup. Après avoir battu Stuart Skinner d’un tir du poignet entre les jambières sur une échappée en deuxième période, il a opté pour une feinte du revers, alors qu’il s’est de nouveau retrouvé fin seul.
« Je pensais seulement à ne pas oublier la rondelle, a rigolé le vétéran de 37 ans. Ça m’est déjà arrivé, et ce n’est pas un bon sentiment. Tout ça s’est produit rapidement, je n’ai fait que réagir à sa position dans le filet. C’est un jeu d’instincts. Parfois ça tourne en ta faveur, parfois non. »
Il semble que les choses tournent souvent en sa faveur sur la grande scène de la finale. Avec ses deux buts – il en a trois en deux matchs face aux Oilers – il en compte désormais 10 en 22 matchs en finale en carrière. Il s’agit du plus haut total chez les joueurs actifs.
« Tout le banc s’est levé quand il s’est échappé », a relaté Sam Bennett, qui a ouvert la marque en première. « C’était un jeu énorme à un moment énorme. Brad a été incroyable pour nous tout au long des séries. Il a marqué de gros buts à des moments importants. Celui-là était assurément le plus gros. »
Jusqu’à 47 ans
Cette statistique, loin d’être anodine, vient donner encore plus de poids à l’importance de son acquisition des Bruins de Boston à la date limite des transactions. Le conseiller spécial au directeur général, Roberto Luongo, a bien fait rire la galerie en écrivant « mon joueur préféré de tous les temps » sur un réseau social bien connu.
On se souviendra que Marchand et les Bruins avaient battu Luongo et les Canucks de Vancouver pour remporter la Coupe Stanley en 2011. La hache de guerre a visiblement été enterrée maintenant que les deux hommes sont du même côté.
« Ce qui le rend si bon, c’est son anticipation et sa capacité à se faire oublier », a vanté Tkachuk, un autre qui a eu ses conflits avec Marchand dans le passé. « Son sens du hockey est incroyable. Il voit le jeu se dessiner et il est parti. Je l’ai vu faire ça souvent à Boston. C’est bien mieux de le voir faire ça avec nous. »
Le pugnace attaquant affiche désormais une récolte de sept buts et 17 points en 19 rencontres ce printemps. C’est seulement six points de moins que son sommet personnel en séries, une marque établie en 24 matchs quand les Bruins se sont inclinés en finale contre les Blues de St. Louis, en 2019.
C’est aussi deux points de moins que ce qu’il avait amassé en 25 rencontre en 2011, quand il a soulevé la Coupe Stanley à sa deuxième saison complète dans la grande ligue, à 23 ans.
« De la façon dont il joue en ce moment, il pourrait encore jouer jusqu’à 47 ans, a lancé Tkachuk. Il est un joueur incroyable, un compétiteur hors pair. Quand on y pense, il a marqué deux des buts les plus importants de notre parcours. J’espère qu’il pourra poursuivre sur cette lancée. »