MarchandLepageLNH060725

EDMONTON – Seulement 17,8 secondes séparaient les Panthers de la Floride de leur première victoire face aux Oilers d’Edmonton dans cette finale de la Coupe Stanley. C’était presque dans la poche.

Mais Corey Perry a décidé d’ajouter son grain de sel à ce match de fou en créant l’égalité pour envoyer tout le monde en prolongation.

À LIRE AUSSI : Marchand donne la victoire aux Panthers dans le match no 2 | Une deuxième prolongation, un scénario inversé pour les Oilers

Au lieu de rentrer au vestiaire pour célébrer, les joueurs de la formation floridienne ont dû avaler la pilule de travers. Mais ça n’a pas été aussi difficile que l’on pourrait croire.

« On est revenus au vestiaire et les gars avaient l’énergie dans le tapis, a déclaré Matthew Tkachuk. Qu’est-ce que tu veux faire? On a bien joué avec ce but, et ç’a été un mauvais bond. L’ambiance dans la chambre était probablement à l’opposé de ce que vous pouvez imaginer.

« Les gars étaient optimistes et passaient leur temps à blaguer. On y est même allés de nos prédictions pour le marqueur du but gagnant. Je suis pas mal sûr que plusieurs gars avaient choisi “Marchy”. »

“Marchy”, comme dans Brad Marchand. La peste des Panthers a donné raison à ceux qui avaient parié sur lui en tranchant le débat à 8:05 de la deuxième période de prolongation pour procurer aux siens un gain de 5-4, vendredi, au Rogers Place.

Avec sa feuille de route bien garnie dans les grands moments, il s’agissait du bon cheval sur lequel miser. L’égalité de 1-1 créée dans la finale, les célébrations retardées de plus d’une heure ont enfin pu avoir lieu.

« C’était de l’excitation à l’état pur », a raconté Marchand, qui a aussi inscrit le quatrième des siens. « C’était une montée d’adrénaline pas juste pour moi, mais pour l’équipe en entier. C’était un match très important pour nous et on savait que ça pouvait aller d’un côté ou de l’autre. »

Avec toutes les chances ratées par les Panthers lors de la première prolongation, dont une de Marchand qui a abouti sur le poteau, on croyait bien que les Oilers allaient finir par leur faire payer le prix. Ils auraient bien pu refaire le coup en signant une autre victoire en surtemps, comme au premier match.

Mais quand le numéro 63 a accepté la remise d’Anton Lundell, il s’est assuré de ne pas rater son coup. Après avoir battu Stuart Skinner d’un tir du poignet entre les jambières sur une échappée en deuxième période, il a opté pour une feinte du revers, alors qu’il s’est de nouveau retrouvé fin seul.

« Je pensais seulement à ne pas oublier la rondelle, a rigolé le vétéran de 37 ans. Ça m’est déjà arrivé, et ce n’est pas un bon sentiment. Tout ça s’est produit rapidement, je n’ai fait que réagir à sa position dans le filet. C’est un jeu d’instincts. Parfois ça tourne en ta faveur, parfois non. »

Il semble que les choses tournent souvent en sa faveur sur la grande scène de la finale. Avec ses deux buts – il en a trois en deux matchs face aux Oilers – il en compte désormais 10 en 22 matchs en finale en carrière. Il s’agit du plus haut total chez les joueurs actifs.

« Tout le banc s’est levé quand il s’est échappé », a relaté Sam Bennett, qui a ouvert la marque en première. « C’était un jeu énorme à un moment énorme. Brad a été incroyable pour nous tout au long des séries. Il a marqué de gros buts à des moments importants. Celui-là était assurément le plus gros. »

Jusqu’à 47 ans

Cette statistique, loin d’être anodine, vient donner encore plus de poids à l’importance de son acquisition des Bruins de Boston à la date limite des transactions. Le conseiller spécial au directeur général, Roberto Luongo, a bien fait rire la galerie en écrivant « mon joueur préféré de tous les temps » sur un réseau social bien connu.

On se souviendra que Marchand et les Bruins avaient battu Luongo et les Canucks de Vancouver pour remporter la Coupe Stanley en 2011. La hache de guerre a visiblement été enterrée maintenant que les deux hommes sont du même côté.

