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MONTRÉAL - C'est un Andrei Markov nerveux et visiblement ému qui s'est adressé aux médias lors d'une conférence téléphonique, quelques heures après avoir annoncé sa décision de quitter les Canadiens après avoir porté leur uniforme pendant 16 ans.

«Je n'étais même pas aussi nerveux lors de mon mariage», a-t-il dit d'emblée.
Markov n'a pas voulu s'étendre sur les récentes discussions avec l'équipe, préférant porter son regard vers l'avenir. Et cet avenir, c'est la KHL, plus précisément dans sa Russie natale. Le défenseur sait déjà où il jouera l'an prochain, mais le dévoilera lorsque le contrat sera signé.
Après avoir joué 990 matchs avec les Canadiens, le vétéran de 38 ans est triste de quitter cette organisation qu'il a tant aimée. Surtout à 10 parties seulement du significatif plateau des 1000 rencontres. Un fait rare de nos jours, avec la même équipe.
«C'est difficile de ne pas me rendre à 1000 matchs. J'étais clair, je voulais rester avec les Canadiens pour le reste de ma carrière, mais ce n'est pas arrivé. C'est un business et je ne blâme personne. Je suis prêt à aller de l'avant, j'ai hâte à la prochaine étape», a dit le père de quatre enfants, qui ne pouvait attendre à la fin de l'été pour prendre une décision en raison de sa situation familiale.
Markov n'avait pas de plan B dans la Ligue nationale. C'était Montréal ou la KHL.
«Je savais dans mon cœur que je n'allais signer qu'à Montréal. Je ne me voyais pas avec une autre équipe de la LNH. Je ne me voyais pas dans un autre chandail. J'ai une belle relation avec tout le monde dans l'organisation. Mais ça n'a pas fonctionné et les choses sont ainsi, a dit le citoyen canadien depuis 2010.
«Je suis triste de partir, mais c'est la vie et c'est le business. Je comprends. Je me tourne vers les nouvelles opportunités et je suis content d'avoir ma famille à mes côtés. Aujourd'hui est un jour triste, mais demain est un autre jour», a philosophé le deuxième meilleur pointeur de l'histoire de l'équipe chez les défenseurs, à égalité avec Guy Lapointe, avec ses 572 points en carrière.

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La décision de retourner en Russie, là où il a fait ses débuts au hockey, en est aussi une pour des raisons familiales. Markov et sa nouvelle épouse ont une petite fille, Vasilisa, âgée d'un peu plus d'un an, et ils ont également la garde complète des jumeaux Andrei et Mark, nés d'une union précédente, depuis le décès de leur mère peu avant Noël. Markov a également un fils d'une quinzaine d'années, qui joue au hockey en Russie.
«Ç'aurait été difficile pour la famille, pour les enfants de déménager dans une autre ville en Amérique du Nord. Notre décision a été de choisir la Russie pour nous tous, c'est tout», a-t-il dit.
Puisqu'il n'évoluera pas dans la LNH l'an prochain, Markov pourrait représenter son pays aux Jeux olympiques de Pyeongchang, ce qu'il espère faire.
«Ça va dépendre de mon jeu. Si je joue bien et que je mérite de porter les couleurs de la Russie aux Jeux olympiques, je serai heureux. Mais, ce n'est pas ma décision. Tout ce que je peux faire, c'est de jouer mon jeu, faire de mon mieux en espérant que j'y sois», a-t-il dit à ce sujet.
Une fois cet événement passé, pourrait-il revenir terminer sa carrière à Montréal?
«On ne sait jamais. Je ne ferme pas la porte à Montréal et je ne la ferme pas à la LNH. Mais aujourd'hui, je retourne en Russie et je pense que c'est ce qui sera le plus juste pour plusieurs personnes. Je ne me vois pas porter l'uniforme de n'importe quelle autre équipe de la LNH et je suis né en Russie. J'ai commencé à jouer là et je veux y retourner pour offrir mon meilleur jeu», a-t-il répondu.
Car il n'est pas prêt à penser à la retraite. Loin de là.
«Je me sens bien, je suis en bonne forme. Je ne prévois pas me retirer de sitôt, ne vous inquiétez-pas de ça», a mentionné le désormais ancien numéro 79 des Canadiens.
D'ailleurs, Markov a fait allusion à l'entraînement lorsqu'on lui a demandé ce qui allait le plus lui manquer.
«J'imagine que le gym sera vide sans moi à Montréal», a-t-il dit sur le ton mi-blagueur qu'on lui connaît.

Après avoir passé autant d'années au sein d'une organisation, les souvenirs qui y sont rattachés y sont nombreux. Parmi eux, le général russe a nommé le retour de Saku Koivu après avoir combattu son cancer et le match des étoiles qui a eu lieu à Montréal en 2009.
«Chaque match est quelque chose de spécial. Tout est hockey dans la ville de Montréal et les fans sont probablement les meilleurs du hockey. C'était un feeling spécial de sauter sur la glace du Centre Bell, chaque fois, a admis Markov.
«J'ai fièrement porté le chandail des Canadiens au cours des 16 dernières années. Chaque jour, j'ai réalisé ma chance de faire partie d'une si grande organisation. Beaucoup d'histoire a été écrite ici et c'était spécial d'en faire partie. J'ai toujours rêvé de remporter la coupe Stanley et de l'amener à Montréal. Je ne peux même pas imaginer comment je me sentirais. Mais j'imagine que c'est maintenant le temps de passer à autre chose», a dit Markov, avec de l'émotion dans la voix.
Le défenseur a tenu à remercier l'organisation, le propriétaire Geoff Molson et tous les employés de l'équipe avec qui il a eu «le privilège de travailler pendant tant d'années». Mais il a surtout tenu à dire merci aux partisans.
«Je veux remercier tous les fans qui m'ont appuyé pendant 16 ans, les gens qui ont fait que je me suis senti accueilli à Montréal. Je ne l'oublierai jamais. Cette ville sera toujours spéciale pour moi. Je souhaite tout le meilleur aux Canadiens et aux partisans pour l'avenir. Je suis triste de partir, mais je suppose que c'est le temps», a conclu Markov, mettant ainsi le point final à une grande histoire entre une équipe de hockey - mais aussi une ville entière - et lui.