TORONTO – « On n’était pas bien outillés pour empêcher ce but. » Martin St-Louis aimait mieux en rire qu’en pleurer.
Dans un corridor du Scotiabank Arena après ce revers de 5-2 des Canadiens de Montréal au premier match de la saison contre les Maple Leafs de Toronto, l'entraîneur a trouvé des mots simples, mais justes pour décrire le but vainqueur à mi-chemin en troisième période.
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Morgan Rielly a déjoué Samuel Montembeault d’un tir dans le haut du filet en saisissant une passe de Matthew Knies pour briser une égalité de 2-2. Sur cette séquence, Mike Matheson et Lane Hutson ont tour à tour échappé leur bâton. Matheson l'a brisé en tentant de repousser la rondelle dans le fond du territoire offensif, alors que Hutson a perdu le sien en entrant en contact avec son coéquipier en zone neutre.
« Honnêtement, je n’ai pas vu le jeu puisque je prenais une gorgée d’eau au banc, a dit le défenseur Noah Dobson. Quand j’ai levé les yeux, j’ai remarqué qu’on avait deux défenseurs sans bâton. Je me suis dit : “Oh non!” C’est dommage, mais ça fait partie du hockey. »
Si Dobson a expliqué la scène sans trop la voir en temps réel, Matheson et Hutson l’avaient encore bien en tête.
« C’est tout simplement de la malchance, a résumé Matheson. J’ai brisé mon bâton et Lane a fini par échapper le sien. On a joué un bon match, mais il y a des moments où tu joues de malchance. »
Hutson, qui avait pris le temps de revêtir son complet avant de venir s’entretenir avec les journalistes dans le petit vestiaire de l’équipe adverse à Toronto, a placé le blâme sur ses petites épaules.
« Nous avons joué un bon match, mais ça prend parfois juste un jeu », a murmuré le jeune défenseur de 21 ans. « C’est de ma faute. Mais peu importe. Je dois oublier ça.
« J’ai vu que Mike avait cassé son bâton et j’essayais d’empêcher la passe vers Knies (celle de Mattias Maccelli). Mais je suis entré en contact avec Mike et j’ai perdu mon bâton. C’est une lecture difficile, un jeu difficile. Mais je dois être meilleur pour l’équipe. »
Relancé à savoir pourquoi il se critiquait autant pour ce jeu qui tenait également de la malchance, Hutson a offert une autre piste.
« J’aurais pu bouger mes pieds plus rapidement vers le milieu de la glace à la place de vouloir rendre la passe du joueur des Leafs plus difficile. Ça fait maintenant partie du passé. Je dois oublier ça. »
St-Louis avait un regard plus posé sur ce jeu déterminant.
« Ça n’arrive pas souvent de voir deux joueurs perdre leur bâton sur la même séquence, a-t-il rappelé. Tu te croises les doigts quand ça survient. Oui, Lane aurait pu y aller d’une lecture différente. C’est facile de dire ça quand tu restes derrière le banc. »
Encore à chaud après un premier match émotif, Hutson a parlé avec une forme de rage au cœur. Et c’est rare de sa part. Le petit numéro 48 a laissé les sentiments l’envahir. Assis à son casier, Montembeault a réagi avec plus de détachement, mais aussi avec l’expérience d’un joueur de 28 ans.
« Si Matheson ne brise pas son bâton à la ligne bleue en territoire offensif, on ne parle jamais de ce jeu, a souligné Montembeault. C’est un mauvais bond. J’ai fait l’arrêt sur l’échappée de Knies, mais je n’ai pas bloqué le tir suivant, celui de Rielly. »
Les Leafs ont ajouté deux buts dans les deux dernières minutes du match pour offrir l’illusion d’une victoire plus facile. Auston Matthews, qui avait une soirée tranquille, et William Nylander ont tour à tour touché la cible dans un filet désert.
Un effort honnête
Pour un premier match, le CH n’avait pas une confrontation facile avec une visite contre les Leafs à Toronto. Malgré la défaite, le Tricolore a offert un rendement honnête.
À cinq contre cinq, le trio de Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky a passé une grande majorité de la rencontre en territoire ennemi. Ils ont chacun terminé avec un dossier de -3, mais cette statistique n’est pas un reflet juste de leur rendement. Ils étaient sur la glace pour les deux buts des Leafs dans un filet désert. Slafkovsky a mené les joueurs des deux équipes avec six tirs. Le Slovaque a obtenu ses chances sans toutefois les terminer.
« À part la première minute de la rencontre, je trouve que nous avons joué notre match, a affirmé St-Louis. Nous avons connu un bon match. C’est dommage de ne pas ramasser de point ce soir. C’est quand même encourageant. »
Le CH aura l’occasion de tourner la page rapidement en affrontant les Red Wings dès jeudi soir à Detroit.


