« Ce qui le rend si bon, c’est son anticipation et sa capacité à se faire oublier », a vanté Tkachuk, un autre qui a eu ses conflits avec Marchand dans le passé. « Son sens du hockey est incroyable. Il voit le jeu se dessiner et il est parti. Je l’ai vu faire ça souvent à Boston. C’est bien mieux de le voir faire ça avec nous. »

Le pugnace attaquant affiche désormais une récolte de sept buts et 17 points en 19 rencontres ce printemps. C’est seulement six points de moins que son sommet personnel en séries, une marque établie en 24 matchs quand les Bruins se sont inclinés en finale contre les Blues de St. Louis, en 2019.

C’est aussi deux points de moins que ce qu’il avait amassé en 25 rencontre en 2011, quand il a soulevé la Coupe Stanley à sa deuxième saison complète dans la grande ligue, à 23 ans.

« De la façon dont il joue en ce moment, il pourrait encore jouer jusqu’à 47 ans, a lancé Tkachuk. Il est un joueur incroyable, un compétiteur hors pair. Quand on y pense, il a marqué deux des buts les plus importants de notre parcours. J’espère qu’il pourra poursuivre sur cette lancée. »

Panthers vs Oilers | Match no 2, finale de la Coupe Stanley | Résumé

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 12

Bennett a marqué le premier but dans ce gain dramatique des Panthers. Il a poursuivi sa domination sur les patinoires adverses en inscrivant un 12e but, un nouveau record de la LNH. Il a 13 buts en 19 matchs depuis le début des séries.

Bouchard : trois fois en première

Evan Bouchard a participé aux trois buts des Oilers en première période. Il a obtenu des passes sur les buts d’Evander Kane et de Connor McDavid, et il a déjoué Sergei Bobrovsky d’un tir précis du haut des cercles. Sur son but, Bouchard a touché la cible à sa deuxième tentative. Aleksander Barkov venait de bloquer une de ses frappes, mais il a immédiatement récupéré la rondelle pour y aller d’un autre tir.

Toujours au cœur de l’attaque des siens, Bouchard a cogné à deux reprises à la porte au début de la deuxième période. Bobrovsky a réalisé deux arrêts clés à ses dépens. Le numéro 2 des Oilers a terminé cette rencontre marathon avec huit tirs au filet, un sommet chez les deux équipes.

Encore la magie de McDavid

Il y a McDavid et il y a les autres joueurs. Le capitaine des Oilers a offert un autre tour de magie lors d’une punition à Tkachuk en première période. Il a dansé avec la rondelle en territoire adverse, trouvant une façon d’endormir Barkov et Aaron Ekblad avec des feintes rapides pour ensuite repérer Leon Draisaitl d’un relais parfait entre les bâtons d’Anton Lundell et de Gustav Forsling.

Un seul joueur a déjoué quatre rivaux sur un même jeu. Draisaitl n’avait qu’à loger la rondelle dans un filet quasiment désert puisque Bobrovsky n’avait pas eu assez de temps pour se déplacer vers sa gauche.

« Il n’y a qu’un seul joueur au monde pour réaliser un tel jeu », a murmuré Draisaitl après la rencontre.

Auteur de trois passes dans ce revers, McDavid a maintenant cinq passes en deux matchs dans cette finale. Du côté des Panthers, Barkov n’a pas encore écrit son nom sur la feuille de pointage et il a un dossier de -4 après deux rencontres.

L’intensité grimpe

C’était assez facile à prédire, mais il n’y a toujours pas beaucoup d’amour entre les deux équipes. S’il y avait déjà une bonne dose de robustesse dans le premier match de la finale, l’animosité a atteint un autre niveau dans le deuxième match.

En première période, Bennett a ajouté un peu d’huile sur le feu en tombant sur la jambe de Skinner. À sa défense, Mattias Ekholm l’a poussé, mais le numéro 9 des Panthers a encore une fois inventé une façon pour s’écrouler sur le gardien adverse. Les Panthers parleront d’une simple malchance.

Les juges de lignes ont passé leur temps à retenir des joueurs après les sifflets. C’était le festival des gants dans le visage et des coups de bâton dans le dos. Quand une équipe compte sur Bennett, Tkachuk et Marchand dans ses rangs, et que l’autre équipe mise sur Perry, Kane et Kasperi Kapanen (qui frappe tout sur son passage), on peut s’attendre à du rififi.

Les Panthers ont dominé le jeu physique dans ce deuxième match avec 60 mises en échec contre 39.

*Avec la collaboration de Jean-François Chaumont, journaliste principal LNH.com